vendredi 24 juillet 2009

Le Ciné de Gabriel déménage et devient le Blogbuster !

Le Blogbuster est nouveau blog pas encore fini mais déjà formidable avec des nouvelles chroniques de Ripley, de Maverick, du cinéma et des milliers d'étoiles. C'est ici !!! (cliquez sur ici)

lundi 20 juillet 2009

Fausta, de Claudia Llosa.

Cancion a la tierra de uno +++

Fausta est l’un des films les plus déprimants de l’année. C’est aussi l’un des plus beaux.
C’est un film qui fonctionne à travers les âges, et qui raconte le viol perpétuel de la terre-mère-indigène sud américaine et le désarroi perpétuel de ses enfants.

Pour raconter tout ça, Claudia Llosa, dont on peine à croire que c'est son deuxième film tant son image est passionnante, nous raconte l'histoire d’une jeune péruvienne, Fausta, à la mort de sa mère.

L’histoire de Fausta et de sa mère c’est l’histoire de l’Amérique latine hispanique. C’est l’histoire du viol originel de la terre, sacrée, par des espagnols, puis par des terroristes, puis par producteurs de pavots avides qui dépeuplent les villages, par des mirages ensuite, celui de la ville où l’on s’entasse en rejouant une parodie de l’american way of life, celui des révolutions non accompagnées de la redistribution de la terre longtemps confisquées par les colons et les multinationales bananières.

La jeune fille souffre du viol de sa mère par des terroristes pendant la grossesse de la mère, traumatisme dont elle croit se souvenir. Elle craint à son tour le viol. Son seul recours est une croyance syncrétique en la terre de son village. Elle doit y coucher sa mère si elle veut que celle-ci s’apaise enfin. L'autre recours est une pomme de terre qu’elle place dans son vagin pour se prémunir d’être violée à son tour.

Fausta peut paraître inculte et réactionnaire. Elle refuse la modernité viciée des bidonvilles où vit sa famille. Point de normalité n’est possible quand le passé ne cesse d’être volé, violé, comme ce chant quechua que lui vole son employeuse, musicienne blanche en mal d’inspiration, qui lui nie son identité en oubliant sans cesse son nom.

Si le mal de Fausta ne s’apaise pas c’est que c’est toute l’identité indigène qui ne se remet pas de ses traumatismes. Fausta est la douleur de l’identité précolombienne, qui ne cesse d’être maltraitée et qui parfois finit par se detester. Pas même sa famille ne reconnaît sa douleur et son besoin d’enterrer sa mère où elle est née, et aucun travail de reconstruction n’est possible si les traumatismes et les souffrances ne sont reconnus et admis. Les indiens eux même creusent des piscines ou la veille ils creusaient des tombes, à même la terre.

Rares sont les films à transmettre une telle souffrance sans misérabilisme, on suit Fausta en plan serrés, et on s’accroche progressivement à sa peine et à ses quêtes improbables, on rase les murs avec elle car les indiens quechuas craignent de voir leur âme enlevée en pleine rue. Rares sont aussi les films aussi beaux, ou une jeune fille mâche une fleur, ou le salut viendra d’un jardinier, et où l’espoir est aussi humble qu’une fleur de pomme de terre. Un immense talent et quelques rares souffles de légèreté le rendent supportable.

vendredi 17 juillet 2009

Public ennemies, de Michael Mann


+ Hold-up raté pour Maverick

Comme je l'ai vu récemment, je ne peux m'empêcher de comparer Public ennemies à Bonnie and Clyde. Deux histoires sur un couple de gangsters amoureux et populaires dans l'Amérique de la crise, ça se justifie. Et malgré tout le respect que je témoigne à Michael Mann, là, il s'est planté.

Planté sur le choix du numérique, si pertinent dans les nuits de Miami ou de Californie, mais tellement pas adapté au jour de Chicago. Ca ressemblerait presque à un film d'école parfois quand la texture de la pellicule rendait le film d'Arthur Penn si beau.

Planté sur le choix de Marion Cotillard et ses yeux de carpe. Mais c'est une habitude chez Michael. Les histoires d'amour n'ont jamais été les parties les plus réussies de ses (excellents) films. Ca quand même dû lui faire bizarre de tomber sur la Môme Cotillard après la sublime Gong Li. Et encore plus de tomber sur la faillite Marion après la Faye Dunaway, puant le sexe en Bonnie.

Planté sur le choix de son héros. Certes, John Edgar Hoover, le méchant du film, était une saloperie dans la vraie vie mais pas assez pour transformer John Dillinger en Robin des Bois. Il volait pour acheter des blousons en fourrure à sa pétasse. Il refusait l'argent des pauvres mais volait celui des banques. Euh, c'est pas pareil, au fait?

Planté sur la fin. J'ai pas vérifié si l'anecdote finale était véridique. Quoiqu'il en soit, elle est toute naze.

Sabordage pour Ripley +

Public ennemies est la confrontation du génie formel de M. Mann et d’une lassitude totale de l’auteur pour son sujet, le cinéma. Ne nous leurrons pas, il ne s’agit pas d’un film de gangsters, mais d’un film sur les figures imposées, contraintes, adorées, honnies du cinéma américain, d'où la pertinence de la comparaison de Maverick.
Tout le film repose sur cette tension entre les deux.

Michael Mann, immense réalisateur s'il en est, se saborde en faisant un film qu'il refuse littéralement de rendre intéressant. Je ne pense pas que le choix du numérique soit un problème. Je pense que c'est comme une déclaration de guerre au cinéma qui ressemble au cinéma. Et je trouve souvent le résultat très réussi, comme quand Christian Bale tremblote en allumant son cigare.

Il n'empêche le film est ennuyeux. Le scénario est d'un classicisme triste. Michael Mann ne se divertit plus au cinéma, et il ne nous divertit plus non plus, il n'a pas l'air d'aller bien du tout. Déception.

L'âge de glace 3, de Carlos Saldanha

++ L'âge du renoncement

Sid fait toujours rire avec ses maladresses, les décors bâclés rappellent toujours qu'on n'est pas chez Pixar et pourtant il y a du nouveau qui rend cet Age de glace un peu moins préhistorique. Car chaque personnage y renonce à quelque chose au nom du principe de réalité. Et après une heure 45, comme dans tout bon dessin animé, les enfants ressortent de la salle avec une conscience un peu plus grande de ce que grandir veut dire.

