mardi 23 décembre 2008

Le jour où la Terre s'arrêta, de Scott Derrickson

Il y a quelque chose de pourri au royaume du film d'alien --

Voilà un film qui pourrait être passionnant et qui est raté. Le Pitch est génial je trouve. Des aliens décident que les humains sont irresponsables, et surtout incorrigibles, et qu'il vont débarrasser la terre de cette engeance stupide pour la sauver. Les humains réussiront ils à convaincre les aliens qu'ils peuvent changer ?

Sauf que dans ce film rien n'est bien, rien n'est pas une redite de Independance Day ou autre film d'Alien doté d'une certaine fraîcheur à l'époque (1996), effet visuel et scénaristique dans Central Park façon Cloverfield (sans le génie de Cloverfield), bebettes qui grimpent sous la peau façon X files (ça ne nous rajeunit pas).
Tartine de pathos familial supposée nous faire adhérer à la cause des humains irresponsables mais attachants. Sauf que la mine déconfite de Jennifer Connely et les atermoiements pathétiques de Will Smith Jr ne provoquent que l'envie d'en finir le plus vite possible.

Seul le robot géant Alien a fière allure.

lundi 15 décembre 2008

Lola Montes, de Max Ophuls

Sisi au cirque +++

Lola Montes est un film totalement déprimant, qui est en équilibre curieux entre une forme "d'époque Technicolor", jupon et décors de studios de carton pâte, et une violence sociale totale à l'encontre d'un individu sans fortune, sans réseau et de sexe féminin pour couronner le tout.

Lola Montes fait rire dans sa déchéance et il y a foule au cirque pour la voir se repentir, se dévêtir, et faire des acrobaties. Elle même s'est tirée d'une jeunesse minable par des intrigues minables, qui l'ont amenée jusqu'à être la maîtresse de Louis de Bavière. En tant que féministe on peut lui reprocher de s'être "vendue", mais c'est un faut débat. Celle qui est sans classe se vend pour ne pas être vendue par quelqu'un d'autre (en l'occurrence sa mère qui veut lui faire épouser un barbon), et tente ainsi de se ré approprier sa liberté.

Magnifique réflexion sur la rumeur, ou le décorum a toujours la première importance, Lola Montes traite de l'importance des récits, de la construction des mythes, et de leur déconstruction, la courtisane devient la traitresse, et doit fuir le pays comme une paria.
Ophuls montre une femme systématiquement emprisonnée, dans un carrosse, derrière un fenêtre, dans un escalier et qui dit que la captivité est un état permanent dont elle n'a jamais pu se sortir, sans grande compassion.

C'est un beau film.

lundi 8 décembre 2008

Le prix de la Loyauté, de Gavin O'Connor

Donut rassi -

Cher Colin,
Ce n'est pas un critique qui t' écris mais un fan. Un fan, un vrai, un qui va voir tes films quels qu'ils soient. Même "Demande à la poussière" avec Salma Hayek ! Un fan qui te défend quand on te traite de type baraqué décérébré ex cascadeur. Je leur dis moi, que Burt Lancaster a commencé dans un cirque, et que tous les chalands à belle gueule n'auraient pas eu un rôle d'inspecteur dans Minority Report. Je leur dis aussi que tu es superbes dans In Bruges et que tu as tourné, en plus de Spielberg avec Woody Allen, dans le Rêve de Cassandre, ou tu as fait flipper toute la salle.

Jusqu'ici ici le plus dur c'était de défendre Alexandre. Deux options : balancer Nouveau Monde en pleine tronche de mon interlocuteur, mettre dos à dos Terrence Mallik et Oliver Stone, ou accuser le scénario, les studios, la coiffeuse du tournage qui t'en voulait. Bref ce n'était pas de ta faute et comme personne ne l'a vraiment vu en entier, il est aisé de dire au gens qu'ils ont raté la bonne partie du film.

Et puis moi ça m 'a fait rire, au moment de Katrina, alors que tous les acteurs se la jouaient, sac de vivre sur le dos, gros chèques annoncés par communiqués de presse concurrents, quand tu as récolté des fonds en vendant ta vertu auprès de fans aux enchères...

Alors Colin, arrête de faire des mauvais films, de t'évertuer à faire l'irlandais au sang chaud dans des films moyens, comme Le Prix de la Loyauté. Moi j'ai confiance en tes talents d'acteurs. Alors oui, je sais bien, les films de flics ripoux c'est un vrai genre, populaire, risqué, mais follement divertissant quand c'est bien fait. Sauf plus personne ne sait les faire ! N'as tu pas été voir La Loi et L'Ordre ??
Je t'entends déjà me rétorquer que tu ne vas pas tourner tous les jours avec John Voight, immense acteur au demeurant, et Edouard Norton. Sauf qu'ici ils sont aussi atteint que toi par les incohérences du scénario.
Ça me déplait Colin, ça me déplait vraiment, de te voir faire ça. Arrête de faire l'irlandais colérique et bourru, parce que je sais, et tu sais aussi, au fond de ton cœur, que tu sais faire autre chose.

Je te pardonne et t'embrasse, en attendant de nous revoir...

Hunger, de Steeve Mc Queen

Artiste de la faim +++

Pourquoi je n'avais pas envie de voir ce film :
Le pitch ne me plaisait guère : un plasticien reconnu encensé à Cannes, ça sentait l'auto congratulation bobo et élitiste. Le sujet, la blanket protest, me semblait la porte ouverte à tous les pathos les plus glauques. Steeve Mc Queen, dans Les Cahiers du cinéma, se positionnait comme porteur d'un message contre la guerre en Irak...bref un film pour pleurer dans les chaumières avec un risque de voyeurisme accru.

Comment je me suis pris une claque méritée :
Hunger est un grand film à bien des égards et le festival de Cannes a eu raison de le primer. Voici un homme qui filme ces prisonniers immondes de crasse, baignant dans les vers et les excréments, sans se payer le luxe de nous faire adhérer à leur cause. Il met dos à dos la fermeté du gouvernement britannique et le caractère irrationnel de la lute indépendantiste qui se déverse dans la violence abjecte retournée contre soi.

La partie la plus abjecte, finalement n'est pas cette première partie, sur la grève de l'hygiène et le manque de respect de droit de l'homme dont furent victimes les prisonniers irlandais. La partie la plus abjecte est sans doute la deuxième : la grève de la fin de Bobby Sands, ni héros, ni christique. Ici Mc Queen donne plus à voir, plus dur, à peine soutenable par moment. Comme Bobby Sands donne sa vie à sa cause. Un échange de bon procédés en quelques sortes. Mais ce n'est pas choquant car Sands s'est justifié largement du jusqu'au boutisme de son choix.

Mc Queen fait des images incroyables et traduit la violence de manière graphique, avec des zooms sur des visages ensanglantés, avec des écoulements d'urine, de liquide nettoyage pour le sol, de sang. Du coup il instaure une distance nécessaire (vitale ? ) pour supporter tout ça.
C'est un film à voir.

mercredi 26 novembre 2008

Les Bureaux de Dieu, de Claire Simon

Ou sont les hommes ?

Faire un film sur le planning familial, c'est comme dire que la guerre tue des enfants, c'est vraiment trop bien moralement. Trop facile ? Je trouve qu'il est difficile de faire un bon film sur la guerre, la Chute du Faucon Noir est un cas rare, surprenant, et efficace. Les cochonneries voyeuristes sont légions. Les deux sujets sont donc deux pièges dangereux, où le scabreux pourrait chercher un public en mal de fascination malsaine.
Claire Simon surmonte l'obstacle. C'est fou comme ce film, basé essentiellement sur des entretiens filmés est sobre et crédible. Les stars s'effacent devant les situations humaines, si diverses qu'elles interdisent toute appréhension moralisatrice. La caméra n'est jamais pesante.

On peine à imaginer, parfois, dans l'embourgeoisement parisien, la grisaille des débats au PS, et la déchéance Balkanisante (comme les Balkany de Levallois, pas comme les Balkans géographiques) de notre société, la détresse immense des femmes de tous horizons, qui tous les jours, par centaine, poussent les portes de planning familiaux. Depuis 1956, la "maternité heureuse" renommé "le planning familial" en 1960 est une superbe exception française. On y aide des femmes, pas seulement. Les femmes ont toujours aujourd'hui besoin d'être aidées en dehors de tout jugement moral, familial, religieux, politique. La faute aux femmes ? Non. Oui. LA société, dont les femmes font partie, n'évolue pas vite, et de nouvelles menaces, comme le sida sont apparues. On oublie parfois (et j'inclus les jeunes femmes dans cette affirmation) à quel point c'est important, l'existence du planning familial, pour la liberté de la femme chèrement acquise, jamais conquise véritablement, encore moins démocratisée, citadelle assiégée par le conservatisme religieux et par la bienséance morale ambiante (bienséance conservatrice qui dépasse à mon sens tous les clivages partisans).

