mardi 23 décembre 2008

Le jour où la Terre s'arrêta, de Scott Derrickson

Il y a quelque chose de pourri au royaume du film d'alien --

Voilà un film qui pourrait être passionnant et qui est raté. Le Pitch est génial je trouve. Des aliens décident que les humains sont irresponsables, et surtout incorrigibles, et qu'il vont débarrasser la terre de cette engeance stupide pour la sauver. Les humains réussiront ils à convaincre les aliens qu'ils peuvent changer ?

Sauf que dans ce film rien n'est bien, rien n'est pas une redite de Independance Day ou autre film d'Alien doté d'une certaine fraîcheur à l'époque (1996), effet visuel et scénaristique dans Central Park façon Cloverfield (sans le génie de Cloverfield), bebettes qui grimpent sous la peau façon X files (ça ne nous rajeunit pas).
Tartine de pathos familial supposée nous faire adhérer à la cause des humains irresponsables mais attachants. Sauf que la mine déconfite de Jennifer Connely et les atermoiements pathétiques de Will Smith Jr ne provoquent que l'envie d'en finir le plus vite possible.

Seul le robot géant Alien a fière allure.

lundi 15 décembre 2008

Lola Montes, de Max Ophuls

Sisi au cirque +++

Lola Montes est un film totalement déprimant, qui est en équilibre curieux entre une forme "d'époque Technicolor", jupon et décors de studios de carton pâte, et une violence sociale totale à l'encontre d'un individu sans fortune, sans réseau et de sexe féminin pour couronner le tout.

Lola Montes fait rire dans sa déchéance et il y a foule au cirque pour la voir se repentir, se dévêtir, et faire des acrobaties. Elle même s'est tirée d'une jeunesse minable par des intrigues minables, qui l'ont amenée jusqu'à être la maîtresse de Louis de Bavière. En tant que féministe on peut lui reprocher de s'être "vendue", mais c'est un faut débat. Celle qui est sans classe se vend pour ne pas être vendue par quelqu'un d'autre (en l'occurrence sa mère qui veut lui faire épouser un barbon), et tente ainsi de se ré approprier sa liberté.

Magnifique réflexion sur la rumeur, ou le décorum a toujours la première importance, Lola Montes traite de l'importance des récits, de la construction des mythes, et de leur déconstruction, la courtisane devient la traitresse, et doit fuir le pays comme une paria.
Ophuls montre une femme systématiquement emprisonnée, dans un carrosse, derrière un fenêtre, dans un escalier et qui dit que la captivité est un état permanent dont elle n'a jamais pu se sortir, sans grande compassion.

C'est un beau film.

lundi 8 décembre 2008

Le prix de la Loyauté, de Gavin O'Connor

Donut rassi -

Cher Colin,
Ce n'est pas un critique qui t' écris mais un fan. Un fan, un vrai, un qui va voir tes films quels qu'ils soient. Même "Demande à la poussière" avec Salma Hayek ! Un fan qui te défend quand on te traite de type baraqué décérébré ex cascadeur. Je leur dis moi, que Burt Lancaster a commencé dans un cirque, et que tous les chalands à belle gueule n'auraient pas eu un rôle d'inspecteur dans Minority Report. Je leur dis aussi que tu es superbes dans In Bruges et que tu as tourné, en plus de Spielberg avec Woody Allen, dans le Rêve de Cassandre, ou tu as fait flipper toute la salle.

Jusqu'ici ici le plus dur c'était de défendre Alexandre. Deux options : balancer Nouveau Monde en pleine tronche de mon interlocuteur, mettre dos à dos Terrence Mallik et Oliver Stone, ou accuser le scénario, les studios, la coiffeuse du tournage qui t'en voulait. Bref ce n'était pas de ta faute et comme personne ne l'a vraiment vu en entier, il est aisé de dire au gens qu'ils ont raté la bonne partie du film.

Et puis moi ça m 'a fait rire, au moment de Katrina, alors que tous les acteurs se la jouaient, sac de vivre sur le dos, gros chèques annoncés par communiqués de presse concurrents, quand tu as récolté des fonds en vendant ta vertu auprès de fans aux enchères...

Alors Colin, arrête de faire des mauvais films, de t'évertuer à faire l'irlandais au sang chaud dans des films moyens, comme Le Prix de la Loyauté. Moi j'ai confiance en tes talents d'acteurs. Alors oui, je sais bien, les films de flics ripoux c'est un vrai genre, populaire, risqué, mais follement divertissant quand c'est bien fait. Sauf plus personne ne sait les faire ! N'as tu pas été voir La Loi et L'Ordre ??
Je t'entends déjà me rétorquer que tu ne vas pas tourner tous les jours avec John Voight, immense acteur au demeurant, et Edouard Norton. Sauf qu'ici ils sont aussi atteint que toi par les incohérences du scénario.
Ça me déplait Colin, ça me déplait vraiment, de te voir faire ça. Arrête de faire l'irlandais colérique et bourru, parce que je sais, et tu sais aussi, au fond de ton cœur, que tu sais faire autre chose.

Je te pardonne et t'embrasse, en attendant de nous revoir...

Hunger, de Steeve Mc Queen

Artiste de la faim +++

Pourquoi je n'avais pas envie de voir ce film :
Le pitch ne me plaisait guère : un plasticien reconnu encensé à Cannes, ça sentait l'auto congratulation bobo et élitiste. Le sujet, la blanket protest, me semblait la porte ouverte à tous les pathos les plus glauques. Steeve Mc Queen, dans Les Cahiers du cinéma, se positionnait comme porteur d'un message contre la guerre en Irak...bref un film pour pleurer dans les chaumières avec un risque de voyeurisme accru.

Comment je me suis pris une claque méritée :
Hunger est un grand film à bien des égards et le festival de Cannes a eu raison de le primer. Voici un homme qui filme ces prisonniers immondes de crasse, baignant dans les vers et les excréments, sans se payer le luxe de nous faire adhérer à leur cause. Il met dos à dos la fermeté du gouvernement britannique et le caractère irrationnel de la lute indépendantiste qui se déverse dans la violence abjecte retournée contre soi.

La partie la plus abjecte, finalement n'est pas cette première partie, sur la grève de l'hygiène et le manque de respect de droit de l'homme dont furent victimes les prisonniers irlandais. La partie la plus abjecte est sans doute la deuxième : la grève de la fin de Bobby Sands, ni héros, ni christique. Ici Mc Queen donne plus à voir, plus dur, à peine soutenable par moment. Comme Bobby Sands donne sa vie à sa cause. Un échange de bon procédés en quelques sortes. Mais ce n'est pas choquant car Sands s'est justifié largement du jusqu'au boutisme de son choix.

Mc Queen fait des images incroyables et traduit la violence de manière graphique, avec des zooms sur des visages ensanglantés, avec des écoulements d'urine, de liquide nettoyage pour le sol, de sang. Du coup il instaure une distance nécessaire (vitale ? ) pour supporter tout ça.
C'est un film à voir.