mardi 23 juin 2009

Le chapelier toqué vu par Tim Burton....

Si ça ne vous donne pas envie d'aller voir le Alice aux pays des merveilles de Tim Burton et l'expo qui lui sera consacrée au MOMA à partir de Novembre ...(voir le site)

lundi 22 juin 2009

Le sens de la vie pour 9,99 $, de Tatia Rosenthal

Le sens de la vie pour 9, 99 dollars +++ (Interview de Tatia Rosenthal)

Un splendidissime film d'animation ça n'arrive pas tous les jours. Un film d'animation qui allie poésie, justesse et réalisme encore moins. Ici, chaque jeu de lumière raconte une histoire que nous avons vécue,chaque personnage provoque en nous une émotion inédite dans l'animation, on est plus proche des personnages de Paul Auster que de Wallace & Gromit.
Nous avons interviewé Tatia Rosenthal, jeune réalisatrice de toute évidence très douée.


CinédeGabriel : Pourquoi votre film rend il si mélancolique ?

Tatia Rosenthal : Je pense que le film est mélancolique, alors en sortir mélancolique est la réaction adéquate...Je pense que c'est lié au réalisme de toutes les choses. Bien que magique (onirique) et en animation, le film explore la condition humaine avec une certaine honnêteté, de la même manière qu'Etgar Keret, l'auteur des nouvelles à partir desquelles le film est écrit, le fait dans ses nouvelles.

CG : Pouvez vous nous en dire plus sur le frère Peck qui accepte de se faire retirer les os par amour ? Il semble être l'un des personnages les plus équilibrés et pourtant il fait le choix le plus extrême. Pourquoi ?

TR : Les deux histoires d'amour du film sont réellement deux exemples parfaitement opposés d'un seul problème. Peut-on changer par amour ? Pour Lenny, la réponse est évidement OUI. Etgar dit parfois qu'il pense que Lenny a fait le choix que le rend heureux.


CG : Aimeriez faire des films en live ?

TR : J'adorerai faire des films en live, mais aussi plus films d'animation.

Merci à Tatia Rosenthal.

Le Jeu des affiches !



Un affiche s'est glissée dans ces peintures d'El Greco.
Même bleus angoissants, même maniérisme. Des silhouettes étirées, ouvertement mythologiques, distorsion et élongation des membres des créatures surnaturelles. Même fabuleuse utilisation de la lumière pour structurer l'espace et nous dire qu'ici, il se passe quelque chose de tout à fait hors du commun.
Des magnifiques cadeaux à gagner pour le premier ou la première qui trouve ou est l'affiche de film.
Un indice : c'est un film qui sort mercredi en France.
(cliquez sur l'image pour voir en plus gros).

mercredi 17 juin 2009

Terminator Renaissance, de McG

I ROBOT ++

J'attends à la borne électronique du ciné, j'ai 2 empotés devant.
J'apprends que la ligne 3 est bloquée cause "voyageur/ conducteur/ personnel", alors que j'aurais pu prendre la ligne 14 automatisée.
Amazon me livre tous les livres tout beaux.
J'erre à la Fnac à la recherche d'un truc précis.
Je suis au téléphone avec la dame de la Sécu.
Mon banquier m'annonce qu'il n'a pas de boîte mail.
On me livre mes courses.
Je fais la queue pour mon recommandé.
J'imprime mon billet d'avion car je pars demain...

Les machines sont mes amies et les vôtres, et une borne interactive ne me fera jamais ressentir qu'elle déteste sa vie et son job à la noix. Les machines se substituent à nos flemmes, à nos dégoûts. Contrairement aux animaux que nous avons condamnés à moyen terme, on peut changer leurs pièces, les améliorer, les renouveler.

Demain, un logiciel remplira mon frigo, un robot triera mes papiers et un automate m'amènera un thé pendant Nip Tuck, le robot c'est aussi l'ami du ménage heureux...

Je suis du côté des méchants, et pourtant j'aime beaucoup Terminator Renaissance.

On y est enfin, dans le futur, après l'apocalypse des machines, avec des survivants traqués comme des bêtes. John Connor, mi-prophète, mi-boyscout, passablement cinglé, tire le diable par la queue pour que perdure un peu d'espoir. Comme il est quand même humain, il va écouter son intuition et faire en sorte que son père (voir épisode 1) survive à la grande attaque du moment.

Peut être que McG a compris que le seul moyen de nous faire adhérer à la cause des humains était de les montrer comme ils sont. Égoïstes, peu rationnels, prêts à écouter leur libido en toute circonstance, sûr d'eux, quitte à y passer.