J'ai un grand regret, il n'y avait quasiment que des femmes dans la salle. La lutte continue.

mardi 25 novembre 2008

L'ennemi public N°1, de Jean-François Richet

Morale et Cinéma ++

L'ennemi public N° 1 est un divertissement moins efficace que l'Instint de mort. Par contre c'est un meilleur film, bien meilleur. La période couverte de la vie de Mesrine est plus courte et plus dense. On est moins dans l'historicité du réalisateur qui veut faire un film d'époque mais qui flippe que ça ressemble à un film d'époque.

Cette deuxième partie est plus intéressante, moins flamboyante. Mesrine est conscient de sa légende et en joue. Par moment il sait que sa situation est précaire, des éclairs de lucidité. Le fatalisme du type qui sait qu'il est comme ça. A partir de là il subit et se débat, et cette partie est bien vue. Interview tapageuse, mais envie de changer, de n'être pas qu'un gangster, comme son pote Besse incarné par Almaric, impeccable. Mesrine aimerait bien donner un sens à ce qu'il est, fréquente l'extrême gauche rapidement mais n'y croit qu'a moitié. La vie de gangster c'est quand même la cavale, les appartements de planque miteux. Mesrine n'est bien que dans son inconscience ou dans des éclats de violence. Le film est moins marrant, moins rythmé, car ça sent le roussi pour ce type qui a toute la police de France, et une partie de l'armée, après lui.

La polémique sur la starification je ne la comprends pas bien. Oui Mesrine est abattu comme un chien. Ce n'est quand même pas lui qui a découvert qu'il y avait des flics véreux. S'il continue de terroriser les flics, la fin de sa vie est un suite médiocre et logique à laquelle il ne peut rien faire, prisonnier de lui même et d'une société qu'il n'aura pas faite bouger, à peine l'aura t il amusée un moment. A cet égard Richet est assez fidèle aux interview du vrai Mesrine qui se présente comme un produit naturel de la société, une émolution prévisible.

Là ou Richet est moins bon c'est qu'il n'assume pas totalement ce choix. Il se fait plaisir avec une scène clippée ou Mesrine claque ses billets, façon film de gangster hollywoodien, musique à fond, une scène finale trop longue et assez prétentieuse. Autre problème sur Gérard Lanvin en révolutionnaire avec accent pas juste, postiche voyant. Bref c'est un peu brouillon.

Pour une fois que le tiraillement est du côté du cinéaste...Ça reste un film pas mal, schizophréniquement perdu entre panache et sobriété, entre morale et admiration, avec l'envie de réalisme et le cinéma à grand spectacle plein la tête, dont il est si difficile de se départir. Avec un grand Vincent Cassel.

lundi 17 novembre 2008

Vilaine, de Jean Patrick Benes et Alain Mauduit


Amélie Poulain à veuzoul +

Vilaine part d'une idée que j'aime assez : la rébellion des gentils. Et détruit un lieu commun qui veut que les moches soient obligés d'être gentils car ils n'ont que ça pour se faire aimer. Mélanie/Vilaine se rebelle et fout la merde dans sa petite urbanisation de ploucs et de bourgeois locaux. Pour être honnête, j'ai bien rigolé. Marilou Berry se donne et ça se voit. Il y a quelques problèmes de rythme, mais l'ensemble est drôle.
Sauf que ça ne va pas assez loin à mon goût. Ou est-ce le placement produit qui intervient toutes les 6 minutes qui me laisse penser que le film se veut trop "familial" pour faire le tour de la passionnante question qui le sous tend ?
Ce qui est vraiment bizarre c'est que grâce à la SPA, il y a eu du buzz lié à un cas de maltraitance animalière. Moi je trouve que les animaux sont les seuls à récupérer la monnaie de leur pièce. Contrairement aux gens qui sont mollement punis. Et le jeune laideron est beaucoup trop fleur bleue pour porter une vraie rébellion. Pas assez Trash donc.

vendredi 14 novembre 2008

L'étrange histoire de Benjamin Button, de David Fincher


C'est une nouvelle de F.S. Fitzgerald, une de mes nouvelles préférées. Il va falloir être patient. Mais c'est de la bande annonce qui fait rêver...

Mesrine, l'Instint de mort, de Jean-François Richet

Prison Break ++

J'avais peur d'aller voir Mesrine. J'ai confiance en Vincent Cassel pourtant. Ah Vincent Cassel... Explosant de méchanceté et de justesse en pervers incestueux dans le pourtant mauvais Pacte des Loups, de la Haine aux les Promesses de l'ombre...Vincent Cassel est l'acteur d'une dangerosité latente. A ce titre, il est assez singulier en France. En plus il est beau, fort et bon acteur, ce qui n'est guère répandu chez nous non plus.

Sauf que la peur était bien présente. Encore un Biopic sur la France d'avant. Je me méfie des Biopic nostalgiques, du "c'était mieux avant", des meilleures stars "La Môme", des meilleurs comiques "Coluche", des meilleurs hommes politiques "Le promeneur du Champs de Mars". Qui sait, de meilleurs malfrats ? Tout ceci est un peu réac à mon goût pourtant conservateur.

La période couverte par Richet est plus importante que dans le 2ème opus, du coup, il s'emploie à grand renfort de costumes et clin d'oeil à bien bien nous signifier où et quand on est, un peu trop par moment.

Une fois qu'on a dit ça, le film est bien. On ne s'ennuie pas une seconde. Richet est un marxiste dit on, mais il gère bien le divertissement, la tension, le caractère "show off" de Mesrine, du banditisme à la française. L'évasion de la prison Canadienne cartonne. Et Mesrine revient, parce qu'il l'avait promis, avec une voiture et un compère, essayer de libérer les autres.

Plutôt un bon polar français, rien d'autre. Et on a envie de voir la suite.

lundi 3 novembre 2008

HellBoy II, the Golden Army, de Guillermo del Toro.

La rébellion des Freaks ++

Hellboy II est un super film du dimanche soir. Mais pas seulement.

Guillermo del Toro est un grand réalisateur à l'imaginaire sans borne. Rien n'est plus intéressant que les digressions vers les mondes fantastiques. Les récits filmés, en animation, sont juste des moments de poésie intense et complètement dépaysante, de même que le marché des Trolls, le géant de la forêt ou l'idée que pour terroriser une vilaine trollesse, l'arme indispensable est ...un canari. Il est si plaisant de voir un réalisateur ultra créatif s'amuser avec les moyens pour le faire que l'ensemble est rafraichissant, bien rythmé et assez drôle.

Concernant le reste, del Toro fait 2 tours de force en un. Il délivre un message passablement subversif sans être lourd dans un très bon film du dimanche soir. En effet, Red (hellboy), jouit d'un statut assez particulier chez les super héros. Issu d'une faille vers l'enfer, il bosse pour la CIA contre les méchants. Pour autant c'est un grossier personnage, casse cou, partisan de la manière forte bien que sympathique et un peu beauf. Sauf que quelque chose ne va plus chez les gentils, qui ne tolèrent HellBoy et ses amis les bizarroïdes que lorsqu'ils ont besoin de lui pour sauver le monde. Du coup, il y a bien des affinités idéologiques entre les freaks de la CIA et les elfes rebelles qui ont décidés de détruire les humains en vertu de leur incapacité à se gérer correctement, eux et le monde.
Cette fois ci l'humanité survivra mais le questionnement est distillé. A quoi bon sauver l'humanité ? Comme dans Le Labyrinthe de Pan, del Toro pose un regard extrêmement cynique sur la race humaine (par rapport aux Elfes et à toutes ses créatures imaginaires) , pour interroger la notion d'humanité. C'est un peu la fonction du personnage du robot incarné par Winona Ryder dans l'Alien de Jeunet. Le clone de Ripley, quand à lui, nous dit que la race humaine ne mérite pas d'être sauvée, le titre original Alien : Resurection, prend tout son sens ici.

Chez del Toro c'est la création qui sauve la cause. Cynique et joli donc, avec un note d'espoir car Hellboy II rejoint Hellboy dans l'idée que chacun peut changer son destin.

dimanche 2 novembre 2008

Quantum of Solace, de Marc Forster

Try to remember -


Ça commence par une poursuite en voiture. La caméra est très basse, on se croirait accroché au pare choc. L'Aston Martin s'en prend plein la carrosserie. La musique ne commence qu'à la sortie du tunnel. Bingo, on est dedans, ça va incroyablement vite, c'est prenant. Je viens de raconter l'une des deux bonnes scènes du film. L'autre se passe dans un opéra.
Un fois qu'on a dit ça, c'est assez dommage : Daniel Craig et Matthieu Almaric et la dame de la pub Carte Noire se donnent un mal de chien pour nous faire croire que l'heure est grave. Je pense que Daniel Craig peut faire un bon James Bond, même sans Q et sans l'humour naturel qui caractérisait ses prédécesseurs. A cela plusieurs raisons : il est incroyablement sexy, se bat comme un diable et il a cette pointe de vulgarité dans le regard qui rejoint furieusement ma première raison.

