mercredi 26 novembre 2008

Les Bureaux de Dieu, de Claire Simon

Ou sont les hommes ?

Faire un film sur le planning familial, c'est comme dire que la guerre tue des enfants, c'est vraiment trop bien moralement. Trop facile ? Je trouve qu'il est difficile de faire un bon film sur la guerre, la Chute du Faucon Noir est un cas rare, surprenant, et efficace. Les cochonneries voyeuristes sont légions. Les deux sujets sont donc deux pièges dangereux, où le scabreux pourrait chercher un public en mal de fascination malsaine.
Claire Simon surmonte l'obstacle. C'est fou comme ce film, basé essentiellement sur des entretiens filmés est sobre et crédible. Les stars s'effacent devant les situations humaines, si diverses qu'elles interdisent toute appréhension moralisatrice. La caméra n'est jamais pesante.

On peine à imaginer, parfois, dans l'embourgeoisement parisien, la grisaille des débats au PS, et la déchéance Balkanisante (comme les Balkany de Levallois, pas comme les Balkans géographiques) de notre société, la détresse immense des femmes de tous horizons, qui tous les jours, par centaine, poussent les portes de planning familiaux. Depuis 1956, la "maternité heureuse" renommé "le planning familial" en 1960 est une superbe exception française. On y aide des femmes, pas seulement. Les femmes ont toujours aujourd'hui besoin d'être aidées en dehors de tout jugement moral, familial, religieux, politique. La faute aux femmes ? Non. Oui. LA société, dont les femmes font partie, n'évolue pas vite, et de nouvelles menaces, comme le sida sont apparues. On oublie parfois (et j'inclus les jeunes femmes dans cette affirmation) à quel point c'est important, l'existence du planning familial, pour la liberté de la femme chèrement acquise, jamais conquise véritablement, encore moins démocratisée, citadelle assiégée par le conservatisme religieux et par la bienséance morale ambiante (bienséance conservatrice qui dépasse à mon sens tous les clivages partisans).

J'ai un grand regret, il n'y avait quasiment que des femmes dans la salle. La lutte continue.

mardi 25 novembre 2008

L'ennemi public N°1, de Jean-François Richet

Morale et Cinéma ++

L'ennemi public N° 1 est un divertissement moins efficace que l'Instint de mort. Par contre c'est un meilleur film, bien meilleur. La période couverte de la vie de Mesrine est plus courte et plus dense. On est moins dans l'historicité du réalisateur qui veut faire un film d'époque mais qui flippe que ça ressemble à un film d'époque.

Cette deuxième partie est plus intéressante, moins flamboyante. Mesrine est conscient de sa légende et en joue. Par moment il sait que sa situation est précaire, des éclairs de lucidité. Le fatalisme du type qui sait qu'il est comme ça. A partir de là il subit et se débat, et cette partie est bien vue. Interview tapageuse, mais envie de changer, de n'être pas qu'un gangster, comme son pote Besse incarné par Almaric, impeccable. Mesrine aimerait bien donner un sens à ce qu'il est, fréquente l'extrême gauche rapidement mais n'y croit qu'a moitié. La vie de gangster c'est quand même la cavale, les appartements de planque miteux. Mesrine n'est bien que dans son inconscience ou dans des éclats de violence. Le film est moins marrant, moins rythmé, car ça sent le roussi pour ce type qui a toute la police de France, et une partie de l'armée, après lui.

La polémique sur la starification je ne la comprends pas bien. Oui Mesrine est abattu comme un chien. Ce n'est quand même pas lui qui a découvert qu'il y avait des flics véreux. S'il continue de terroriser les flics, la fin de sa vie est un suite médiocre et logique à laquelle il ne peut rien faire, prisonnier de lui même et d'une société qu'il n'aura pas faite bouger, à peine l'aura t il amusée un moment. A cet égard Richet est assez fidèle aux interview du vrai Mesrine qui se présente comme un produit naturel de la société, une émolution prévisible.

Là ou Richet est moins bon c'est qu'il n'assume pas totalement ce choix. Il se fait plaisir avec une scène clippée ou Mesrine claque ses billets, façon film de gangster hollywoodien, musique à fond, une scène finale trop longue et assez prétentieuse. Autre problème sur Gérard Lanvin en révolutionnaire avec accent pas juste, postiche voyant. Bref c'est un peu brouillon.