Et puis le voici qui déroule un superbe film d'action, avec des machines d'une méchanceté et d'une perversité sans nom, des robots géants transporteurs qui feraient passer les Transformers pour des conserves, Michael Ironside dans un incroyable sous marin russe, bref une mise en scène de talent, sans un temps mort, un image belle et différente qui rappelle la Californie du premier épisode, en cramée.

Là où il est malin, et séducteur, c'est quand il nous montre des tout petits humains se battre en équipe, en plan débrouille, bref avec leurs petits moyens, comme cet incroyable scène où John Connor fait tomber une moto-machine en tendant un fil sur sa route, comme dans les BD ou dans les Westerns...le message est passé.

Alors je regrette que le film reste sur les acquis de l'épisode 2 sur le thème "la machine peut faire preuve d'humanité", mais après le catastrophique épisode 3, on revient de loin.

Le scénario vire de l'intelligence au pathos les 5 dernières minutes. On s'est régalé d'action, de peur, de trouvailles, d'images incroyables, alors pardonnons, c'est notre nature.

lundi 15 juin 2009

Looking for Eric, de Ken Loach

+ Lettre de Ken L.

Je m'appelle Ken,

ça fait 40 ans que je fais des beaux films tristes. 40 ans que je suis marxiste, 40 ans que j'ai de la révolte dans les veines et du talent. Comme je suis un marxiste intelligent, je confonds judicieusement la petite et la grande histoire. Car j'aime les gens. Dans la Guerre d'Espagne, le conflit irlandais, dans les fermetures d'usines des tristes banlieues de mon Angleterre natale, je vois les drames humains avant tout, le frères séparés, les amants tués, les enfants privés de leurs parents, les parents privés des moyens d'aimer leurs enfants, et je parle de ça.

Dans mon monde, Billy Elliot ne devient pas connu à la fin. Et les patrons sont les gagnants, car ils n'ont pas de scrupules. Dans mon monde les enfants dévient plus souvent qu'ils ne rêvent, et les femmes pleurent souvent.
Voilà 40 ans que j'attends que les gens aillent mieux. On m'a primé à Cannes, on m'a dit que je racontais bien la souffrance. Mais peut être que le cinéma ne sert à rien. Car les gens ne vont pas beaucoup mieux.

Alors voilà, j'ai décidé de faire un film drôle, avec Eric Cantona; j'ai raconté l'histoire d'un type dépressif à qui son idole apparait. D'un type qui, grâce à Eric Cantona, reprend confiance en lui, et récupère un peu de bonheur, après beaucoup de casse. Cantona est fanfaron, et un peu magique.
Peut-être que le cinéma c'est déjà bien quand c'est un peu magique...j'ai du mal à tenir la distance sur le film comique, je suis trop révolté, ça déborde de partout. Allez, encore 40 ans de travail !

Les Beaux Gosses, de Riad Sattouf


++ La guerre des boutons.

Les Beaux Gosses est un film marrant, et bien vu socialement sur les affres de l'adolescence, les travers des prolos et ceux des bourgeois, un peu comme Le maître d'école, avec Coluche.

Je me suis interrogée sur l'emballement autour du film : Riad Sattouf est apparemment une pointure en BD, ce qui justifie une excitation certaine. Le passage à l'acte (cinématographique) du plasticien Steeve McQueen était une putain de bonne idée. Un accueil dithyrambique à Cannes...le film est apparemment déjà vendu à l'étranger sous le libellé "French Kissers". Et puis surtout, des boutons purulents, dans des teasings sur internet et au ciné, de l'adolescent moche, dégueu, dégoulinant de sébum.

Ça change de Zac Efron.

A la décharge de Riad Sattouf, il n'y a pas non plus des tonnes de films français drôles ces temps ci. Et le sien l'est par moment. Grâce à la création du microcosme de l'ado et de son pote, le mystère des filles, des personnages incroyablement justes sur l'adolescence, en gros plan ou en arrière plan, comme le type maladroit persécuté.

Et puis un truc plus agaçant et plus pertinent que les autres, l'adolescence comme quête de l'embourgeoisement. Je ne m'attendais pas à ça mais c'est drôlement bien vu.
Le moche et l'arabe veulent être des petit bourgeois. Le moche veut ressembler à Loïc, le caïd blond qui s'habille comme 50 cent, et sortir avec Aurore, petite bourge catho de province qui ne supporterait pas que ses parents divorcent. Camel se prend pour un métalleux et aime Laura, la pimbêche, qui fait régner sa loi de fifille à papa dans la cour de récré. Plus elle le maltraite, plus il s'accroche dans une dialectique de classe et de race assez sordide, puisque les parents de son copain Hervé l'appellent "le petit arabe" et que lui et sa coupe de cheveux improbable ne sont pas invités aux soirées.