Sid veut être maman de petits tyrannosaures mais il doit bien se rendre à l'évidence. On ne rend pas végétariens des carnivores. On ne change pas ce qu'on est.
Manny le mammouth se croyait le plus gros animal sur terre mais il fait face à d'immenses dinosaures. Il y a toujours plus fort que soi et on a toujours besoin des autres.
Pendant un temps, Scrat croit pouvoir changer son destin de Coyote des années 2000. Il tombe amoureux d'une petite garce et se lance dans une vie de couple. Mais l'appel du gland reste le plus fort. L'amour vrai gagne à chaque fois.

Diego est fier, dangereux et solitaire. Sauf qu'il vieillit, qu'il s'essouffle et qu'il a peur. L'âge nous rattrape tous. Et finira peut-être par rattraper Buck, incapable d'envisager sa vie sans la mettre en danger quotidiennement face à Rudi, l'horrible dinosaure. Buck, c'est l'ami qu'on a tous. Celui au choix de vie alternatif qu'on envie et qu'on plaint à la fois.

mercredi 15 juillet 2009

Amerrika de Cherien Dabis

+ Emigration choisie

Lassée d'être traitée comme une terroriste, Mouna quitte la Palestine pour rejoindre les Etats-Unis, où elle est traitée comme...une terroriste. La Palestine, le terrorisme, les Arabes, c'est juste un fond. Parce qu'au fond, toutes les histoires de migrations se ressemblent. Un émigré va toujours là où il n'a pas vraiment envie d'aller et où on n'a pas vraiment envie de vous voir. Même aux Etats-Unis.

A la télévision, des bateaux d'Albanais qui s'échouent sur les côtes italiennes, ça inquiète. Au cinéma, ça touche. Parce qu'un film donne un visage. Comme celui, rond, candide et optimiste, de Mouna. Celui de sa soeur a les traits plus durs. Sa soeur, c'est celle qui n'a jamais cru au rêve américain, qui fantasme un bled idéalisé, qui ne veut pas manger de cheese-burger, qui n'accepte pas que sa fille se sente plus d'ici que de là-bas.
L'une se bat pour s'intégrer. L'autre résiste pour ne pas s'assimiler.
Le combat est touchant des deux côtés.

dimanche 12 juillet 2009

Lascars de Albert Pereira Lazaro et Emmanuel Klotz

++ Banlieue superstar

Parce que la banlieue ne produit pas que des bons joueurs de foot et des rappeurs intéressants. Ceux qui y vivent s'y reconnaîtront, ceux qui ne la connaissent pas la découvriront. Les deux catégories rigoleront. Parce que c'est drôle et égalitaire dans la caricature. Les lascars bavards, les policiers bourrés, les bourgeois pantois, tout le monde prend cher.

En plus, le doublage est très bon.

Maverick

Who's that knocking at my door? de Martin Scorsese

++ Naissance d'un maître

Un film dans lequel un type lève une fille en lui parlant de La prisonnière du désert de John Ford ne peut être foncièrement mauvais. Ca n'ira pas plus loin dans la digression cinéphilique, défaut classique du jeune diplômé d'école de cinéma. Faut dire que c'est un futur maître derrière la caméra. A cette époque, Scorsese ne sait pas encore que quelques années plus tard, ce sont avec ses films que d'autres jeunes diplômés testeront leur cinéphilie.

Voir Who's that knocking at my door? 40ans après, c'est comme tomber sur de vieilles photos de famille. Toutes les bases de l'univers scorsesien sont déjà posées: audace formelle, sens du rythme et du montage, interrogations religieuses (catholiques dans le cas de Martin), gangstérisme, vie de groupe, Little Italy, BO haute qualité...

Martin Scorsese a alors les préoccupations d'un mec de son âge, accentuées par son éducation catholique. Fille d'une nuit ou pour la vie? Paraît que la scène où défilent des putes déshabillées sur une musique des Doors était une demande-express d'un producteur de films porno qui avait aidé à boucler le budget. Elle arrive comme un cheveu sur la soupe en plein milieu d'une discussion entre le personnage d'Harvey Keitel (déjà électrisant dans son premier rôle) et sa petite amie. Ca ajoute au côté expérimental de l'ensemble. Dimension déjà perçue à travers le début du film où s'enchainent sans dialogue une séquence de maman qui cuisine avec une autre de bagarre dans la rue. On ressort de la salle avec l'envie de se refaire toute la filmographie de Scorsese. Y a pire. Y a mieux?

Maverick

mercredi 8 juillet 2009

Very Bad Trip, de Todd Phillips

+++ Very Good Movie

Les traducteurs français sont pénibles mais cohérents. Traduire un titre anglais The Hangover (la gueule de bois) par un autre titre anglais Very Bad Trip, ça peut sembler peut sembler complètement con. Mais bon, il y a 10 ans, Very Bad Things, récit d'un enterrement de vie de garçon qui tournait mal à Las Vegas, ramenait 600 000 spectateurs en salle. Alors pourquoi pas y faire référence de manière appuyée pour un film qui raconte un enterrement de vie de garçon qui tourne mal à Las Vegas.

La version 2009 est nettement moins glauque et beaucoup, beaucoup plus drôle. L'enterrement de vie de garçon à l'américaine, c'est un peu comme Halloween. En France, on sait pas faire. On envoie un type faire des bisous aux touristes devant Notre-Dame après un bon petit karting. Les binouzes, les strip-teaseuses, tout ça, c'est pas encore entré dans notre culture. On recevra donc peut-être pas le film comme aux Etats-Unis (succès suprise, suite déjà en route) mais on sera bien obligé de se rendre compte que c'est un bon film.

L'effet comique revient plus à la construction qu'aux péripéties. Le spectateur découvre en même temps que les personnages toutes les conneries qu'ils ont oubliées. Ne pas rater le générique de fin donc qui fait vite oublier une dernière séquence un peu trop bien pensante. Rien pour empêcher Very Bad Trip de rejoindre le top des films très marrants sur le mariage et ses environs.

Maverick

Avis de Ripley

Mélancolie du mâle occidental 2

J'ai envie de rajouter que l'Amérique est un grand pays de cinéma. D'abord parce que si le film est immensément drôle, c'est parce qu'il s'autorise toutes les transgressions possibles. Las Vegas a inspiré de nombreux films, tous ont ce dénominateur commun bien connu des touristes, plus on est loin de chez soi moins on obéit à des règles sociales et civiles. Las Vegas c'est l'ailleurs du grand n'importe quoi. Ici, aucun politiquement correct qui vaille, une rare violence donc. Le politiquement correct est mort quand on rigole de la masturbation du nourrisson.