Pour une fois que le tiraillement est du côté du cinéaste...Ça reste un film pas mal, schizophréniquement perdu entre panache et sobriété, entre morale et admiration, avec l'envie de réalisme et le cinéma à grand spectacle plein la tête, dont il est si difficile de se départir. Avec un grand Vincent Cassel.

lundi 17 novembre 2008

Vilaine, de Jean Patrick Benes et Alain Mauduit


Amélie Poulain à veuzoul +

Vilaine part d'une idée que j'aime assez : la rébellion des gentils. Et détruit un lieu commun qui veut que les moches soient obligés d'être gentils car ils n'ont que ça pour se faire aimer. Mélanie/Vilaine se rebelle et fout la merde dans sa petite urbanisation de ploucs et de bourgeois locaux. Pour être honnête, j'ai bien rigolé. Marilou Berry se donne et ça se voit. Il y a quelques problèmes de rythme, mais l'ensemble est drôle.
Sauf que ça ne va pas assez loin à mon goût. Ou est-ce le placement produit qui intervient toutes les 6 minutes qui me laisse penser que le film se veut trop "familial" pour faire le tour de la passionnante question qui le sous tend ?
Ce qui est vraiment bizarre c'est que grâce à la SPA, il y a eu du buzz lié à un cas de maltraitance animalière. Moi je trouve que les animaux sont les seuls à récupérer la monnaie de leur pièce. Contrairement aux gens qui sont mollement punis. Et le jeune laideron est beaucoup trop fleur bleue pour porter une vraie rébellion. Pas assez Trash donc.

vendredi 14 novembre 2008

L'étrange histoire de Benjamin Button, de David Fincher


C'est une nouvelle de F.S. Fitzgerald, une de mes nouvelles préférées. Il va falloir être patient. Mais c'est de la bande annonce qui fait rêver...

Mesrine, l'Instint de mort, de Jean-François Richet

Prison Break ++

J'avais peur d'aller voir Mesrine. J'ai confiance en Vincent Cassel pourtant. Ah Vincent Cassel... Explosant de méchanceté et de justesse en pervers incestueux dans le pourtant mauvais Pacte des Loups, de la Haine aux les Promesses de l'ombre...Vincent Cassel est l'acteur d'une dangerosité latente. A ce titre, il est assez singulier en France. En plus il est beau, fort et bon acteur, ce qui n'est guère répandu chez nous non plus.

Sauf que la peur était bien présente. Encore un Biopic sur la France d'avant. Je me méfie des Biopic nostalgiques, du "c'était mieux avant", des meilleures stars "La Môme", des meilleurs comiques "Coluche", des meilleurs hommes politiques "Le promeneur du Champs de Mars". Qui sait, de meilleurs malfrats ? Tout ceci est un peu réac à mon goût pourtant conservateur.

La période couverte par Richet est plus importante que dans le 2ème opus, du coup, il s'emploie à grand renfort de costumes et clin d'oeil à bien bien nous signifier où et quand on est, un peu trop par moment.

Une fois qu'on a dit ça, le film est bien. On ne s'ennuie pas une seconde. Richet est un marxiste dit on, mais il gère bien le divertissement, la tension, le caractère "show off" de Mesrine, du banditisme à la française. L'évasion de la prison Canadienne cartonne. Et Mesrine revient, parce qu'il l'avait promis, avec une voiture et un compère, essayer de libérer les autres.

Plutôt un bon polar français, rien d'autre. Et on a envie de voir la suite.

lundi 3 novembre 2008

HellBoy II, the Golden Army, de Guillermo del Toro.

La rébellion des Freaks ++

Hellboy II est un super film du dimanche soir. Mais pas seulement.

Guillermo del Toro est un grand réalisateur à l'imaginaire sans borne. Rien n'est plus intéressant que les digressions vers les mondes fantastiques. Les récits filmés, en animation, sont juste des moments de poésie intense et complètement dépaysante, de même que le marché des Trolls, le géant de la forêt ou l'idée que pour terroriser une vilaine trollesse, l'arme indispensable est ...un canari. Il est si plaisant de voir un réalisateur ultra créatif s'amuser avec les moyens pour le faire que l'ensemble est rafraichissant, bien rythmé et assez drôle.