Pour autant le scénario est bancale. L'interférence désormais systématique entre la vie privée de Bond mais aussi d'autres protagonistes et l'intrigue principale alourdissent le films de dialogues pénibles (M fait des conf Call en peignoir dans sa salle de bain ! Ou va-t-on ?). C'est filmé d'une manière assez bizarre. A la fois très attendue, et très convenue, car hormis les deux scènes citées plus haut, c'est un joyeux bordèle. Scène d'action en bateau et en avion impossible à suivre, poursuite sur les toits de Sienne bâclées (ah la scène des favelas de Hulk...).

Foster cherche le rythme de La vengeance dans la peau, sans succès. Curieusement le film n'a de souffle que quand la caméra essaie de se faire discrète. Voilà. J'épargne à mes rares lecteurs 10 lignes de digressions sur Daniel Craig porte bien le pull. Daniel est très beau quand il est tout crade. Cela reste malheureusement l'un des seuls intérêts du films. Un agacement certain est ce qui restera à ceux qui sont insensibles au charme de Daniel Craig, car la confrontation entre la débauche de moyens et l'ennui global de la chose est terrifiante.

Je me suis posé la question suivante : pourquoi Mathieu Almaric est il si mal habillé ? Le Chiffre quand à lui était plutôt élégant. Je lance donc une investigation sur le look des méchants dans James Bond dont j'espère livrer rapidement de passionnantes conclusions.

lundi 27 octobre 2008

Dans notre série "La pub graveleuse est un créneau en pleine expansion"

Tonnerre sous les tropiques, de Ben Stiller

énorme +++

Une salle hilare, des acteurs déchainés, un scénario gigantesque et un regard cynique et tendre sur l'industrie du cinéma !

Ben Stiller est au cinéma américain ce que Charlton Heston et Jean Marais sont aux vacances de Noël. Indispensable ! Une nouvelle fois, l'industrie américaine du cinéma fait ici la preuve éclatante de sa supériorité, grâce à une capacité à l'auto dérision et à un refus du politiquement correct impensable en Europe.

Stiller casse le rythme d'entrée : Fausse pub correspondant à un faux placement produit dans le films, 3 fausses bandes annonces présentent les acteurs du film. Car en plus c'est un film dans le film, un sujet que j'adore. Une superproduction américaine lamentable sur une mauvaise histoire du Vietnam. Devant la nullité du film et la pression du producteur, le réalisateur décide de lâcher ses acteurs dans la nature et ils vont tomber sur des vrais trafiquants de drogues.

Ben Stiller n'épargne personne, le producteur ignoble (Harvey Weinstein fait de poils et de vulgarité remarquablement incarné par Tom Cruise), acteurs mégalomanes, agent obsessionnel et névrosé, star cocaïnée, petit milieu malsain, dérives marketing indécentes, fabrication de films sans originalité à la chaîne, manipulation d'acteurs stupide entre eux, d'acteurs par les studios. Hollywood dans sa bêtise la plus crasse, ses bons sentiments surannés, jusqu'au consultant vétéran du Vietnam bidon.

De tout ça il fait un divertissement gigantesque. Robert Downey Jr et jack Black sont au top de leur forme, et c'est peu dire. Les gags s'enchaînent et ne se ressemblent pas dans cet univers basés sur tous les poncifs du cinéma poubelle qui nous est pourtant si familier. On se marre du début à la fin.

Et puis Ben Stiller est très fort car il est aussi plein de tendresse pour le cinéma, et pour sa dimension divertissement pur et dur. Car les acteurs sont tous des grands admirateurs de l'émotion au cinéma dans ce qu'elle a de gratuite et d'humaine. La scène ou Ben Stiller -Tugg Speddman, perdu dans la forêt, regarde sur son i pod un épisode Star Treck, captivé par le combat entre le capitaine Kirk et un monstre de carton pâte dit toute cette innocence que le cinéma de divertissement vient chercher en nous. Et son besoin de fraîcheur et de renouvellement permanent.

C'est ce que fait Ben Stiller ici avec talent, avec quelques scènes d'anthologie autour de "Simple Jack" et des discussions entre R. Downey Jr et Stiller au sujet de ce qui permet, ou pas, de gagner un oscar quand on interprète un simple d'esprit, surréaliste mais jouissif.

lundi 20 octobre 2008

De la Guerre, de Bertrand Bonello


Un plan sur un escargot +

Moi j'aime beaucoup Mathieu Almaric. Ça tombe bien il porte (sauve?) le film. De la Guerre est un film extrêmement compliqué ou tout peut être interprété, disséqué. Rien n'est simple et toute est symbolique, ultra référencé, et on peut dire que Mathieu Almaric a le mérite de ramener un peu de chair dans tout ça, un peu de mal être brulant, de bouillonnement, face à une tentative cinématographique très intellectuelle d'expliquer le mal être occidental. C'est drôlement bizarre pour un film qui parle de la reconquête des sensations. C'est ce qui m'a principalement gênée, je crois que cela handicape le spectateur en l'excluant du film. C'est dommage.

lundi 13 octobre 2008

La Loi et l'Ordre, de Jon Avnet


Le colonel moutarde dans la bibliothèque avec le chandelier -

Sur le principe un film avec Al Pacino et Robert De Niro est un film à aller voir. Ils le savent et ils se donnent les vieux. De Niro éructe "Who the fuck does he think he is !" 21 fois dans la même scène, Pacino joue aux échecs, porte beau le cuir et les rides qui n'entament pas son magnétisme légendaire. On sentirait presque l'odeur de hotdog que les flics mangent en planque dans leur bagnole.
Mais tout ces efforts sont vains.
Parce que le scénario est bancale (on peut deviner qui est l'assassin à la 3 e minute du film). Parce que les situations sont grotesques et les flics trop caricaturaux. Parce que le débat moral sur les limites de la justice ne pose aucun élément de débat. Il y a eu plus de suspense dans ma dernière partie de Cluedo.



Blindness, de Fernando Meirelles

Circulez y 'a rien à voir ! - -

Déception. Parce qu'on doit à Meirelles "the constant gardener"(on retrouve d'ailleurs ici une interrogation stérile sur le couple) . Parce que Julian Moore et Mark Ruffalo sont des putains de bons acteurs qui mettent ici leur talent au service d'un scénario vaseux et d'une mise en scène voyeuriste. Ce qui fait beaucoup.
Encore un film sur une "grande catastrophe". Je ne pense pas que ce soit un problème. C'est une interrogation majeure de l'après 11 septembre. Le mal massif, le déliquescence de la société pour des raisons plus ou moins claires. Cela a nourrit des films de qualité, Cloverfield, Je suis une légende, 28 semaines plus tard sont des illustrations talentueuses de cette grande peur qui fait ressortit les instincts les plus bas de l'être humain.
Ici épidémie de cécité, internement en quarantaine des premiers contaminés. La survie s'organise grâce à la femme courageuse qui a suivit son mari, comme dans SHOAH ou l'épouse non juive suit son mari à Treblinka.
A partir de là l'image de la représentation de camps ne nous quitte plus. Les corps errants nus et sales. La déshumanisation, plus de prénoms, ni de noms, des numéros d'arrivants. Des kapos improvisés dans cette quarantaine qui prennent les bijoux contre la nourriture, puis les femmes.

D'abord tout ceci est très bizarre, car la femme qui voit dispose d'un tel avantage sur ses congénères qu'il est difficile d'imaginer qu'elle subisse ce qu'elle subit et surtout le laisse subir aux autres. C'est comme si l'humanité était divisée entre des moutons et des bourreaux. La pseudo supériorité des martyrs ne me convint pas. Les martyrs tirent une supériorité morale de tout ce qu'ils endurent, et l'oublient un fois sauvés. Dans une douche entre filles filmée comme une pub Obao, viols, humiliation et faims sont oubliés...Chacun sait que les univers concentrationnaires ne laissent pas de séquelles. Bref c'est lamentable à tout point de vues.

lundi 6 octobre 2008

Braquage à l'anglaise, de Roger Donaldson

En avoir ou pas (des cheveux) -

Voici un film qui avait tout pour être un bon divertissement, soit une histoire de braquage de banque par des petits escrocs amateurs manipulés par le MI5 dans les années 70 à Londres.
Avec un imaginaire existant plutôt divertissant (Snatch, Arnaque, Crimes et Botanique). Et puis les histoires de casse, c'est sympathique, ça tire le chaland de son quotidien et s'imagine en Robin des Bois d'un week-end. En plus ici, il s'agit de braquer la banque des riches et des malfrats, c'est donc presque un projet humanitaire auquel on adhèrerait avec aisance.