Et cette violence formelle permet de parler de l'emprisonnement de mâle occidental dévirilisé, obligé d'aller s'encanailler pour retrouver l'état sauvage, fuir ce qui doit irrémédiablement arriver, à savoir le mariage. J'aime beaucoup le personnage de la prostituée stripteaseuse qui allaite au grand cœur; qui dit que loin des conventions, au pays de la débauche, il y a des vrais filles bien. Encore faut il que ces messieurs se donnent les moyens de recouvrer leur liberté.

Les Super Héros, l'Amérique et nous.

Pas mieux +++

Un super article sur le blog POSITIVE sur le travail de Dulce Pinzon.
A découvrir ici.
Vite !

lundi 6 juillet 2009

Tellement proches, de Eric Toledano et Olivier Nakache

Allez hop, à Créteil ! +

Exit le ciné français prise de tête, le polar psychologique. Après la colo (nos jours heureux), la famille. Olivier Nakache et Eric Toledano nous parlent de trucs qu'on connait. Madeleine de proust, impression de déjà vu, votre belle soeur est une morue ? C'est fou tout ce qu'on en commun, finalement, avec les gens.
Nakache et Toledano aiment bien les bons sentiments (ils adorent ça). Même la morue a ses raisons et finit par forcer la sympathie, vous n'y échapperez pas. Quelques scènes rappellent le père Noël est une ordure, bref, c'est bien écrit et marrant par intermittence, mal rythmé et geignard souvent.

Tellement proches, vu sur des conseils avisés, est soit une comédie gentillette, soit un bon téléfilm.

jeudi 2 juillet 2009

Transformers 2 (la revanche) de Michael Bay


++ Un homme seul trahi par son pays devient son seul espoir.

Chez Michael Bay, il fait toujours soleil, les personnages transpirent, les animaux copulent face caméra (des rats dans Bad Boys 2, des chiens ici), un représentant d'une minorité hurle de peur (un noir dans Tranformers, un latino dans la suite), les voitures vont vite et les filles sont pas farouches (Liv Tyler, Téa Léoni, Scarlett Johansson, Megan Fox). Ca s'appelle le mauvais goût, qualité (?) héritée de sa carrière dans la pub à grand spectacle, et c'est ce qu'on lui reproche en général.


Il est comme ça Michael Bay. Turbulent. Comme Maverick dans Top Gun, seulement heureux à Mach 2, faut que ça aille vite. Les scènes sans explosions ou sans course-poursuites, ça l'ennuie alors il en fait un truc nerveux avec des personnages hystériques et sous pression (l'homosexualité de Will Smith imaginée par Téa Léoni dans Bad Boys, Ben Affleck échappant au père de sa copine dans Armageddon, Martin Lawrence shooté à l'extasy dans Bad Boys 2, Nicolas Cage malmené par Sean Connery dans The Rock, l'hilarant parano John Turturro dans Transformers 2). Les dialogues s'enchaînent à la vitesse des changements de plan. Cette agitation perpétuelle a quelque chose de touchant. Peut-être qu'il s'imagine qu'une pause, c'est un spectateur de perdu.


Mais la limite entre répétition et autocitation est tenue. Un peu comme chez Besson. Dire qu'il retravaille ses thèmes de prédilection serait accorder à son travail une profondeur qu'il ne revendique de toute façon pas. Reste une évidence: Michael Bay n'a pas d'égal dans le cinéma "plein la gueule". Et il offre à chaque film, un plan qui colle aux pupilles. Dans Transformers 2, ça implique Megan Fox et un hélicoptère. Et oui, Michael Bay a mauvais goût mais il a aussi du respect pour les 10 euros que dépense un spectateur.

Maverick

Whatever works de Woody Allen

+++ On va tous mourir (selon Maverick)

Je me demande comment Woody Allen fait pour rester en phase avec le monde en restant aussi imperméable à son évolution culturelle. Je me rappelle d'un quizz comédie musicale à l'occasion de la promo de Tout le monde dit I love you. Il était incapable de reconnaître une chanson de Grease. Son sport préféré, c'est le base-ball, soit le jeu le plus à l'ancienne qui soit aux Etats-Unis. Là, la télé diffuse un film avec Fred Astaire. Le héros nie tout intérêt à la dance music et veut réécouter Beethoven. Son pote va voir de vieux films japonais. La solution d'Allen pour pas passer pour un sale réac: mettre en scène des ploucs sudistes, incultes, racistes, armés et religieux devenant des assidus des vernissages new-yorkais. Mouais.

Et pourtant, son film est génial. D'abord parce qu'il y a New York et que Barcelone, Londres, tout ça, c'est bien gentil mais Woody Allen, ça reste Manhattan. Ensuite parce que le personnage principal, bien que pas très bien joué par Larry David, c'est Woody Allen (hautain, névrosé, cultivé et tout et tout). Aussi parce que c'est drôle. Et surtout parce que la première et la dernière scène, bien que pas franchement les plus subtiles de sa filmographie, offrent un point de vue cynique (donc réaliste) sur la vie que personne n'a le droit de ne pas partager.

A l'année prochaine Woody. Comme d'habitude.


Tout le monde dit "Woody" +++ (selon Ripley)

Woody Allen est à New York ce que le vin est à la France, ce que l'absence de démocratie est à la Russie, ce que Picasso est à l'Espagne. Une indémodable constante devenue un incontournable symbole. Comme j'aime les constantes et les clichés, j'étais rassurée par son retour à NY après sa balade européenne au bilan mitigé.

Alors c'est sur, Larry David n'est pas Javier Bardem. Mais Woody, il est bel et bien de retour.

Réalisateur fou, avec des moyens qu'on devine limités, qui laisse paraitre la lumière New Yorkaise, qui filme dans des parcs pas nickels et des arrières salles crades comme il y en a peu, un New-York redevenu de cinéma indépendant, parfait pour y voir des vrais New Yorkais fantasmés mais crédibles, un New York bloqué dans le temps de cette fin d'après midi dans laquelle il fixe le temps du cinéma.

Réalisateur enlevé, avec un film qui n'arrête plus de monter en régime. Passées 15 premières minutes laborieuses, ça rigole de part en part dans la salle. Ça fait bien longtemps qu'on ne dit plus humour juif ahkenaze new yorkais, mais Woody Allen. Seinfeld n'est pas dupe. Et ça ce n'est pas un cliché.
Woody Allen rythme, il est au théâtre, il enfonce les portes, fait sortir les parents du placard, sans aucune retenue, et c'est drôlement bien dirigé. Et puis c'est malin aussi, tous ces ploucs auxquels on finit par accorder notre sympathie, tandis que Woody Allen se détache de son double filmé cynique et casse-couille, qui est de plus en plus de trois quart et de moins en moins attachant à mesure que le film avance. Woody Allen est misanthrope mais contrairement à Michael Mann, il prend encore son pied à faire des films et c'est ça qu'il préfère mettre en lumière plutôt que son mépris de l'engeance humaine.

