lundi 30 mars 2009

Marley & moi, de David Frankel


"Plus je connais les hommes, plus j'aime les chiens" ++

Avant, le dimanche soir on allait voir une comédie romantique pour se détendre avant de commencer une pénible semaine où vous revenaient tels un boomerang la difficulté à gérer votre couple, vos enfants, vos frustrations professionnelles et sexuelles. Celle ou celui que vous n'aviez pas réussi à être et à accomplir s'oubliait pendant 1H 30.
Le jeudi soir on pouvait aller voir Les Noces Rebelles, et réfléchir sur le couple comme prison de l'individualité.
Je vous annonce que cette période est terminée, et que les american sweetheart et American Beauty s'interrogent sur la même chose. Je n'arrive pas à savoir si ce film est une œuvre précurseur ou une sombre bêtise, et je décide de le dire.

C'est une film qui raconte l'histoire d'un couple qui décide de prendre un chien pour vérifier qu'il est prêt à avoir des enfants. Le chien est débile et pénible, Jennifer Anniston ne change pas d'expression plus de 3 fois en 1 h 40, le chien est débile et pénible, David Frankel a commis "Le diable s'habille en Prada", le chien est débile et pénible, le mari est journaliste et se paie une maison de député, et le chien...

Et pourtant ça prend. Car de ça et là, Jennifer Anniston dit qu'elle a sacrifié sa vie professionnelle pour sa famille (ce qui est récurrent pour les personnages féminins dans les films de Frankel), sacrifiant une partie d'elle-même; Owen Wilson, tellement juste tout le temps, souffre de ne pas être devenu le grand reporter qu'il rêvait, et on finit par s'attacher au chien. Bien sûr c'est édulcoré, bien sûr ils ont fait le bon choix pensent-ils, mais il y a une amertume réelle chez ce couple pourtant privilégié, saupoudrée, en filigrane, mais la même qui servait fil conducteur aux Noces Rebelles de Sam Mendes. Ici le fil est une laisse, et suivre les aventures du chien nous empêche de trop y réfléchir, le chien est si pénible qu'il canalise tout le reste. Et quand il part, le couple est soudé.

Tout ça pour dire que le dimanche soir, on est plus à l'abri face à celui qu'on a pas réussi à devenir avec son bagages de questions sur notre couple, nos enfants, nos frustrations. Ça fait peur.





Je publie le commentaire de Loïc qui apporte pas mal de choses :

Le chien sert juste de fil conducteur a une chronique (comme celles que rédige le personnage d'Owen Wilson toutes les semaines) familiale.
Et il en devient un personnage. C'est ce qui est perturbant, tout comme le sont les présences de Wilson et Aniston qui laissent attendre une comédie ou une bluette. Ce n'est ni l'un, ni l'autre.

Le film fait penser a Professeur Holland ou les élèves qui passent aident Richard Dreyfuss à se construire. Il y fait aussi des sacrifices. Il n'a pas redige la grande symphonie qu'il espérait (ou ses grands reportages dns le cas d' Owen Wilson).

A la place, il a une famille, énorme valeur américaine. Quand le reporter beau gosse recroise Owen Wilson et le félicite d'avoir reussi sa vie, on croit que le film prend position. sauf que l'autre journaliste est parfaitement heureux en célibataire baroudeur et que le regard d'Owen Wilson pendant qu'il s'éloigne en compagnie d'une jolie fille traduit l'envie.

Marley et moi est donc, comme tu le soulignes, un peu plus nuance en n'occultant pas la part de frustration et de regret que ce choix familial entraine. Ce qui le rend plus realiste encore.

Moi, j'ai aimé.

mardi 24 mars 2009

Orelsan est invité au Printemps de Bourges, et pourquoi pas Joseph Fritzl ?



Courrier à Monsieur Daniel Colling, directeur de la publication du Printemps de Bourges.

Monsieur Colling,

Bonjour,
J’apprends avec indignation que le Printemps de Bourges reçoit cette année le rappeur Orelsan. Je suis extrêmement choquée par cette programmation. Orelsan incite à la haine de la femme. Voici quelques extraits de sa chanson « Sale Pute ».