Sauf que rien ne fonctionne. Car Donaldson a un gros problème de rythme. Il veut poser ses personnages, mais ceux-ci ne sont guère intéressants, ni sympathiques. Donc 25 minutes qui ne servent pas à grand chose, façon téléfilm anglais. Ensuite on rentre dans le vif du sujet et tout est à l image de cette bande de braqueurs qui fait la sieste avant de finir le casse (!!!!!!!!!!!) : à côté de la plaque. Jason Statham se débat sans cheveux et sans panache entre le leadership de la bande qui y croit à moitié, doute, ne donne que la moitié des infos, et ses déboires sentimentaux qui cannibalisent le film. Les personnages sont tous trop caricaturaux, et l'hommage à Joe Pesci tourne au Guignol. Le manque de légèreté culmine quand Statham, sans doute pris de remords par la mollesse du film, décroche un brique d'un mur et se transforme 1, 30 min en super héros.
Bref c'est la loose.

vendredi 3 octobre 2008

Eldorado, de Bouli Lanners

Dépression Belge +++

J'ai vu ce film il y a déjà quelques semaines mais j'avais envie d'en parler car c'est typiquement un film auquel on repense de temps à autre. C'est un road movie de pauvres, triste, un peu loufoque et très bien filmé.
Un type paumé accompagne chez ses parents un jeune drogué qui a essayé de le cambrioler. Le belge est sensible : ainsi, on se préoccupe du jeune junkie, on a un peu envie qu'il aille mieux, sa douleur est touchante, et la relation entre les hommes, pleine de précaution laisse croire à une solidarité des paumés.
Le belge est aussi réaliste : l'intention des hommes est toujours belle, comme cette très belle scène dans le potager de la mère, mais la réalité est à peu près aussi grise que le ciel de la Belgique filmé par Lanners qui donnerait envie à Bozzo le Clown de se jeter sous un train; ses travelling sont tristes, son ciel est bas et écrasant. Le belge enfin est absurde, comme nous, comme les personnages, qui nous posons des questions sans intérêt, vivons de bref moments colorés qui nous sortent un peu de nous même pour retourner à notre grisaille. Curieusement ce sont les situations les plus absurdes, qui invitent à la philosophie, qui rendent le tout supportable.

mercredi 24 septembre 2008

Parlez-moi de la pluie, d'Agnès Jaoui

Éclaircie dans le cinéma français ? +

Agnès Jaoui a un talent dingue. Avec Jean-Pierre Bacri, co-scénariste elle pose toujours un doigt juste, fin et cinglant sur les déliquescences sociales française, bourgeoises, intellectuelles, et humaines.
Ici encore, c'est drôlement bien vu. Un mauvais caméraman sur le retour (Bacri), extraordinaire looser, aidé d'un jeune standardiste d'hôtel (Jamel) fait un documentaire sur une "femme qui a réussit" en la personne d'une intellectuelle parisienne féministe qui revient dans sa circonscription parachutée pour une élection. Bacri couche avec la sœur de l'intellectuelle, faible et égocentrique, et Jamel-Karim est le fils de la bonne algérienne de la famille.

La première heure est vraiment bien.

J'ai beaucoup aimé le personnage d'Agathe Villanova-Agnès Jaoui, féministe aux prises avec son mode vie, ses convictions face à deux apprentis réalisateurs très modérément compétents, qui mélangent documentaire et règlement de compte. Aux prises avec une sœur aussi dépendante de ses schémas familiaux et psychologiques qu'elle ne l'est pas. Drôlement attachante car fragile, et subissant tout le film durant l'ensemble des préjugés existant à l'encontre d'une femme indépendante qui se revendique comme féministe. C'est assez fort de réussir à raconter avec humour la dureté et la bêtise de notre société.
Même topo pour le cas Jamel, qu'on découvre acteur, jeune homme plein de rêves, enfin sorti de ses tics télévisuels, mais coincé car fils d'immigré, dans la difficulté d'être un individu à part entière quand on est le fils de la bonne. Une scène de déjeuner familial, avec la sœur, le mari, l'amant, et l'apprenti réalisateur rappelle les notables de province de Kechiche dans la Graine et le Mulet. Comme quoi Jaoui peut taper sur autre chose que les intellectuels et les bourges (ou les intellos bourges). Même si elle le fait toujours avec éclat et humour, au travers de son propre personnage par exemple.
C'est donc un film de très beaux moments, de personnages très attachants, notamment le Michel de Bacri. Un peu trop à mon goût. J'en suis ressortie avec le même arrière goût amer qu'après avoir terminé Acide Citrique d'Amélie Nothomb (un titre mensonger). Je me suis dit que tout ceci était devenu bien gentillet à la fin. Deux lesbiennes sauvées par l'amour dans un camp de concentration ça m'avait fait pâlir de niaiserie. Ici c'est moins sauvage, plus en nuance; cela ira mieux pour certains, grâce à la tendresse des leurs. Un peu trop facile, un peu trop joli. D'autant que le scénario a un problème de rythme qui fait que l'on s'égare un peu sur la deuxième moitié qui enchaîne trop vite, et ne laisse plus aux personnages le temps d'exister. Il est trop tôt temps de résoudre les intrigues, c'est dommage. Statu quo donc dans le ciel du cinéma français qui peut être bien.


mardi 23 septembre 2008

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, Paul Newman (1973).


Le pouvoir des fleurs ++++

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites
est un film magnifique.
Les incultes comme moi y découvrent que Paul Newman est donc, aussi, un grand réalisateur. Les très grands incultes, comme moi, y redécouvrent un cinéma américain passionnant. Un cinéma de la crise, trop humain pour être politique, trop poétique pour se targuer de réalisme.

C'est l'histoire d'une veuve qui s'occupe mal de ses deux filles dans une banlieue triste. Qui se monte la tête toute seule sur de mauvais projets mais ne fait jamais rien. La souffrance vient de la distorsion immense entre son quotidien misérable et ce qu'elle aimerait paraitre. Car elle est passée à côté de la réussite sociale et de la normalité familiale (le mari l'ayant largué avant de mourir).
Le film est construit sur cette fêlure, et sur l'incapacité de certains à cadrer dans le rêve américain au sens large. On pense parfois à un Fassbinder de banlieue américaine. De part sa violence sociale mais aussi familiale, à travers les rapports de la mère avec son aînée épileptique et pimbêche, aussi secouée du bulbe que la mère, et en quête de normalité. A travers l'abandon et la méchanceté dans laquelle la cadette est confinée, scientifique rêveuse.

Il faut dire que c'est un film remarquablement interprété. Joanne Woodward y incarne la déchéance pas digne, sur cette limite tenue entre la faiblesse et la folie, un peu Nana, un peu Virginia Woolf, elle ne se convint même plus elle même de ses propres mensonges.
Dans une société ou tout est bancale, le couple, la famille, le travail, la maison des 3 femmes, les combines de survie, seuls les rayons gamma ont de l'effet sur les marguerites qu'étudie l'adolescente. Eux seuls offrent le possibilité d'un changement.
Le reste est enrayé. Et Newman filme l'étau de la vie qui n'avance pas avec une grande humanité, inséré dans cette famille qui est la sienne dans la vraie vie.
La progression diffuse et contrecarrée de l'enfant dans ses travaux sur ses semences de fleurs exposées plus ou moins longtemps offre un éclairage curieux sur la dangerosité de l'exposition à la vie, définitivement hasardeuse.
Et comme il y a trop de finesse chez Newman pour qu'on en sorte déprimé, on en sort juste exposé.

lundi 22 septembre 2008

Mamma Mia ! de Phyllida Loid

Thank you for the music ++

"T'as passé un bon moment ou pas !".

jeudi 11 septembre 2008

Cafe de los maestros, de Miguel Kohan

La musique adoucit-elle les mœurs ? Premier documentaire SM. --

Café de los Maestros
est un superbe projet. Un Buena Vista Social Club argentin, qui veut capturer ces vieux musiciens et chanteurs, talentueux et merveilleux, pour la postérité. Adherer à ce type de projets, c'est un peu comme dire que la guerre c'est mal, ça met tout le monde d'accord. Le tango aussi, ça met tout le monde d'accord. Le tango c'est la science du frisson, le langage des sens et des sentiments, bref, c'est un sujet magnifique.