Enfin Woody Allen est un auteur unique. Il a son genre, son discours, ses blagues. Et sa fixette, qu'il triture de temps en temps, sur qu'est que c'est que "raconter une bonne histoire", sur tout le mérite qui est à rendre à ceux qui savent bien raconter les histoires, ceux qui savent divertir, ceux qui sont des créateurs. C'est un magicien qui n'a jamais hésité à mélanger le théâtre, le cabaret, la comédie musicale, le burlesque. Point de tarte à la crème dont on puisse s'absoudre pour que ça marche.
Et c'est dans ce capharnaüm amusé et délirant, où il n'hésite pas à faire dire "c'est parfois avec des clichés qu'on transmet le mieux une idée" qu'on comprend que Whatever works est un bon Woody Allen, digne de Deconstructing Harry, un de mes préférés, qui ne peut dissocier éloge de la création et peur de la mort. Mais qui le fait toujours avec infiniment d'humour.

Jaffa de Keren Yedaya


++ Notre belle famille

Maxime Le Forestier l'a dit il y a longtemps. On choisit pas sa famille. On choisit pas non plus les trottoirs de Manille, de Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher. Alors si Mali sait bien que son frère est un petit con paumé, elle fait avec en marchant dans la nuit sur les trottoirs de Jaffa, non loin de Tel Aviv. Elle l'aime quand même. Elle marche la nuit pour retrouver en secret son amoureux que tout la poussait à ne pas choisir. Alors si Toufik est arabe et qu'elle est juive, elle l'aime quand même.

Tout est en place pour un drame aux circonstances étouffantes.

Keren Yedaya raconte une histoire qui aurait pu finir en tragédie grecque, à l'image d'un James Gray (la présence de l'acteur Moni Moshonov, vu dans Two Lovers et La nuit nous appartient m'incite à la comparaison). Mais elle fait le choix de ne montrer la famille de Mali qu'à table ou devant la télé. Dans sa version foyer. Juste pour montrer comment une guerre impacte au quotidien une société. Sans attentat, sans check-point, sans géopolitique. Poussant certains à choisir de renoncer à leur famille. Et à leur pays?
Maverick

mardi 23 juin 2009

Le chapelier toqué vu par Tim Burton....

Si ça ne vous donne pas envie d'aller voir le Alice aux pays des merveilles de Tim Burton et l'expo qui lui sera consacrée au MOMA à partir de Novembre ...(voir le site)

lundi 22 juin 2009

Le sens de la vie pour 9,99 $, de Tatia Rosenthal

Le sens de la vie pour 9, 99 dollars +++ (Interview de Tatia Rosenthal)

Un splendidissime film d'animation ça n'arrive pas tous les jours. Un film d'animation qui allie poésie, justesse et réalisme encore moins. Ici, chaque jeu de lumière raconte une histoire que nous avons vécue,chaque personnage provoque en nous une émotion inédite dans l'animation, on est plus proche des personnages de Paul Auster que de Wallace & Gromit.
Nous avons interviewé Tatia Rosenthal, jeune réalisatrice de toute évidence très douée.


CinédeGabriel : Pourquoi votre film rend il si mélancolique ?

Tatia Rosenthal : Je pense que le film est mélancolique, alors en sortir mélancolique est la réaction adéquate...Je pense que c'est lié au réalisme de toutes les choses. Bien que magique (onirique) et en animation, le film explore la condition humaine avec une certaine honnêteté, de la même manière qu'Etgar Keret, l'auteur des nouvelles à partir desquelles le film est écrit, le fait dans ses nouvelles.

CG : Pouvez vous nous en dire plus sur le frère Peck qui accepte de se faire retirer les os par amour ? Il semble être l'un des personnages les plus équilibrés et pourtant il fait le choix le plus extrême. Pourquoi ?

TR : Les deux histoires d'amour du film sont réellement deux exemples parfaitement opposés d'un seul problème. Peut-on changer par amour ? Pour Lenny, la réponse est évidement OUI. Etgar dit parfois qu'il pense que Lenny a fait le choix que le rend heureux.


CG : Aimeriez faire des films en live ?

TR : J'adorerai faire des films en live, mais aussi plus films d'animation.

Merci à Tatia Rosenthal.

Le Jeu des affiches !



Un affiche s'est glissée dans ces peintures d'El Greco.
Même bleus angoissants, même maniérisme. Des silhouettes étirées, ouvertement mythologiques, distorsion et élongation des membres des créatures surnaturelles. Même fabuleuse utilisation de la lumière pour structurer l'espace et nous dire qu'ici, il se passe quelque chose de tout à fait hors du commun.
Des magnifiques cadeaux à gagner pour le premier ou la première qui trouve ou est l'affiche de film.
Un indice : c'est un film qui sort mercredi en France.
(cliquez sur l'image pour voir en plus gros).

mercredi 17 juin 2009

Terminator Renaissance, de McG

I ROBOT ++

J'attends à la borne électronique du ciné, j'ai 2 empotés devant.
J'apprends que la ligne 3 est bloquée cause "voyageur/ conducteur/ personnel", alors que j'aurais pu prendre la ligne 14 automatisée.
Amazon me livre tous les livres tout beaux.
J'erre à la Fnac à la recherche d'un truc précis.
Je suis au téléphone avec la dame de la Sécu.
Mon banquier m'annonce qu'il n'a pas de boîte mail.
On me livre mes courses.
Je fais la queue pour mon recommandé.
J'imprime mon billet d'avion car je pars demain...

Les machines sont mes amies et les vôtres, et une borne interactive ne me fera jamais ressentir qu'elle déteste sa vie et son job à la noix. Les machines se substituent à nos flemmes, à nos dégoûts. Contrairement aux animaux que nous avons condamnés à moyen terme, on peut changer leurs pièces, les améliorer, les renouveler.

Demain, un logiciel remplira mon frigo, un robot triera mes papiers et un automate m'amènera un thé pendant Nip Tuck, le robot c'est aussi l'ami du ménage heureux...

Je suis du côté des méchants, et pourtant j'aime beaucoup Terminator Renaissance.

On y est enfin, dans le futur, après l'apocalypse des machines, avec des survivants traqués comme des bêtes. John Connor, mi-prophète, mi-boyscout, passablement cinglé, tire le diable par la queue pour que perdure un peu d'espoir. Comme il est quand même humain, il va écouter son intuition et faire en sorte que son père (voir épisode 1) survive à la grande attaque du moment.