« j' croyais que tu étais différente des autres pétasses" »
« T'es juste bonne à te faire péter le rectum même si tu disais des trucs intelligents t'aurais l'air conne »
« J'te déteste j'veux que tu crèves lentement » « J'veux que tu tombes enceinte et que tu perdes l'enfant »
« Je t'emmènerai à l'hôtel je te ferai tourner dans ma villa romaine »
« Pétasse tu mériterais seulement d'attraper le DAS »
« On verra comment tu suces quand j'te déboiterais la mâchoire",
"J'rêve de la pénétrer pour lui déchirer l'abdomen"
"J'vais te mettre en cloque, sale pute, Et t'avorter à l'opinel"


Bien sûr, vous ne sauriez confondre ce déballage de haine sauvage et la liberté d’expression. Il s’agit ici d’une incitation à la violence la plus ignoble qui met en scène le désir de viol et de torture de ce monsieur. Son mépris le plus profond pour toutes les femmes. Faut-il continuer l’explication de texte ? Le site du Printemps de Bourges tente de présenter avec un humour très approximatif les propos scandaleux d’Orelsan « revendiquant ses 14 ans d’âge mental… ». J’ai une question à ce sujet. Pensez-vous vraiment que tous les cancres de 14 ans rêvent d’avorter une fille « à l’opinel » ?
L’adolescence et la culture « manga-wifi-films X » comme vous l’expliquez justifieraient ils que l’on souhaite à quelqu’un de contracter le virus du SIDA et qu’on menace cette personne de « lui déchirer l’abdomen » ?
Bref, cette invitation dans votre programmation est elle une erreur ou une plaisanterie d’un goût très incertain ?
J’ai conscience du peu de pouvoir du courrier d’un individu, j’ai conscience que la lutte contre la violence faite aux femmes est un souci minime pour bien des gens. Mais j’aimerai une réponse de votre part.

Cordialement,

mardi 10 mars 2009

SlumDog Millionnaire, de Danny Boyle


Avoir le dernier mot +

Danny Boyle est un monsieur très talentueux, qui se renouvelle sans barrière de style, d'époque et de lieu, de Transpotting à Sunshine, en passant par un film que j'aime beaucoup, 28 jours plus tard. Maître du suspense, il nous tient ici en haleine, autour du destin d'un enfant des bidons villes, qui a une chance de devenir millionnaire au célèbre jeu "Qui veut gagner des millions? " à l'adolescence.
Chaque épisode de sa vie fournit une réponse à ce jeune homme illétré. Et sa vie est glauque, au possible.

Ça m'embête mais je n'ai pas aimé Slumdog Millionnaire, au demeurant un film bien réalisé, qui emprunte les codes Bollywood (dans le bon sens). Avec des images très belles, très saturées, un travail de contrastes (commun à l'œuvre de Danny Boyle) qui sert les tensions du film, un rythme effréné, de raccourcis narratifs efficaces, une pointe d'humour par moment.
Les personnages attachants, et le scénario solide.

Pourtant, Danny Boyle veut avoir le dernier mot, dire qu'il y a de l'espoir, pour tous. Pourquoi pas. On n'interdit pas encore l'optimisme aux réalisateurs. Sauf que le jeune type s'en sort à peu près par miracle, qu'autour de lui tout n'est que misère, perversion et profiteurs de misère. Les enfants indiens pauvres grandissent dans un milieu qui ferait passer les Ténardiers pour les parents de Richie dans Happy Days (les Cuningham), et Oliver Twist pour un enfant gâté.

Ce qui m'a gêné c'est de voir une salle applaudir à un miracle après avoir été exposée, pendant 2 h 00, à la bassesse humaine la plus grande. N'avons nous plus que ça, applaudir au miracle ? Déprimant. Je trouve cela un peu choquant, ce happy end qui termine parfaitement le récit, et, est un climax de qualité au scénario. Sauf qu'après tout ce qu'on a vu avant, on s'en fiche un peu de la qualité du scénario.

jeudi 5 mars 2009

Watchmen, de Zack Snider.

le rêve américain +++

La première heure et demi de Watchmen est une leçon de cinéma. Et l'affiche ne ment pas, une fois n'est pas coutume. Zack Snider est un visionnaire, qui explore ici une réalité parallèle qui court des années 1940 aux années 1980. Dans cette réalité, un accident a fait naître un véritable super héros, qui a permis aux Etats-Unis de gagner la guerre du Vietnam, Nixon en est à son 5ème mandat, et la guerre froide bat son plein.

