vendredi 24 juillet 2009

Le Ciné de Gabriel déménage et devient le Blogbuster !

Le Blogbuster est nouveau blog pas encore fini mais déjà formidable avec des nouvelles chroniques de Ripley, de Maverick, du cinéma et des milliers d'étoiles. C'est ici !!! (cliquez sur ici)

lundi 20 juillet 2009

Fausta, de Claudia Llosa.

Cancion a la tierra de uno +++

Fausta est l’un des films les plus déprimants de l’année. C’est aussi l’un des plus beaux.
C’est un film qui fonctionne à travers les âges, et qui raconte le viol perpétuel de la terre-mère-indigène sud américaine et le désarroi perpétuel de ses enfants.

Pour raconter tout ça, Claudia Llosa, dont on peine à croire que c'est son deuxième film tant son image est passionnante, nous raconte l'histoire d’une jeune péruvienne, Fausta, à la mort de sa mère.

L’histoire de Fausta et de sa mère c’est l’histoire de l’Amérique latine hispanique. C’est l’histoire du viol originel de la terre, sacrée, par des espagnols, puis par des terroristes, puis par producteurs de pavots avides qui dépeuplent les villages, par des mirages ensuite, celui de la ville où l’on s’entasse en rejouant une parodie de l’american way of life, celui des révolutions non accompagnées de la redistribution de la terre longtemps confisquées par les colons et les multinationales bananières.

La jeune fille souffre du viol de sa mère par des terroristes pendant la grossesse de la mère, traumatisme dont elle croit se souvenir. Elle craint à son tour le viol. Son seul recours est une croyance syncrétique en la terre de son village. Elle doit y coucher sa mère si elle veut que celle-ci s’apaise enfin. L'autre recours est une pomme de terre qu’elle place dans son vagin pour se prémunir d’être violée à son tour.

Fausta peut paraître inculte et réactionnaire. Elle refuse la modernité viciée des bidonvilles où vit sa famille. Point de normalité n’est possible quand le passé ne cesse d’être volé, violé, comme ce chant quechua que lui vole son employeuse, musicienne blanche en mal d’inspiration, qui lui nie son identité en oubliant sans cesse son nom.

Si le mal de Fausta ne s’apaise pas c’est que c’est toute l’identité indigène qui ne se remet pas de ses traumatismes. Fausta est la douleur de l’identité précolombienne, qui ne cesse d’être maltraitée et qui parfois finit par se detester. Pas même sa famille ne reconnaît sa douleur et son besoin d’enterrer sa mère où elle est née, et aucun travail de reconstruction n’est possible si les traumatismes et les souffrances ne sont reconnus et admis. Les indiens eux même creusent des piscines ou la veille ils creusaient des tombes, à même la terre.

Rares sont les films à transmettre une telle souffrance sans misérabilisme, on suit Fausta en plan serrés, et on s’accroche progressivement à sa peine et à ses quêtes improbables, on rase les murs avec elle car les indiens quechuas craignent de voir leur âme enlevée en pleine rue. Rares sont aussi les films aussi beaux, ou une jeune fille mâche une fleur, ou le salut viendra d’un jardinier, et où l’espoir est aussi humble qu’une fleur de pomme de terre. Un immense talent et quelques rares souffles de légèreté le rendent supportable.

vendredi 17 juillet 2009

Public ennemies, de Michael Mann


+ Hold-up raté pour Maverick

Comme je l'ai vu récemment, je ne peux m'empêcher de comparer Public ennemies à Bonnie and Clyde. Deux histoires sur un couple de gangsters amoureux et populaires dans l'Amérique de la crise, ça se justifie. Et malgré tout le respect que je témoigne à Michael Mann, là, il s'est planté.

Planté sur le choix du numérique, si pertinent dans les nuits de Miami ou de Californie, mais tellement pas adapté au jour de Chicago. Ca ressemblerait presque à un film d'école parfois quand la texture de la pellicule rendait le film d'Arthur Penn si beau.

Planté sur le choix de Marion Cotillard et ses yeux de carpe. Mais c'est une habitude chez Michael. Les histoires d'amour n'ont jamais été les parties les plus réussies de ses (excellents) films. Ca quand même dû lui faire bizarre de tomber sur la Môme Cotillard après la sublime Gong Li. Et encore plus de tomber sur la faillite Marion après la Faye Dunaway, puant le sexe en Bonnie.

Planté sur le choix de son héros. Certes, John Edgar Hoover, le méchant du film, était une saloperie dans la vraie vie mais pas assez pour transformer John Dillinger en Robin des Bois. Il volait pour acheter des blousons en fourrure à sa pétasse. Il refusait l'argent des pauvres mais volait celui des banques. Euh, c'est pas pareil, au fait?

Planté sur la fin. J'ai pas vérifié si l'anecdote finale était véridique. Quoiqu'il en soit, elle est toute naze.

Sabordage pour Ripley +

Public ennemies est la confrontation du génie formel de M. Mann et d’une lassitude totale de l’auteur pour son sujet, le cinéma. Ne nous leurrons pas, il ne s’agit pas d’un film de gangsters, mais d’un film sur les figures imposées, contraintes, adorées, honnies du cinéma américain, d'où la pertinence de la comparaison de Maverick.
Tout le film repose sur cette tension entre les deux.

Michael Mann, immense réalisateur s'il en est, se saborde en faisant un film qu'il refuse littéralement de rendre intéressant. Je ne pense pas que le choix du numérique soit un problème. Je pense que c'est comme une déclaration de guerre au cinéma qui ressemble au cinéma. Et je trouve souvent le résultat très réussi, comme quand Christian Bale tremblote en allumant son cigare.

Il n'empêche le film est ennuyeux. Le scénario est d'un classicisme triste. Michael Mann ne se divertit plus au cinéma, et il ne nous divertit plus non plus, il n'a pas l'air d'aller bien du tout. Déception.

L'âge de glace 3, de Carlos Saldanha

++ L'âge du renoncement

Sid fait toujours rire avec ses maladresses, les décors bâclés rappellent toujours qu'on n'est pas chez Pixar et pourtant il y a du nouveau qui rend cet Age de glace un peu moins préhistorique. Car chaque personnage y renonce à quelque chose au nom du principe de réalité. Et après une heure 45, comme dans tout bon dessin animé, les enfants ressortent de la salle avec une conscience un peu plus grande de ce que grandir veut dire.

Sid veut être maman de petits tyrannosaures mais il doit bien se rendre à l'évidence. On ne rend pas végétariens des carnivores. On ne change pas ce qu'on est.
Manny le mammouth se croyait le plus gros animal sur terre mais il fait face à d'immenses dinosaures. Il y a toujours plus fort que soi et on a toujours besoin des autres.
Pendant un temps, Scrat croit pouvoir changer son destin de Coyote des années 2000. Il tombe amoureux d'une petite garce et se lance dans une vie de couple. Mais l'appel du gland reste le plus fort. L'amour vrai gagne à chaque fois.

Diego est fier, dangereux et solitaire. Sauf qu'il vieillit, qu'il s'essouffle et qu'il a peur. L'âge nous rattrape tous. Et finira peut-être par rattraper Buck, incapable d'envisager sa vie sans la mettre en danger quotidiennement face à Rudi, l'horrible dinosaure. Buck, c'est l'ami qu'on a tous. Celui au choix de vie alternatif qu'on envie et qu'on plaint à la fois.