Peut être que McG a compris que le seul moyen de nous faire adhérer à la cause des humains était de les montrer comme ils sont. Égoïstes, peu rationnels, prêts à écouter leur libido en toute circonstance, sûr d'eux, quitte à y passer.

Et puis le voici qui déroule un superbe film d'action, avec des machines d'une méchanceté et d'une perversité sans nom, des robots géants transporteurs qui feraient passer les Transformers pour des conserves, Michael Ironside dans un incroyable sous marin russe, bref une mise en scène de talent, sans un temps mort, un image belle et différente qui rappelle la Californie du premier épisode, en cramée.

Là où il est malin, et séducteur, c'est quand il nous montre des tout petits humains se battre en équipe, en plan débrouille, bref avec leurs petits moyens, comme cet incroyable scène où John Connor fait tomber une moto-machine en tendant un fil sur sa route, comme dans les BD ou dans les Westerns...le message est passé.

Alors je regrette que le film reste sur les acquis de l'épisode 2 sur le thème "la machine peut faire preuve d'humanité", mais après le catastrophique épisode 3, on revient de loin.

Le scénario vire de l'intelligence au pathos les 5 dernières minutes. On s'est régalé d'action, de peur, de trouvailles, d'images incroyables, alors pardonnons, c'est notre nature.

lundi 15 juin 2009

Looking for Eric, de Ken Loach

+ Lettre de Ken L.

Je m'appelle Ken,

ça fait 40 ans que je fais des beaux films tristes. 40 ans que je suis marxiste, 40 ans que j'ai de la révolte dans les veines et du talent. Comme je suis un marxiste intelligent, je confonds judicieusement la petite et la grande histoire. Car j'aime les gens. Dans la Guerre d'Espagne, le conflit irlandais, dans les fermetures d'usines des tristes banlieues de mon Angleterre natale, je vois les drames humains avant tout, le frères séparés, les amants tués, les enfants privés de leurs parents, les parents privés des moyens d'aimer leurs enfants, et je parle de ça.

Dans mon monde, Billy Elliot ne devient pas connu à la fin. Et les patrons sont les gagnants, car ils n'ont pas de scrupules. Dans mon monde les enfants dévient plus souvent qu'ils ne rêvent, et les femmes pleurent souvent.
Voilà 40 ans que j'attends que les gens aillent mieux. On m'a primé à Cannes, on m'a dit que je racontais bien la souffrance. Mais peut être que le cinéma ne sert à rien. Car les gens ne vont pas beaucoup mieux.

Alors voilà, j'ai décidé de faire un film drôle, avec Eric Cantona; j'ai raconté l'histoire d'un type dépressif à qui son idole apparait. D'un type qui, grâce à Eric Cantona, reprend confiance en lui, et récupère un peu de bonheur, après beaucoup de casse. Cantona est fanfaron, et un peu magique.
Peut-être que le cinéma c'est déjà bien quand c'est un peu magique...j'ai du mal à tenir la distance sur le film comique, je suis trop révolté, ça déborde de partout. Allez, encore 40 ans de travail !

Les Beaux Gosses, de Riad Sattouf


++ La guerre des boutons.

Les Beaux Gosses est un film marrant, et bien vu socialement sur les affres de l'adolescence, les travers des prolos et ceux des bourgeois, un peu comme Le maître d'école, avec Coluche.

Je me suis interrogée sur l'emballement autour du film : Riad Sattouf est apparemment une pointure en BD, ce qui justifie une excitation certaine. Le passage à l'acte (cinématographique) du plasticien Steeve McQueen était une putain de bonne idée. Un accueil dithyrambique à Cannes...le film est apparemment déjà vendu à l'étranger sous le libellé "French Kissers". Et puis surtout, des boutons purulents, dans des teasings sur internet et au ciné, de l'adolescent moche, dégueu, dégoulinant de sébum.

Ça change de Zac Efron.

A la décharge de Riad Sattouf, il n'y a pas non plus des tonnes de films français drôles ces temps ci. Et le sien l'est par moment. Grâce à la création du microcosme de l'ado et de son pote, le mystère des filles, des personnages incroyablement justes sur l'adolescence, en gros plan ou en arrière plan, comme le type maladroit persécuté.

Et puis un truc plus agaçant et plus pertinent que les autres, l'adolescence comme quête de l'embourgeoisement. Je ne m'attendais pas à ça mais c'est drôlement bien vu.
Le moche et l'arabe veulent être des petit bourgeois. Le moche veut ressembler à Loïc, le caïd blond qui s'habille comme 50 cent, et sortir avec Aurore, petite bourge catho de province qui ne supporterait pas que ses parents divorcent. Camel se prend pour un métalleux et aime Laura, la pimbêche, qui fait régner sa loi de fifille à papa dans la cour de récré. Plus elle le maltraite, plus il s'accroche dans une dialectique de classe et de race assez sordide, puisque les parents de son copain Hervé l'appellent "le petit arabe" et que lui et sa coupe de cheveux improbable ne sont pas invités aux soirées.

Comme si l'adolescence était ce moment ou l'on apprenait qu'il fallait s'embourgeoiser ou mourir, endosser son rôle de faire valoir ami des petites stars, être leur mascotte un temps peut être, ou se marginaliser.
Sattouf montre des petits lâches, touchants, marrants, mais lâches, qui choisiront de se cloner.
Déprimant pour une comédie.

mardi 9 juin 2009

Vengeance, de Johnnie To



++ Western bol de riz

Je lisais récemment une critique du film taxant Johnnie To d'usurpateur. Vu l'estime que je porte à ce réalisateur génial, ça m'a un peu fâché. Un peu comme si Tarantino était accusé de plagiat. Les deux hommes renouvellent juste les genres qu'ils explorent avec la même force: un phénoménal sens du rythme et du contre-pied. C'est comme ça que l'histoire classique d'une vengeance devient passionnante. Du duel au clair de lune. Des boules de poussières. De l'étranger dans une ville hostile. Pas de doute, on est chez Sergio Leone.


Comme Leone, Johnnie To trouve toujours ces petites idées qui transforment une gunfight en scène à user du DVD. Il y en trois dans le film. Autant dire que le lecteur va tourner. Comme chez Leone, les personnages existent aussi entre les coups de fusil, à travers l'humour décalé et le talent des habitués de son univers Simon Yam ou Suet Lam.


Seule différence: Sergio Leone avait Clint Eastwood; Johnnie To a Johnny Hallyday. Pour info, c'est pas pareil. L'imper' et le chapeau en hommage au Samourai n'y change rien: un acteur a rarement aussi mal joué. Ca gâche le plaisir. Il n'y a que lors de ce sourire du dernier plan que l'on comprend que non, la chirurgie esthétique n'a pas figé à tout jamais le visage de l'idole des jeunes.