On ne peut rentrer dans les détails dans le film est riche. Il se plie avec plaisir à la complexité narrative de la bande dessinée. Plusieurs personnages, plusieurs époques, plusieurs raisons d'espérer, plusieurs angles, la vie quotidienne des super héros désormais sur la touche pour le bien de la société civile avec leurs histoires de cœur, l'intrigue d'un complot contre eux, la possibilité imminente de la fin du monde pour cause de guerre froide.

Alors si la dernière heure manque de souffle, le film reste très beau, très original, et très courageux. Très beau grâce à des partis pris graphiques et romanesques osés (comme l'attention portée à l'extraordinaire personnage de Rorsach, au visage fluctuant et à la voix d'outre tombe). Le visage de Rorsach est une prouesse technologique, mais le souci esthétique de Snider va bien au delà. Un statue dans un cimetière, une vaisseau spatial en forme de hibou, les armures de pacotille et de latex, et aussi un sens du rythme avéré en terme de scènes d'action, une bande son impeccable qui raconte l'Amérique. Snider travaille la BD avec une forme de respect absolu de son opulence, de ses exagérations et de son langage de symboles sans s'en moquer, et il nous parait naturel de suivre une goute de sang , lourde parmi les goutes de pluie, qui dévale sur des dizaines d'étage.

Très original car c'est l'histoire d'un monde qui ne veut plus de super héros, d'une société qui se condamne démocratiquement à la loi du plus fort, qui se résigne à la fin proche.
Et cette question que l'on voit souvent ces temps-ci : l'humanité vaut elle d'être sauvée ?

Joyeux anniversaire le blog !

Le ciné de Gabriel a un an !

mardi 3 mars 2009

La pub sexiste du mois de mars

Enfoirés de Kangourous.

Parce qu'elle est une femme qui travaille dur et tard, et, parce qu'elle est amenée a engueuler un ou une collègue baltringue qui commet une erreur, bref, parce qu'elle prend son travail au sérieux, Mme Millet, directrice des ventes, n'est plus la femme qu'il a connue. Donc il la largue.
Grâce à l'Office du tourisme australien, elle part se ressourcer et ils se remettent ensemble. Ouf !!!

J'espère que vous avez bien compris la leçon mesdames, le travail d'accord, mais pas l'implication. Le dévouement mais pas la prise de responsabilité. Subir en souriant, car le plus important est d'être disponible pour son couple. La crise, vous vous la mettez où je pense, car votre priorité unique c'est votre couple.

Cette pub lamentable illustre bien l'une des plus grave crises de schizophrénie occidentale, et à mon sens l'une des plus dangereuses. La femme doit perpétuellement jongler entre sa vie personnelle et professionnelle. On y a cru, qu'on avait accès à tout. Simone de Beauvoir nous avait prévenu. On n'a pas écouté. Sauf que le travail de la femme n'est pas jugé sur les mêmes critères que celui des hommes. Elle s'énerve, elle n'a pas de sang froid. Elle remonte les compteurs, exige des résultats, la voici hystérique...elle rentre tard, c'est une mauvaise mère, une mauvaise compagne. Ah oui parce que quand on est une femme, en plus, il faut prendre le temps d'être à l'écoute (dixit Ségolène qui aurait mieux fait de se taire, une fois de plus).

Je l'admets : Eric Zemmour a raison. On a sorti les femmes des fourneaux pour en faire une seconde armée de réserve de travailleurs exploités et pleins d'abnégation, elles sont aujourd'hui priées de se tenir à leur rôle de femme, à leurs "valeurs" de femmes. Mme Millet, directrice des ventes, est priée de redevenir ASAP Marie, dont il est autrefois tombé amoureux si elle veut qu'il reste.
Une pub licencieuse, une copie stratégique minable, une exécution sans inventivité aucune. Ni humanistes, ni bon publicitaires, c'est de la MERDE.


lundi 2 mars 2009

Ce que pensent les hommes, de Ken Kwapis

Mélancolie de la femelle occidentale - (N° whatever)
Ou la confiance à accorder à un barman est toute relative.