Alors j'en veux à Miguel Kohan, et j'en veux à Walter Salles d'avoir gâché un tel projet. Il faut être clair, Café de los Maestros est un film d'une faiblesse scénaristique, rythmique et esthétique qui ferait passer le projet de fin d'année de la classe de terminale B de Villebon-sur-Yvette pour Shine a Light de Scorcese.
Le film est une lutte sans merci entre des morceaux passionnants d'interviews, de séances d'enregistrements, de concerts d'un côte et de l'autre, la volonté du réalisateur de raconter une histoire qui se raconterait toute seule, celle de l'Argentine du Tango et de ses aficionados.
C'est bizarre car Kohan semble mal à l'aise avec son sujet. Chaque fois qu'une interview devient saisissante, il coupe et met des plans de ponts dans Buenos Aires, de foules anonymes, de gens qui marchent dans la rue, parfois en accéléré, parfois au ralenti. Il veut dire que le Tango est un art populaire, comme le battement de cœur d'un peuple, et c'est un échec total. Les coupure sont systématiques, et les changements de rythmes improbables, des travelling et des ralentis inutiles viennent interrompre des moments de vie, dans un studio, dans un café, et assassinent doucement et surement les trésors sur les bandes de Kohan. A force de vouloir ancrer son sujet dans la modernité, il émascule les témoins, et fait un mauvais clip.

Une nouvelle idée sur la subjectivité cinématographique. Celle d'un nouveau rapport entre le spectateur et le film, ou le spectateur se bat pour voler les visages ridés déformés par le chant, magnifiques. On se passionne pour le maestro critiquant un arrangement, et on approuve le ton et la demande comme si on faisait partie de l'orchestre. Avant d'être éjecté avec violence. Bref, Kohan créé un rapport SM avec qui voudra bien aller voir son film, pour l'amour du Tango, la curiosité musicale, ou tout autre raison. N'étant pas SM, j'ai passé un salle moment. Impression de voler des trésors, dont je ne verrai jamais que la minuscule partie émergée; impression de se faire couper, limiter et frustrer systématiquement dans son plaisir, ce qui n'est pas exactement ma vision du cinéma, ni du tango.


mercredi 10 septembre 2008

Shitz, de Hanokh Levin.

Artistes de la faim ++

Hier j'ai été voir Shitz. J'avais très peur du côté "comédie musicale" mais grâce au talent du compositeur (Philippe Miller) et à la qualité de l'interprétation, j'ai pu passer outre le traumatisme causé par Hair Spray. C'est du théâtre à mi chemin entre du cabaret Yiddish et du Genet, aussi bizarre que cela puisse paraître. Car on ne parle ici, avec un certain humour, que de la glauquitude de la nature humaine. C'est chouette.

Mise en scène : Cécile Backès

mercredi 3 septembre 2008

Star Wars : The Clone Wars, de Dave Filoni

Ce n'est que pour les enfants !!! +

The Clone Wars est un super film pour enfant. Et pour les ados attardés de la Saga, c'est bien sur toujours un plaisir et une frustration (pourquoi ne voit on pas plus Yoda ? Ou est le général Grievious ? ). Une fois qu'on a dit cela, c'est une animation réussie en terme de personnages, la technique permet un vitesse des combats qui est très plaisante. De très belles scènes de combats de rue avec le général Kenobi (toujours aussi classe dans sa version dessin animé) et le Général Skywalker (toujours aussi tête de c.. il va finir par mal tourner celui-là). Comme c'est un film pour enfant, le côté sombre (sans mauvais jeu de mots) des épisodes 1, 2 et 3 est gommé. Comme c'est un film pour enfants, d'autres thématiques assez pertinentes sont abordées, le rapport à l'autorité, l'humilité que nécessite l'apprentissage, la solidarité des Jedi et des clones (l'esprit d'équipe), la nécessité de protéger les plus faibles envers et contre tout. La terrible menace de l'empire se met quand même en place, et la tension se resserre autour d'Anakyn, décidément.

Il y a beaucoup de blagues aussi, dont certaines récurrentes (entre les droïdes), ça m'a un peu gêné sur la quantité, mais ce n'est pas éloigné du comique des épisodes 4, 5 et 6. C'est parfois bon d'être un enfant même si le tout est très bavard.
On peut ensuite se poser légitimement la question de l'épisode dans la saga. Rejeton ? Produit dérivé ? Vulgarisation ? Je dis joli film pour enfants et élégante prouesse technique. Je remarque quand même dans la salle l'effet Star Wars, à savoir des grands qui ne se connaissent pas et qui se parlent quand la lumière se rallume pour échanger commentaires et analyses, pas de doute, c'est un Star Wars.

mercredi 27 août 2008

Gomorra, de Matteo Garrone

L'enfer de Dante (2) ++++

Gomorra est un film drôlement audacieux, et sans doute l'un des meilleurs films de l'année. Il confirme en tout cas un cinéma italien d'un niveau qui supporte peu de comparaisons en Europe.
C'est un film déprimant qui raconte comment le mal se répand en tâche d'huile dans une région contrôlée par la mafia napolitaine, la Camorra.
A voir ces caïds cul terreux et beaufs, on est obligé de s'interroger. A quoi cela sert il d'être mafieux ? Scarface et le parrain n'existent pas, ou seulement dans la tête de deux ados.
Garrone suit quelques personnages, liés de prêt ou de loin à la mafia. Car dans cette région filmée comme l'enfer de Dante, tout est lié à la Camorra. C'est un film ultra réaliste, avec des gens moches et pauvres, inconscients, ou la nature humaine est surexposée. 90 % des protagonistes tournent mal. C'est aussi la direction artistique de l'année. Avec des travelling qui mettent mal à l 'aise, qui donnent le vertige, dans une décharge illégale, autour d'une cité gérée par la Camorra.
Telle Gomorrhe, ici rien est à sauver, ou presque. Garrone joue tout du long à l'inadaptation des êtres vivants aux formes géométriques industrielles d'une monde perverti. Dans cette peinture naturaliste, les gens sont comme des insectes; ils ont des instincts contradictoires, des valeurs qui échappent au bon sens. Et la vie vaut très peu.
On voit beaucoup d'argent dans Gomorra, des liasses qui fluidifient le lien social dans une région abandonnée par les lois de la société. Et il devient angoissant de constater que l'ordre de la Camorra est une organisation sadique de la loi du plus fort pour le profit de quelques uns, et qu'ici, elle est un paradigme, celui qui éduque hommes, femmes et enfants.
La très grande force de Gomorra est de confronter le regard calme du narrateur, qui raconte avec une patience anthropologique, à ce monde tension et de fébrilité permanente.
Un superbe film.

lundi 25 août 2008

dimanche 24 août 2008

Babylon A D, de Mathieu Kassovitz

Drame - - -

J'ai beau chercher, le seul point positif de Babylon A D, c'est qu'il donne envie de revoir le très beau Children of man d'Alfonso Cuaron. Rien à sauver.

jeudi 21 août 2008

L'enfant loup !



Un myspace pour changer : L'Enfant Loup ! http://www.myspace.com/enfantloup

La bonne nouvelle, c'est que le concept album existe toujours.
Bien sûr on ne l'écoute pas en entier sur internet, mais on en écoute une partie. C'est le cas de ce L'enfant Loup. Il y a pléthores de bonnes raisons de s'y intéresser.

D'abord c'est original, dans la composition et dans l'orchestration. Les gens qui ont le Genesis de 70 en tête, Wind and Wuthering, par exemple, Marquee Moon, tout ça et bien d'autres choses, n'y seront pas indifférents.

Ensuite c'est un thème intéressant, avec un être humain extérieur à la communauté. Il aborde la question de l'animalité et aussi de la place de l'instinct dans la communauté. C'est donc une mine de sujets passionnants.

Enfin n'est il pas merveilleux de découvrir un grand talent avant tout le monde ?

http://www.myspace.com/enfantloup

mercredi 20 août 2008

Tout feu tout femme ?

Ce soir, la flamme olympique, c'est moi !

Mais que fait la police ?
Deux campagnes, l'une print, pour la marque de Lingerie Barbara, l'autre TV, pour la bûche ramoneuse...
Voici deux exemples de mauvais goût absolu baignant dans le machisme le plus primaire. Pour la bûche ramoneuse, je me pose la question d'un énième degré, façon pub des Nuls. Mais le site de l'annonceur ne semble pas s'embarrasser d'un quelconque second degré.
Peu de réactions suscitées par ces deux campagnes, dans la profession d'une part, mais aussi dans 'l'opinion public". Alors je sais bien, il y a la guerre en Ossétie et les JO. Il n'empêche la tolérance dont jouissent ces deux campagnes est un symptôme de beaufisation.