Maverick.

Confessions d'une accro du shopping, de P.J Hogan

+ Avec carrefour, je positive



Dans Terrain d'entente, les frères Farrelly racontaient en rigolant comment un fan hardcore de base-ball devait tempérer sa passion pour garder la femme de sa vie. Dans un raisonnement basique postulant que quand les hommes retournent à l'état sauvage devant un match de foot, les femmes perdent la raison face à une paire de chaussures, on pourrait postuler que Confessions... propose sa version féminine.


Dans Muriel, P.J Hogan essayait de prouver sans niaiserie qu'être moche et heureuse n'avait rien d'incompatible. Pas évident. Ici, pour éviter le superficiel, il adapte le principe de l'addiction: l'achat compulsif ne fait que combler un manque. Et c'est vrai que ce qui touche autant que ce qui consterne chez le supporter et chez la shoppeuse, c'est à la fois la sincérité de l'attachement et sa profonde vacuité.


P.J Hogan ne sort jamais du cadre propret de la comédie romantique mais s'offre quelques jolis moments (les mannequins qui prennent vie, les scènes avec John Goodman) et glisse au passage un beau discours sur la vraie mission du journaliste: rendre accessible à tous la complexité du monde. Y a pas mieux pour éviter de se faire entuber par la magie du crédit.


Maverick

mercredi 3 juin 2009

Un mariage de rêve , de Stephan Elliot

-- Le Tango pour les gogos.

Un mariage de rêve est une comédie romantique qui n'est ni drôle, ni romantique. Tels 230 588 autres pigeons qui avaient aimé le très joli Priscilla Folle du désert, j'y suis allée.
La vulgarité du film culmine avec une scène de Tango entre Jessica Biel et Colin Firth.
Le Tango, danse du désespoir et de la séduction, est peut être une danse de bordel, mais c'est une danse classe, une danse d'échange et de négociation sentimentale, bref, c'est le contraire d'un clip de Britney Spears.
C'était déjà pas brillant le Tango de Al Pacino dans le remake de Parfum de femme, et j'ai beau aimer Colin Firth, il faut être sacrément plein de préjugés pour demander à la pauvre Jessica Biel de se cambrer dans tous les sens et de jeter ses papattes en arrière langoureusement pour dire "elle a le sang chaud".
A croire que quand un anglo-saxon veut évoquer une sexualité plus active que celle d'un anglais ou d'un panda, il invoque le dieu tango-latino-retro. Ici la "latine" du coin est l'américaine face aux britanniques "fin de race".

Si vous aimez les films à base d'humour et si vous aimez le tango, faut pas y aller.
Si vous aimez lorsque Montalban fait dire à son héros, dans le Quintette de Buenos Aires, que le Tango est la plus courte distance entre la poésie et la vie, vous pouvez voir le Tango des Rachevski. Pas de blonde, pas de sexe (en tout cas ça m'a pas marqué), pas de gag cheap. Un très joli film de Sam Gabarski sur les coeurs qui tanguent.

samedi 30 mai 2009

17 ans encore, de Burr Steers



+ La revanche du geek

Mike O'Donnell, raté de 35 ans, perd son boulot mais retrouve son corps d'adolescent. Personne ne le sait, surtout pas sa femme qui vient de le quitter et ses enfants qui ne lui adressent plus la parole, sauf son meilleur ami Ned Gold. 20 ans plus tôt, Ned était le genre de mec à finir jeté dans une poubelle par l'équipe de foot. Aujourd'hui, il fait la grasse matinée et compte ses dollars grâce au succès d'un logiciel révolutionnaire.

Les quiproquos liés à la nouvelle situation de Mike, joué à l'âge adulte par Matthew Perry (ça sent la fin de carrière à la Winona Ryder dans Star Trek), servent de base comique au film. Mais pour réussir une comédie, il faut un second rôle fort. Ici, le roomate bilingue en elfique et adepte de la mystery method remplace avantageusement le quarterback obsédé sexuel, le noir de service ou l'homo sarcastique.

On vit dans un monde capitaliste. L'argent donne de la valeur aux gens. Bill Gates et Internet sont passés par là donc le geek n'est plus condamné à finir informaticien célibataire. Les succès de 40 ans, toujours puceau ou du rigolo sitcom The Big Band Theory le prouvent: il est même en voie de coolisation. Que de chemin parcouru depuis Sauvez par le gong et ses nerds à bretelles!

Dans 17 ans encore, les filles -les jeunes en tout cas- veulent croquer le minois de Zac Efron (inconstestable présence) mais les garçons veulent cambrioler la maison de Thomas Lennon (aussi très drôle dans le prochain I love you, man), son masque corynthien, ses sabre-lasers et son lit en forme de...non, je laisse la surprise mais ouah, quel lit!
Maverick

jeudi 28 mai 2009

District 9/ Des aliens, du viral, du cinéma !

C'est le futur, ou la réalité alternative.
Les ET sont là mais on ne les aime pas, on est comme ça nous les humains, on a peur des autres.

LA MNU Multinational United, énorme consortium militaro-industriel, curieusement brandé aux couleurs de l'ONU recrute à mort et se targue de maintenir notre sécurité (voir le site).
Mais tout le monde n'est pas d'accord pour qu'on discrimine les Aliens, à commencer par eux, qui sont persécutés par le MNU. L'un d'entre eux tient un blog, en language d'Alien mais on peut le traduire (ça c'est rudement cool), donne de ses nouvelles, car les résistants et leurs amis se cachent (voir le blog).

Voilà l'environnement créé pour le Disctrict 9, le film de Neill Blomkamp. Je trouve ça très malin. Alors on peut regretter que les deux sites soient regroupés sur le site du film, mais le dispositif est vraiment très immersif. J'ai même signé la pétition pour l'égalité de droit de aliens...

Et pour en rajouter une bande annonce façon docu-enquête avec des vrais gens. On pense à la série V mais on est déjà bien au delà, voilà qui donne envie d'y aller...

mercredi 27 mai 2009

Pour comprendre à quoi servent et comment fonctionnent les réseaux sociaux

Hey Jude ! par T mobile.

T mobile, qui faisait danser dans les gares, fait chanter dans les rues.
Encore un happening frais et marrant.

mardi 26 mai 2009

Travail, famille et patrie chez Telemarket.

