
Faire un film sur le planning familial, c'est comme dire que la guerre tue des enfants, c'est vraiment trop bien moralement. Trop facile ? Je trouve qu'il est difficile de faire un bon film sur la guerre, la Chute du Faucon Noir est un cas rare, surprenant, et efficace. Les cochonneries voyeuristes sont légions. Les deux sujets sont donc deux pièges dangereux, où le scabreux pourrait chercher un public en mal de fascination malsaine.
Claire Simon surmonte l'obstacle. C'est fou comme ce film, basé essentiellement sur des entretiens filmés est sobre et crédible. Les stars s'effacent devant les situations humaines, si diverses qu'elles interdisent toute appréhension moralisatrice. La caméra n'est jamais pesante.
On peine à imaginer, parfois, dans l'embourgeoisement parisien, la grisaille des débats au PS, et la déchéance Balkanisante (comme les Balkany de Levallois, pas comme les Balkans géographiques) de notre société, la détresse immense des femmes de tous horizons, qui tous les jours, par centaine, poussent les portes de planning familiaux. Depuis 1956, la "maternité heureuse" renommé "le planning familial" en 1960 est une superbe exception française. On y aide des femmes, pas seulement. Les femmes ont toujours aujourd'hui besoin d'être aidées en dehors de tout jugement moral, familial, religieux, politique. La faute aux femmes ? Non. Oui. LA société, dont les femmes font partie, n'évolue pas vite, et de nouvelles menaces, comme le sida sont apparues. On oublie parfois (et j'inclus les jeunes femmes dans cette affirmation) à quel point c'est important, l'existence du planning familial, pour la liberté de la femme chèrement acquise, jamais conquise véritablement, encore moins démocratisée, citadelle assiégée par le conservatisme religieux et par la bienséance morale ambiante (bienséance conservatrice qui dépasse à mon sens tous les clivages partisans).
J'ai un grand regret, il n'y avait quasiment que des femmes dans la salle. La lutte continue.