Je pense quand même que c'est du second degré, en tout cas en conception. Auquel cas c'est assez génial.

jeudi 14 août 2008

The Dark Knight, de Christopher Nolan



La loi du jour, le droit de l'ombre ++++

C'est dans des cas comme The Dark Night que les typologies diverses sur les genres cinématographiques s'effondrent. The Dark Night n'est en effet pas classable. C'est un block buster, un film brillant de part le degré de réflexion auquel il invite le spectateur, un fable civilisationnelle et un œuvre catharsique de premier ordre.
Tel Fight Club, The Dark Night est un état des lieux abrupt de l'Etat de la conscience occidentale, et il est fort à parier que le film deviendra aussi culte. Comme Fight Club, le film repousse deux fronts, des limites esthétiques d'abord avec des images à couper le souffle, où le jour n'est jamais que l'inquiétant début de la nuit, ou Chicago est oppressante. Des limites rythmiques ensuite, avec un scénario d'une précision extraordinaire, qui gère une tension permanente, une volonté que tous soient dans toutes les situations (avec des écrans qui informent en permanence l'ensemble de protagonistes). Bref Nolan concentre le lieu, l'espace et le temps pour 2 h 27.

The Dark Night c'est aussi la fin du super héros, et du film de super héros. C'est le retour à la tragédie, ou le personnage du chevalier, et celui du fou prennent tout leur sens. L'interprétation de ce film est incroyable, parce que tous les acteurs vivent leurs personnages avec charisme justesse et emphase. Heath Ledger, le mal absurde. Ni malfaiteur, ni terroriste. Clown abject, brillant, qui rejette l'ensemble du modèle. Il n'en a pas après l'argent de la mafia de Gottham, ni après le pouvoir, il est un agent du chaos. Il veut être le miroir de la bassesse humaine, et renvoyer la cité dans les ténèbres.
De l'autre côté on se débat, car du côté du monde civilisé règne une autre forme d'anarchie. Celle des valeurs et du sens. Un hors la loi, au dessus des lois, Batman, supplée à la justice des hommes impuissante. Un jeune procureur veut y mettre bon ordre, Harvey Dent (Aaron Eckart, génial).
Bruce Wayne tel Hanibal, voit en Harvey Dent la possibilité de mettre fin aux activités de Batman, mais le Joker les renvoie dos à dos, avec le Commissaire Gordon, (Gary Oldman, génial aussi).
Ce qui se joue ici, c'est la grande question du début de millénaire, résumée dans le diner Wayne/ Dent. Se faire plus mauvais que le Joker c'est perdre. Et pourtant la démocratie est parfois impuissante à trouver des solutions morales (voir épisode du bateau).
A la Manière de Rawls, Nolan mène le débat Justice et Démocratie, nous plonge dans l'absolue nécessite de se défendre et nous oblige à nous interroger sur les moyens de le faire vu que les choses vont de mal en pis. Le prix de notre sécurité, pense-t-on d'abord, est le sacrifice d'une partie de nos principes et de nos libertés à un type déguisé en chauve souris au bout du rouleau. Car Christian Bale est un héros sombre et las. Mais les choses sont bien plus compliquées que cela. Nolan pose la question de la nécessite des idoles, des mythes et de l'incarnation de la croyance collective.
La probité et l'honnêteté se meurent faute d'incarnation, c'est pour cela Batman et Gordon tente de sauver Dent à tout prix. La représentation de la probité est l'enjeu majeur pour l'Equilibre qui sous-tend le monde occidental qui a cru, un temps, pouvoir se passer d'enchanter son paradigme. Et qui voit la notion même de civilisation menacée.

Je crois que les deux principales forces du film, qui en font une tragédie réelle, c'est l'universalité des questions posées par cette mascarade, définitivement catharsique, et c'est le refus de Nolan de verser dans ce que le XXème siècle avait battit autour du concept d'héroïsme. La deuxième c'est le souffle donné à cette tragédie moderne, par ses acteurs, ses images, ses mouvements improbables de caméras, dans l'intimité de chacun, avec des gros plans saccadés, comme des sommations, la poésie noire du joker, balançant son visage au vent par la fenêtre d'une voiture de police. un lyrisme cinématographique assumé, dans la scène de l'enterrement. Un enchainement de moments où les choses ne sont jamais ce qu'on croit ou ce que l'on attend.

Un mélande de poésie, de tragédie, spectacle perturbant et splendide bref c'est du cinéma du XXIe siècle.




mercredi 13 août 2008

Le premier jour du reste de ta vie, de Rémi Bezançon

Taxi and Cigarette ++

Un sympathique film français, ça se fête. On pouvait s'en douter car "Ma vie en l'air" était déjà une sympathique comédie romantique à la française (jurisprudence du genre).

Il y a plusieurs manières de montrer la famille. D'un côté Desplechin, les Elkabetz, Kechiche, la famille névrosée. De l'autre la famille Tenenbaum, Little Miss Sunshine, La Famille Adams, Crazy, la famille névrosée mais avec une immense tendresse.
Le film de Bezançon est un regard plein de tendresse sur la famille. Il y explore de nouveau la filiation, et notamment la question de la paternité. Il est souvent très bien écrit. Et bien interprété. Remarquablement par Jacques Gamblin mais pas seulement.

C'est un cinéma décomplexé, qui fait parfois un peu téléfilm, et qui l'assume car il est profondément ancré dans la vraie vie, des vrais gens qui meurent à la fin parfois. Il y a beaucoup d'occurrences avec Crazy, musicales notamment car cela se passe souvent du côté des adolescents. Bezançon revendique la fiction qui nous parle de nous (hélas l'affiche nous interpellait comme une canette de coca cola).

D'habitude je me méfie comme de la peste des films pleins de bons sentiments. Mais il faut bien reconnaître que ça fonctionne. Il y a une scène très belle, très émouvante, une trouvaille poétique terrible qui finit de prouver ce dont on se doutait :
Besançon fait du cinéma optimiste, humble mais très talentueux et furieusement humain. C'est parfois bien d'aimer les gens.

vendredi 8 août 2008

X-Files Regeneration, de Chris Carter

Même pas peur -

Le débat entre ce qui est de l'ordre de la série TV et du téléfilm, et ce qui est du cinéma a vu pas mal d'indicateurs bouleversés quand les séries TV américaines sont devenues novatrices, intelligentes et remarquablement réalisées. Les The Shield, Nip Tuck, Boom Town ont été des révolutions. Avec quelques épisodes tellement bien gaulés qu'il ne serait jamais venu à l'idée de personne de faire "le film"(vs Drôle de dame, Starsky et Hutch, et le très attendu Dallas).

X-Files, en son temps, était un phénomène, qui explorait nos peurs profondes, à base de suggestion et musique angoissante car les moyens étaient limités. On pourrait écrire des thèses sur ce qui fit le succès de la série, je crois d'ailleurs que certain s'y attèlent. Disons donc simplement que la bizarrerie du couple star, qui ne ressemblaient à personne d'autre, l'entretien du non dit sur ce couple, et sur à peu près l'ensemble des sujets abordés, ainsi que l'ambiance glauque et anxiogène étaient une bonne recette.

Avec ce deuxième opus, Chris Carter revient aux origines de la série, mélange de paranormal et de criminalité déviante. La première demi heure séduira les vrais fans, à savoir ceux qui n'associent pas la présence du paranormal systématiquement aux extraterrestres (filon exploité dans l'opus 1). Jusqu'ici c'est un bon épisode. Ce qui n'était pas le cas du 1. Ensuite ça devient un joyeux bordèle, assez fidèle à la série, qui jouait pas mal avec les enquêtes à tiroir.

Mais bientôt, une déséquilibre se créé. La quête personnelle de Mulder et de Scully, qu'on est pourtant si heureux de retrouver, prend le pas sur l'enquête, au lieu d'être sous tendue, ce n'est plus crédible, et ça gâche la suite.

Par ailleurs, si la recette n'est pas respectée, ce n'est pas essentiel. Car c'est le plat lui même qui en fonctionne plus. Avec X-Files on se faisait peur un peu niaisement, comme des ados qui racontent des histoires. Tout ceci restait dans le flou qu'on connait, un peu de fumée, des poursuites avec des ombres dans des hangars désaffectés de l'armée, des bribes d'explication.

Je me suis demandé si j avais tant vieilli, pour que la magie n'opère plus. Mais je refuse d'évoquer cette éventualité. Je me suis donc demandé ce qui me faisait peur aujourd'hui. Et là la liste est longue : Cloverfield, 28 jours plus tard, Je suis une légende, la Guerre des Mondes, Phénomènes, Le jour d'après. Que s'est il donc passé ? Je crois que le 11 septembre, on arrêté d'avoir peur de la fabrication de la fin du monde par 4 hurluberlus dans la zone 51, projet à long terme et confidentiel, réservé aux grands de ce monde.
Le 11 septembre, on a compris que la fin du monde était imminente, grand public, violente et brusque. Depuis l'Iran, le réchauffement climatique, le 11 mars à Madrid nous l'ont confirmé. C'est la raison pour laquelle X-Files ne fonctionne plus. Au vu du reste, ce n'est pas bien grave.