Comme si l'adolescence était ce moment ou l'on apprenait qu'il fallait s'embourgeoiser ou mourir, endosser son rôle de faire valoir ami des petites stars, être leur mascotte un temps peut être, ou se marginaliser.
Sattouf montre des petits lâches, touchants, marrants, mais lâches, qui choisiront de se cloner.
Déprimant pour une comédie.

mardi 9 juin 2009

Vengeance, de Johnnie To



++ Western bol de riz

Je lisais récemment une critique du film taxant Johnnie To d'usurpateur. Vu l'estime que je porte à ce réalisateur génial, ça m'a un peu fâché. Un peu comme si Tarantino était accusé de plagiat. Les deux hommes renouvellent juste les genres qu'ils explorent avec la même force: un phénoménal sens du rythme et du contre-pied. C'est comme ça que l'histoire classique d'une vengeance devient passionnante. Du duel au clair de lune. Des boules de poussières. De l'étranger dans une ville hostile. Pas de doute, on est chez Sergio Leone.


Comme Leone, Johnnie To trouve toujours ces petites idées qui transforment une gunfight en scène à user du DVD. Il y en trois dans le film. Autant dire que le lecteur va tourner. Comme chez Leone, les personnages existent aussi entre les coups de fusil, à travers l'humour décalé et le talent des habitués de son univers Simon Yam ou Suet Lam.


Seule différence: Sergio Leone avait Clint Eastwood; Johnnie To a Johnny Hallyday. Pour info, c'est pas pareil. L'imper' et le chapeau en hommage au Samourai n'y change rien: un acteur a rarement aussi mal joué. Ca gâche le plaisir. Il n'y a que lors de ce sourire du dernier plan que l'on comprend que non, la chirurgie esthétique n'a pas figé à tout jamais le visage de l'idole des jeunes.

Maverick.

Confessions d'une accro du shopping, de P.J Hogan

+ Avec carrefour, je positive



Dans Terrain d'entente, les frères Farrelly racontaient en rigolant comment un fan hardcore de base-ball devait tempérer sa passion pour garder la femme de sa vie. Dans un raisonnement basique postulant que quand les hommes retournent à l'état sauvage devant un match de foot, les femmes perdent la raison face à une paire de chaussures, on pourrait postuler que Confessions... propose sa version féminine.


Dans Muriel, P.J Hogan essayait de prouver sans niaiserie qu'être moche et heureuse n'avait rien d'incompatible. Pas évident. Ici, pour éviter le superficiel, il adapte le principe de l'addiction: l'achat compulsif ne fait que combler un manque. Et c'est vrai que ce qui touche autant que ce qui consterne chez le supporter et chez la shoppeuse, c'est à la fois la sincérité de l'attachement et sa profonde vacuité.


P.J Hogan ne sort jamais du cadre propret de la comédie romantique mais s'offre quelques jolis moments (les mannequins qui prennent vie, les scènes avec John Goodman) et glisse au passage un beau discours sur la vraie mission du journaliste: rendre accessible à tous la complexité du monde. Y a pas mieux pour éviter de se faire entuber par la magie du crédit.


Maverick

mercredi 3 juin 2009

Un mariage de rêve , de Stephan Elliot

-- Le Tango pour les gogos.

Un mariage de rêve est une comédie romantique qui n'est ni drôle, ni romantique. Tels 230 588 autres pigeons qui avaient aimé le très joli Priscilla Folle du désert, j'y suis allée.
La vulgarité du film culmine avec une scène de Tango entre Jessica Biel et Colin Firth.
Le Tango, danse du désespoir et de la séduction, est peut être une danse de bordel, mais c'est une danse classe, une danse d'échange et de négociation sentimentale, bref, c'est le contraire d'un clip de Britney Spears.
C'était déjà pas brillant le Tango de Al Pacino dans le remake de Parfum de femme, et j'ai beau aimer Colin Firth, il faut être sacrément plein de préjugés pour demander à la pauvre Jessica Biel de se cambrer dans tous les sens et de jeter ses papattes en arrière langoureusement pour dire "elle a le sang chaud".
A croire que quand un anglo-saxon veut évoquer une sexualité plus active que celle d'un anglais ou d'un panda, il invoque le dieu tango-latino-retro. Ici la "latine" du coin est l'américaine face aux britanniques "fin de race".

Si vous aimez les films à base d'humour et si vous aimez le tango, faut pas y aller.
Si vous aimez lorsque Montalban fait dire à son héros, dans le Quintette de Buenos Aires, que le Tango est la plus courte distance entre la poésie et la vie, vous pouvez voir le Tango des Rachevski. Pas de blonde, pas de sexe (en tout cas ça m'a pas marqué), pas de gag cheap. Un très joli film de Sam Gabarski sur les coeurs qui tanguent.