Concernant le reste, del Toro fait 2 tours de force en un. Il délivre un message passablement subversif sans être lourd dans un très bon film du dimanche soir. En effet, Red (hellboy), jouit d'un statut assez particulier chez les super héros. Issu d'une faille vers l'enfer, il bosse pour la CIA contre les méchants. Pour autant c'est un grossier personnage, casse cou, partisan de la manière forte bien que sympathique et un peu beauf. Sauf que quelque chose ne va plus chez les gentils, qui ne tolèrent HellBoy et ses amis les bizarroïdes que lorsqu'ils ont besoin de lui pour sauver le monde. Du coup, il y a bien des affinités idéologiques entre les freaks de la CIA et les elfes rebelles qui ont décidés de détruire les humains en vertu de leur incapacité à se gérer correctement, eux et le monde.
Cette fois ci l'humanité survivra mais le questionnement est distillé. A quoi bon sauver l'humanité ? Comme dans Le Labyrinthe de Pan, del Toro pose un regard extrêmement cynique sur la race humaine (par rapport aux Elfes et à toutes ses créatures imaginaires) , pour interroger la notion d'humanité. C'est un peu la fonction du personnage du robot incarné par Winona Ryder dans l'Alien de Jeunet. Le clone de Ripley, quand à lui, nous dit que la race humaine ne mérite pas d'être sauvée, le titre original Alien : Resurection, prend tout son sens ici.

Chez del Toro c'est la création qui sauve la cause. Cynique et joli donc, avec un note d'espoir car Hellboy II rejoint Hellboy dans l'idée que chacun peut changer son destin.

dimanche 2 novembre 2008

Quantum of Solace, de Marc Forster

Try to remember -


Ça commence par une poursuite en voiture. La caméra est très basse, on se croirait accroché au pare choc. L'Aston Martin s'en prend plein la carrosserie. La musique ne commence qu'à la sortie du tunnel. Bingo, on est dedans, ça va incroyablement vite, c'est prenant. Je viens de raconter l'une des deux bonnes scènes du film. L'autre se passe dans un opéra.
Un fois qu'on a dit ça, c'est assez dommage : Daniel Craig et Matthieu Almaric et la dame de la pub Carte Noire se donnent un mal de chien pour nous faire croire que l'heure est grave. Je pense que Daniel Craig peut faire un bon James Bond, même sans Q et sans l'humour naturel qui caractérisait ses prédécesseurs. A cela plusieurs raisons : il est incroyablement sexy, se bat comme un diable et il a cette pointe de vulgarité dans le regard qui rejoint furieusement ma première raison.

Pour autant le scénario est bancale. L'interférence désormais systématique entre la vie privée de Bond mais aussi d'autres protagonistes et l'intrigue principale alourdissent le films de dialogues pénibles (M fait des conf Call en peignoir dans sa salle de bain ! Ou va-t-on ?). C'est filmé d'une manière assez bizarre. A la fois très attendue, et très convenue, car hormis les deux scènes citées plus haut, c'est un joyeux bordèle. Scène d'action en bateau et en avion impossible à suivre, poursuite sur les toits de Sienne bâclées (ah la scène des favelas de Hulk...).

Foster cherche le rythme de La vengeance dans la peau, sans succès. Curieusement le film n'a de souffle que quand la caméra essaie de se faire discrète. Voilà. J'épargne à mes rares lecteurs 10 lignes de digressions sur Daniel Craig porte bien le pull. Daniel est très beau quand il est tout crade. Cela reste malheureusement l'un des seuls intérêts du films. Un agacement certain est ce qui restera à ceux qui sont insensibles au charme de Daniel Craig, car la confrontation entre la débauche de moyens et l'ennui global de la chose est terrifiante.

Je me suis posé la question suivante : pourquoi Mathieu Almaric est il si mal habillé ? Le Chiffre quand à lui était plutôt élégant. Je lance donc une investigation sur le look des méchants dans James Bond dont j'espère livrer rapidement de passionnantes conclusions.