La momie, la tombe de l'empereur Dragon

La Chine pour les nuls... -

Soit un genre un peu désuet (le film de divertissement dont Spielberg fut le maître), mêlant action, romance et humour. Soit des mauvais imitateurs, à la Roland Emerich, de sympathiques tentatives, comme la série des Benjamin Gates. Et puis la série "la Momie".
La Momie c'était pas trop désuet car c'était déjà vieillot (ça se passe dans les années 30 et 40, façon Indiana Jones d'autrefois). La momie c'était un casting de grande qualité sur tous les rôles, à commencer par le formidable Brendan Fraser, un légèreté de ton, et surtout une alternance action/ blague/ tension réussie, des effets spéciaux de qualité, bref un bon divertissement.

La Momie III, ou la tombe de l'empereur Dragon est un échec total. C'est la preuve que le fait de réunir tout les ingrédients pour la réalisation d'un bon divertissement ne suffit pas. La réalisation est brouillon au possible, avec une scène de poursuite qui donne mal à la tête. Ça met 30 minutes à démarrer, il n'y a pas de rythme, Jet Li est ridicule et on se demande ce que Michelle Yeoh est venue faire là dedans. Il y a une baisse significative de la qualité des effets spéciaux. Maria Bello joue mal ce qui n'est pas son genre et les blagues sont de moins en moins fines).
Ce troisième volet a donc l'air d'embêter tous les gens qui sont dedans, et qui ont travaillé dessus, et moi et moi et moi.

lundi 4 août 2008

Wall-E, d'Andrew Stanton

Planète Interdite +++

Les films d'animation, il m 'en reste généralement peu de choses (hormis l'étrange Noel de Mr. Jack, mais sa technique est si particulière qu'il reste assez inclassable).

Et puis il y a eu Ratatouille. Traînée voir ce que ma mère appellerait un "Mickey" (terme générique qualifiant toute production animée, de Cendrillon aux Noces funèbres en passant par Wallace et Gromit). Mauvaise humeur à voir 360 adultes se prendre pour des enfants. Emerveillement total sur la scène d'ouverture avec la fuite tonitruante des rats. Puis nouvel émerveillement avec la lecture du critique méchant à la fin. Tant d'humanité et de finesse, une morale sur le talent en chacun de nous, humble et jolie. Pas mal d'agacement entre.

Paradoxalement pour un genre porteur de produit dérivés et de parcs d'attraction familiaux, le cinéma d'animation, dont le public initial est un enfant obèse, est devenu un audacieux cinéma, plein d'humanité. Certains diront que c'est sa nature. Puisqu'il a l'opportunité de mettre en scènes des robots, des voitures et des poissons qui parlent. Sauf que le pitch de Wall-E, c'est quand même l'histoire d'un robot trieur de déchet qui vit avec une blatte. Ce sont les dernier habitants de la terre détruite par les humains et la surconsommation polluante. Dans les ruines d'une métropole américaine devenue inhabitable, désertique, et couverte de poussière, le climat est déréglé. Et tout le monde est mort. Une colonie d'humains obèses, incapables de communiquer et abêtis par la fainéantise survit dans l'espace, dans l'inconscience la plus totale. C'est donc un peu le Terminator de Pixar, qui blâme avant tout l'humanité autodestructrice et sans mémoire. Qui mérite amplement la rébellion des machines sur la colonie.

Après il y a une vraie poésie dans Wall-e dont le héros éponyme tombe amoureux d'un robot ultra moderne de la colonie parti en exploration sur terre, Eve. Le film est plein de références à la comédie musicale et au muet, pour cause de robot (audace encore face à un public élevé au manga aseptisé et pour qui Buster Keaton ou Charlie Chaplin n'évoquent pas grand chose). Ainsi qu'à la longue tradition du robot anthropomorphique, de Planète Interdite à R2D2. C'est marrant comme on a toujours prêté tout et n'importe quoi à la ferraille. Emotion, héroïsme, traîtrise, c'est comme dans le clip de Bjork "All is full of love" ou s'étreignent des robots amoureux, le titre de la chanson est sans équivoque. Wall-e collectionne les objets humains du quotidien qui l'intriguent, et nous rappelle la fragilité d'un quotidien déchu.

On aurait pu trouver tout cela mièvre, ça l'est de manière assumée. Et la première demi heure que l'on passe avec Wall-e (et la blatte), nous attache à ce personnage maladroit et dépassé technologiquement, un peu comme nous avec notre blackberry recherchant avec solitude la fonction Téléphone.
On pourrait être mauvais esprit et se demander si, de l'union entre Wall-e le grille pain de l'ère VHS et Eve le Mac Book Air, il peut naître quelque chose d'autre qu'une brosse à dent électrique façon télé-achat. Sauf que c'est vraiment bien fait, rythmé, et que quand il n'y a plus d' humains capable d'être humains (à savoir aimer, venir se sauver, être gauche, être inventif, être poétique, gaffer), il est normal que cette fonction incombe aux robots.

Wall-E est un film dénué de mauvais esprit. C'est bien ce qui en fait un film surprenant. Et tout passe, parce que c'est filmé comme un film, et pas comme un "mickey". Parce ce que Andrew Stanton s'autorise des gros plans, des pauses, un souci du détail, et parfois de réalisme (pour la partie qui se passe sur terre), étourdissant, comme un morceau d'autocollant de Rubicube abîmé.

Alors j'admets, c'est cul cul la praline, écolo à crever, et ça ne me donnera pas envie de dire bonjour à mes voisins de palier. Mais c'est bien joli tout de même, pour un film qui parle de la disparition future de l'humanité.

le clip :

mercredi 30 juillet 2008

Les 7 jours, de Ronit et Shlomi Elkabetz

Une famille en or +++

Décidément le cinéma israélien n'en finit pas d'être bien cette année. Pas étonnant que ce soit un film écrit par un frère et une sœur, car avec les 7 jours, Ronit et Shlomi Elkabetz réveillent le démon de la famille, de la filiation, de la transmission de la tradition avec noirceur et justesse.

On l 'a déjà vu dans Un conte de Noël, la famille est un gouffre pour les individualités. Manque de pot, ils sont environ 9 frères et soeurs dans cette famille, avec des pièces rapportées en plus. La mort du frère aîné occasionne une veillée de 7 jours, conformément à la loi juive, occasion d'un huis clos cinglant. Les circonstances de la mort du frère et sa situation financière offrant de quoi cristalliser tous les non-dit.
Ce qui est remarquablement bien vu, c'est qu'un famille est un microcosme avec ses codes, ses habitudes, sa complicité, et son langage. Ici les plus anciens parlent arabe, et les plus jeunes moitié hébreu, moitié français, parfois Yiddish pour celui marié avec une ashkénaze. Malgré les nombreuses langues parlées, personne ne s'entend. Il est intéressant de noter que les langues ne s'attribuent pas à des contextes ou à des relations mais se mélangent. C'est bien ça le problème de la famille. Chacun a sa vision des choses, construite dans les victoires et les frustrations de l'enfance, des préférences des parents, des rapports entre frères et sœurs.
On peut rajouter ici le désenchantement, car le problème de l'évolution des rapports à l'âge adulte est aussi une perte de l'innocence douloureuse et répétitive.
Comme Desplechin, curieusement, dans cette famille ou l'on crie et ou on chuchote tout autant, les Elkabetz disent que le vrai soulagement ne vient pas du fait de crever les abcès, mais de les mettre en évidence. Accepter sa famille c'est dire qui est préféré, qui est un salaud, et savoir quelles sont les raisons des uns et des autres. Ce n'est pas résoudre des problème par nature insolubles. Se construire c'est admettre l'existence des douleurs causées par la tribu. Et les frères et sœurs, tous adultes, ont désespérément besoin de se construire comme le montre leur obsession pour le logement.
Un film noir et drôle, comme peut l'être la famille. Tourné avec un économie de moyens (3 pièces de la maison de défunt) mais plein de talent. Les plans séquences s'attardent sur les souffrances non-dites, l'interprétation est juste, et l'atmosphère étouffante du carcan familial est magistrale.
Dans le contexte de la première guerre d'Irak, où les israéliens vivent avec des masques à gaz, jusqu'au cimetière, les alertes aux Scuds rythment la guerre entre frères et sœurs, ex époux, rivales. Et donnent une forme de respiration au film.