Quel joli mail j'ai reçu tout à l'heure, de mes amis de chez Telemarket, qui, à l'approche de cette sombre blague pétainiste qu'est la fête de mères, m'envoient un mail "libérez les mamans".
Accroche : offrez lui la liberté !
Offre : 329 euros l'aspirateur nucléaire, du jamais vu, même pas à la TV.

Youpi !!! On va passer l'aspirateur plus vite il nous restera du temps pour nettoyer la salle de bain. Cela fait des années que Moulinex ne signe plus "Moulinex libère la femme", il y a bien une raison à cela, mais chez Telemarket, on y va avec ses grosses pattes moches pleines de cœurs.

Libérer la femme c'est arrêter penser qu'elle a le gène du ménage, le goût des aspirateurs, l'envie des gants en latex, la passion des détergents, l'intérêt pour les éponges et l'âme sensible à la serpillère. Etre une femme ce n'est qu'être un mère et s'occuper de son chez soi.

Souvenez vous des motifs de désaccord entre le couple dans le père de la mariée (Remake du film de Minelli), dans la version de 1992, avec le très funky Steve Martin : la fiancée était vexée de recevoir un mixer, elle commençait à se demander si elle et son futur partageaient la même vision du couple. Qu'on ne nous dise pas que c'est nouveau tout de même !

Revoyez l'extraordinaire film publicitaire Beware the Dog House, qui vous réconciliera avec la pub, en attendant qu'on en arrive vraiment là.

lundi 25 mai 2009

Anges et démons, de Ron Howard

+ Dépliant touristique

J'avais vraiment envie de ne pas aimer le film. Da Vinci Code m'avait ennuyé, Tom Hanks ne s'en sortait pas dans son rôle d'universitaire décontracté et les cours de théologie passaient mieux dans les bouquins. Comme prévu, la suite est longue et invraisemblable, Tom Hanks ne s'en sort pas beaucoup mieux et les dialogues pèsent lourd. Et pourtant, j'ai passé un bon moment à chercher les statues du Bernin dans les rues de la Ville Eternelle.
Même reconstitué par ordinateur, ça a l'air très beau Rome.

vendredi 22 mai 2009

Toute l'histoire de mes échecs sexuels, de Chris Waitt

Mélancolie du mâle occidental. 1. +

A Chris Waitt, remerciements de la part de la gente féminine.

Chris Waitt, je t'informe ici que tu as signé le décret de condamnation de ton espèce.
T'as cru qu'on allait marcher dans ton histoire de type qui enquête sincèrement sur les raisons pour lesquelles ses ex-copines l'ont largué. Qui passe du looser /connard au type qui finit péniblement à se mettre à l'écoute des femmes pour enfin pouvoir résoudre ses problèmes d'érection et trouver l'amour.

T'as cru qu'on allait se dire, ben oui, les hommes, c'est pas de leur faute, pourtant ils essaient dur d'y échapper à leur condition d'êtres stupides, égoïstes, et procrastiniens (et sale dans ton cas).

Tu as cru jeter aux femmes une piécette pour remettre 10 euros dans la machine enrayée des belles paroles. J'en ai pour preuve la fin façon "chaque pot à son couvercle" digne d'une mauvaise comédie romantique que tu nous as trouvées pensant que ça allait nous rassurer.

Alors écoute moi bien, Chris Waitt, tu es la faille dans le dispositif, tu t'es cru malin, tu ne l'es pas. C'est dommage parce que ton film est parfois marrant et burlesque. Les autres hommes te pendront pour sûr. Grâce à toi on sait désormais que vous savez ce qui ne va pas, que vous savez qu'il faut être à l'heure, que vous savez que c'est moche de ne pas rappeler, que vous ne lisez pas les notices des médicaments, que vous avez besoin de maman à 35 ans, que vous ne pensez qu'à votre performance, que vous faites plus confiance à 5 mecs bourrés dans la rue qu'à une femme diplômée et experte. Que vous en êtes CONSCIENTS. Jusqu'ici le doute raisonnable nous avait empêché d'agir.

Maintenant que t'as lâché le morceau, on va sortir les fourches. Merci mec.

jeudi 21 mai 2009

Millenium, de Niels Arden Oplev

++ Mais qui a tué Harriet Vanger?

Quiconque a déjà préparé un exposé en 5ème sait forcément ce que l'on ressent pendant ses recherches. Toutes ces notes un peu partout, ces heures à la bibliothèque, ces bouquins qui traînent sur le bureau, ces doutes qui envahissent, ces pauses-goûter, ces stylos qu'on perd, ces heures à ressasser ses résultats, à la limite de l'obsession. Millenium suscite exactement le même plaisir.

Le personnage principal, un journaliste sans reproche (membre de la corporation flic/détective privé/avocat et de tout ce qui peut mener une enquête), garnit son mur de photos, les observe, renonce et soudain, aperçoit ce détail qui lui échappait jusqu'ici. Sa camarade, gothique cernée par la violence, feuillette des archives et comprend. Le spectateur sait bien que ça va arriver (un peu comme un bisous dans une comédie romantique) mais l'association d'associaux ajoute au kif de voir le mystère s'éclaircir devant ses yeux.

Millenium ne va pas jusqu'à égaler l'intensité de l'obsessionnel Zodiac, la référence du genre. Là où David Fincher trouvait la fin idéale, Niels Arden Oplev n'arrive pas à éviter le gros écueil du genre : la déception après l'attente. Ça prouve au moins que jusqu'à la dernière demi-heure, il a su créer le climat qu'il fallait.

En parlant de climat, preuve est faite depuis Insomnia que le froid sec vaut au moins autant que la chaleur poisseuse question ambiance. Ca tombe bien, on est en Suède.

La dernière maison sur la gauche, de Dennis Iliadis

+ Maison rénovée

Ce qui faisait la saveur du film original, c'était son côté poisseux. L'ensemble créait une sensation de malaise comme rarement vue au cinéma. Jeu, lumière, mise en scène, le remake est incontestablement meilleur et efficace. Mais le malaise a disparu de l'écran comme le remake disparaît des mémoires environ 12 minutes après la séance.

Incognito, de Eric Lavaine

+ Gagne à être connu

L'étonnante fraîcheur de Bénabar, le numéro habituel de Dubosc, le sourire charmeur d'Anne Marivin et le"T'es de Bonn, toi" de Jocelyn Quivrin à une jolie Allemande, moi ça me va.

Maverick

Le missionnaire, de Roger Delattre

- Pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu'ils font

Ceux qui défendent vaille que vaille le cinéma français auront du mal cette fois-ci. Car si le fond œcuménique est inattaquable, le reste ne relève pas du 7e Art. Du jeu d'acteurs aux dialogues en passant le village aux gentils gendarmes, on est plutôt un samedi soir sur France 3.