Si j'avais été pro, j'aurais fait des recherches avant d'y aller. Du coup, je me serai méfiée comme de la peste du type qui a fait "Permis de Mariage" avec Robin Williams. Mais une bande annonce marrante et décalée (relayée plus bas sur ce blog) m'a convaincue que ce n'était peut être pas "une autre comédie romantique", génie du marketing...

C'est un film qui commence extrêmement bien. Des tas de filles trentenaires dans des configurations amoureuses diverses se posent des questions sur les hommes et leur fiabilité.
Avec une très bonne idée qui casse l'aspect pénible du film choral, des testimoniaux façon "vrais gens dans la vraie vie" qui déballent leur sac et résument avec humour et âpreté ce que les personnages ne sauraient entendre.
Des jeunes femmes très différentes, et une au bord de gouffre, célibataire pot de colle et maniaque, qui s'humilie à poursuivre des types qui se fichent d'elle (on les comprend un peu) et à croire au prince charmant. 2ème bonne idée du film : elle tombe dans ses pérégrinations sur un barman (Justin Long).

Le barman, dans le film américain, symbolise la sagesse populaire. Il en voit des choses, depuis le tenancier de saloon, à Jude Law dans My blueberry Night en passant par Isaac de La croisière s'amuse. C'est un personnage plein de bon sens. Ici on ne déroge pas à la règle. Justin Long explique à la demoiselle qu'elle est pathétique, et qu'elle ne croit que ce qu'elle a envie de croire dans un subtil mélange d'auto persuasion, de pression sociale, de rêvasserie niaiseuse, intégration par la femme occidentale de bêtises sur le prince charmant qu'on lui a enfoncé dans le crâne depuis tant de générations qu'elles font aujourd'hui partie intégrante de son inconscient collectif. Une partie donc extrêmement audacieuse, si elle n'était contredite par le dénouement, le reste de histoire et le retour de la morale en grandes pompes à la fin du film.

Très très dommage.

Milk, de Gus Van Sant

Comme des garçons ++

C'est difficile le biopic. On sait souvent comment ça finit, même si la vie de Harvey Milk est moins connue chez nous. Et puis les ressorts scénaristiques sont souvent les même, compréhension du spectateur oblige. Les besoins didactiques nuisent au plaisir de celui ci.
Peu étonné, souvent captivé pour des raisons personnelles (J'ai adoré Walk The Line car j'adore Jonhnny Cash mais j'ai piqué du nez devant Ray alors que ce sont deux films à peu près similaires), le spectateur risque vite de s'ennuyer devant ces tentatives de raconter des histoires vraies.

C'est difficile mais Gus Van Sant s'en sort bien, notamment grâce à un scénario (oscarisé) qui s'intéresse à une décennie de la vie de Harvey Milk, les années 1970.
Gus Van Sant s'intéresse souvent au désespoir, à la perte de repère, à des individus tourmentés. Je me suis donc demandé ce qu'il faisait dans ce projet de film "historique". Je crois que ce qui fait la force du film, ce n'est pas le courage de Harvey Milk, pourtant exemplaire, c'est l'inexorabilité de la fin, les espoirs frustrés, les luttes auquelles on adhère mais qui ne sont que des gouttes d'eau.
Harvey Milk n'était qu'un conseillé municipal. Son œuvre est louable et symbolique, mais elle est bien peu de choses pour l'égalité des droits. Elle est bien isolée face au magma diffus, et sans idéologie dominante des revendications gays.
C'est la lucidité de ce film plein de lumière et de tendresse qui va vers la mort qui fait sa force, comme les idéaux des années 70 menés de force vers l'épidémie de sida qui devait restructurer la communauté gay dans le deuil et dans une nouvelle forme de marginalisation.