Dans My Father, My lord, Volach mettait en scène la douleur de la perte d'un enfant, dans un monde très fermé, ultra orthodoxe, et tenait un propos universaliste. Ici encore, le propos microcosme familial peint les frustrations et les bonheurs de la fraternité avec une justesse qui dépasse sans conteste la peinture communautaire. Un beau film donc.

lundi 28 juillet 2008

L'incroyable Hulk, de Louis Leterrier

Gééééaaaaant vert ! ++

Le film de Louis Leterrier coche toutes les cases du bon blockbuster de l'été, mais pas seulement. A la manière d'Iron Man, en moins irrévérencieux, il nous plonge dans l'univers métaphorique des Marvell avec violence et moulte qualités de réalisation et d'interprétation.

Hulk est une monstruosité, portée par un scientifique qui fait tout pour que l'ignominieuse manipulation génétique qu'il porte ne tombe pas aux mains du gouvernement. Il est une métaphore, et en cela Letterrier rejoint Ang Lee, de l'altérité subie.
C'est aussi une vraie interrogation sur la responsabilité de la science, qui serait bateau et convenue si Edward Norton ne lui donnait pas tant de profondeur (car il est le scientifique qui s'est fait avoir), et que le scénario ne lui opposait pas la scientifique qui ne se rend compte de rien (Liv Tyler), et le scientifique prêt à tout pour pousser les limites de son art (Mr. Blue) et avoir un prix Nobel.

Tel Iron Man, Hulk, l'air de pas y toucher, pose des questions sérieuses et s'inscrit ici dans la tradition du comic, art accessible, déjanté et dialectique. Car à l'exception de Tim Roth- l'Abomination, mu par l'amour du combat seul, nul n'est prophète dans son histoire, et dans sa prise sur le monde. Il en découle une instabilité totale, dans la manière de filmer aussi, dans l'issue de chaque situation, qui rend le film surprenant et agréable.

Fort de la nécessité de se parer de nouvelles prouesses techniques (il s'en est passé depuis Spiderman), de se rapprocher de l'univers de la BD (personnages duaux, nuages de fumées, sillons d'un film à l'autre), le Marvell trouve son style, divertissant à l'extrême (ah le combat final!) et c'est plutôt une bonne nouvelle.
Les aléas romantiques interminables de Spiderman, concessions au grand public, se tarissent, et les temps morts laissent plus de place à l'observation des aspérités des personnages. Il reste bijou en forme de cœur qui fait des allers-retours symboliques, dans l'esprit du comic. Il faudrait ne pas avoir de cœur pour ne pas être ému par le médaillon de la petite fille malade de l'homme des sables dans Spiderman auquel il fait écho. Le Marvell a trouvé ses motifs, son langage, ça donne envie d'en voir plus, vivement les suites.

PS : Tim Ross est d'une classe dingue.

vendredi 25 juillet 2008

Broken English, de Zoe R. Cassavetes

Mélancolie de la femelle occidentale, III, version ciné indépendant. +

Le cinéma indépendant à ses privilégiés, ses barons et ses passe-droits. C'est la première chose que je me dis en allant voir ce film. Le sujet n'aide pas, sujet de comédie romantique. Soit une new yorkaise trentenaire bien tassée, qui enchaine les histoires sans lendemain, et n'en peut plus de la pression sociale sur les célibataires et rêve quand même de trouver le prince charmant. Le jour ou elle n'y croit plus, Melvil Poupaud lui tombe dessus. Puis rentre en France, rebondissement...

Sauf que c'est pas si mal. Avec défauts et qualités du cinéma indépendant : une capacité à saisir des situations, des éléments de vécu terribles avec finesse et humour. Et ça marche, dans la salle les filles s'identifient plus à Parker Posey qu'à Carrie et ses copines sans familles (que c'est pénible la famille quand on est célibataire) de Sex and the City. Je suis moins convaincue par la fin, notamment le passage ou Parker Posey part chercher le frenchy à Paris, pour se trouver elle même. Pas très convaincue par un certain snobisme esthétique, qui consiste à donner au film un look de film indépendant new-yorkais...
Et bien sûr, je suis moins convaincue encore par la morale façon "osons les grandes histoires d'amour, ça ne dépend que de nous". Ça me gêne toujours quand on vous explique que si vous êtes célibataires, c'est parce que vous n'avez pas assez fait votre introspection. Bref le cinéma indépendant a cette capacité critique très juste, mais comme, dans ce cas précis, il est embourgeoisé à crever, il tombe dans ce travers conservateur qui nous rappelle qu'on a peut être un problème.
La discussion entre Parker Posey et Geena Rowland (sa mère dans le film), et d'autres moments ajoutent cependant au débat avec 1000 fois plus de forces que ne le fait un 27 robes par exemple, et nous rappelle comme notre liberté (de femme) est récente, et difficile à gérer. Que l'assumer n'est pas facile, car le phénomène n'est guère répandu. La conscience de la liberté implique une responsabilité dont on se passerait bien parfois. Il faut tenir.

lundi 21 juillet 2008

Wanted : choisis ton destin, de Timur Bekmambetov

Se faire tatouer ou pas -

C'est compliqué d'avoir les ambition intellectuelles de Fight Club avec les ambitions graphiques de Matrix. C'est le problème de Timur Bekmambeto, qui déclasse Jon Turtletaub (voir cinémoi en lien à droite) dans le concours du réal au nom le plus bizarre.

Si j'étais méchante je pourrais faire la liste de toutes les différences flagrantes avec un film ouvertement inspiré (pompé ?) de Fightclub, mais comme je suis plutôt perverse je ne noterai que quelques divergences.

Voici l'histoire d'un type super malheureux dans sa vie pourrie, qui a l'opportunité de rentrer dans une fratrie d'assassins psychopathes mais classes pour y accomplir son destin. Cela pose toute sorte de questions. Qui mérite de mourrir ? Qui a le droit d'exécuter ? Pourquoi James Mc Avoy et Angelina Jolie ont des supers pouvoirs et pas moi ?

Bien sûr ça se veut une parabole de notre capacité à nous défaire de notre vie oppressante par une sorte de djihad intérieur et extérieur, le jeune homme subit sa vie de naze, puis la secte des dinguos armés, car il est paumé (le parallèle avec un djihadiste paumé prêt à n'importe quoi s'amplifie), et 2 h plus tard comprend que prendre le contrôle c'est s'assumer, et que pour s'assumer il faut être plus fort que les autres. Beaucoup de casse sur le passage.
La partie parabole est aussi grossière et mal amenée qu'Angelina Jolie est classe en mercenaire. Malgré des scènes d'action parfois enlevées, du sympathique gunfight, le film insulte un peu l'intelligence du spectateur via cette parabole déjà vue, bâclée et un peu limite.
Et puis Morgan Freeman ne peut plus incarner des types gentils qui en fait sont méchants, depuis Sleevin, on s'en doute tout de suite. James Mc Avoy se noie décidément dans ses choix de films.
Seule Angelina Jolie assure grave, icône de violence féminine ultrasexuée qui se ré approprie l'arme de point, et les autres d'ailleurs comme un prolongement naturel du corps. La continuité entre le métal et le corps est assurée par le tatouage, et met en valeur l'hybridation du corps et de la machine à tuer. Un peu de noblesse d'âme, et beaucoup de dérangement dans le ciboulot pour ce personnage, rien qu'on aie déjà vu quoi.

Le Monde de Narnia, le Prince Caspian, par Andrew Adamson

Le roi lion +

Je n'ai pas vu le chapitre 1. Je n'ai pas lu Lewis. J'avais survolé la polémique sans m'y intéresser vraiment. Mais il pleuvait en Normandie. J 'ai donc été voir l'histoire du prince Caspian.
C'est l'histoire de 4 frères et sœurs anglais qui vont sauver un monde parallèle où cohabitent toute sorte d'espèces (minotaures, centaures, nains, sorciers, humains...).

D'abord il faut admettre que c'est tellement riche qu'on peut y post rationnaliser ce qu'on veut dans le sens où on le souhaite si on le veut vraiment. Mais honnêtement, dans ce joyeux bordèle, il est impossible de faire une lecture idéologique, religieuse ou autre parfaitement cohérente, ce qui a le mérite de désamorcer pas mal de polémiques.
On notera simplement que les" méchants" officiels, les tellardiens, ont tous des noms à consonance arménienne et ressemblent curieusement aux membres de System of the Down, ce qui n'aura pas manqué de mettre mal à l 'aise les quelques adultes présents dans la salle, au nombre de 4.

Sinon ça bouge bien, il y a des jolies scènes d'actions, des effets spéciaux réussis, et un rythme tout à fait acceptable qui tient 146 créatures de 6 à 16 ans dans le calme et le suspense pendant 2 h 23. Je remercie vivement Le Diablotin de m'y avoir emmenée.