Dragon Ball évolution, de James Wong

-- Par ici, les pigeons

Intérieur/ jour Un gratte-ciel quelque part à Los Angeles


Un homme, la démarche assurée, pénètre dans une pièce avec des murs décorées d'affiches de films. Au fond, un vaste bureau posé devant une grande baie vitrée donnant sur les collines d'Hollywood. Entre le bureau et la fenêtre, un homme en costume Armani lit un dossier siglé 20th Century Fox.


L'homme à la démarche assurée
: J'ai une idée pour Dragon Ball.

L'homme au costume Armani
: Il était temps. Ca fait 20 piges qu'on a les droits. Alors?

L'homme à la démarche assurée: Justement, c'est ça le truc! Ca fait tellement longtemps que les fans attendent qu'on peut faire ce qu'on veut, ils viendront quand même. T'imagines? Leur dessin animé culte enfin au cinéma! Pour n'importe quel ado des années 90, Dragon Ball, c'est un souvenir de dingue. Les combats dans les airs qu'ils imitaient dans le jardin, les discussions à la récré...C'est leur enfance. Et en vieillissant, un ado fait comme tout le monde: il devient nostalgique.

L'homme au costume Armani: Et ça va me coûter combien cette affaire?

L'homme à la démarche assurée: Pas cher! On en fait une teen-comedy. San-Goku est un ado à problèmes mais avec des talents cachés. Et puis, il y a cette fille qui lui plaît. Ce genre d'histoire, ça fédère. Je le sais, on l'a déjà écrite 100 fois. On s'arrange pour que San-Goku soit un Blanc beau gosse vu que c'est le héros. Et on lui trouve une pépée aux yeux bridées. Pour les Américains, ça fait exotique et puis, ça évitera de se fâcher avec les Japs. On rajoute 2-3 effets spéciaux à la con et on s'arrange pour pas faire plus d'1h30 et c'est plié. De toute façon, on pourra pas faire pire que la Légende des 7 boules de cristal. Un machin philippino-taiwanais de 89, t'imagines?

L'homme au costume Armani
: Ouais mais si c'est naze - et ça a l'air naze , ça va pas marcher. Et moi, je voudrais bien en faire une franchise de ce truc. T'as vu comment la Warner se gave avec Batman et Harry Potter?

L'homme à la démarche assurée
: T'inquiète. On met tout sur le dos du réal. Et après, on lance une suite en disant qu'on va tout faire mieux. Les mecs, ils ont toujours pas compris qu'un rêve de gosse, ça pourra jamais devenir une réalité d'adulte. Ils ont tellement envie de voir leur dessin animé en vrai qu'ils vont y retourner.
L'homme au costume Armani: C'est vrai qu'ils en seraient capables ces cons.

Les deux producteurs se regardent et éclatent d'un rire complice. *

Maverick

* Depuis, le film a récolté à peine 8 millions de dollars aux Etats-Unis et attiré 300000 spectateurs en France. Soit peu.

lundi 18 mai 2009

Happy birthday Maverick !

Rachel se marie, de Jonathan Demme

Les 7 familles ++

De l'œuvre de Jonathan Demme, c'est sans doute Le silence des agneaux qui passera la postérité. Et c'est très bien comme ça car c'est un super film. Déjà dans les années 1990, Hannibal remuait ses raisonnements tortueux dans l'enfance de Jodie Foster, redonnant à la psychanalyse son premier grand rôle-titre au cinéma depuis La maison du Docteur Edwardes. Alors quand Demme plonge la caméra dans le marasme des traumatismes familiaux, ce n'est pas si étonnant, même si, pour être juste, il lui crée une esthétique très spécifique, verdâtre et réussie.

Rachel se marrie, film ultra pathétique sur les névroses familiales, s'en sort plutôt bien.

Ce n'était pas gagné car Anne Hathaway dans le rôle-affiche est inégale, parfois très juste, et parfois dans un surjeu pénible qui convient mal au genre "indépendant et intimiste". Le scénario est bien écrit, la caméra bancale est intégrée assez habilement (on est en plein préparatif de mariage ou en plein mariage. Du coup, le spectateur trouve cela assez normal), et c'est très bien joué. Demme se balade dans les regards des enfant devenus grands vers les parents devenus vieux avec beaucoup de dureté et de tendresse en même temps.

Rachel se marrie complète très bien Les 7 jours, Un conte de Noël, L'heure d'été. La recherche occidentale cinématographique triture la souffrance familiale avec plus ou moins d'aigreur, de process scientifique, d'envie goulue de catharsie.

Ici, la famille américaine modèle progressiste en prend pour son grade. Car elle ne peut se soustraire aux drames nés dans la famille. Un constat qu'il est bon de faire de temps à autre. Régurgitation des individus où certains cherchent malgré tout le bonheur. On y passe pas forcement un bon moment même si on est content d'y être allé. La famille quoi !

lundi 11 mai 2009

Gaby, oh gaby!

Je remercie Ripley pour son hospitalité.
De mon côté, j'essaierai le plus souvent possible de faire aussi bien qu'elle et lui:



Ma petite entreprise, connait pas la crise...



Le ciné de Gabriel
double ses effectifs et souhaite la Bienvenue à Maverick pour parler de films et du reste. Vous y gagnerez en culture cinématographique, en métaphores sportives, en films d'horreur et en teen movies. Mais pas seulement.

Ripley (et oui c'est pour ça que je signe les posts maintenant).

Star Trek, de J.J. Abrams.

Cinéma sans frontière +++

Star Treck est le meilleur film de l'année pour l'intant. Et JJ. Abrams livre une épopée éblouissante de 2h 08.

Souvenez-vous. Dans Tonnerre sous les tropiques, Ben Stiller rendait déjà hommage à la mythique série de 1968, galvaudée ensuite, tournée en dérision souvent, mais adulée dans le monde entier.

Abrams est le fils de Star Treck, l'homme qui a compris, digéré et amélioré les 2 piliers de la série : faire rêver souvent et divertir, toujours. Il applique cette devise à son film, mais elle peut aussi être l'étendard d'un certain cinéma américain, celui d'Iron Man, par exemple, qui veux aller toujours plus loin sans complexes, dans un souci infini de faire toujours mieux, animé par l'idéal du divertissement.

L'analogie avec ce qu'est Star Trek en fait de mythologie Nord Américaine va très loin. Star Trek reprend le mythe de la frontière américaine pour en faire une ambition galactique, animée par un souci de paix. Starfleet c'est le contraire de l'ONU, c'est une organisation interplanétaire qui fait régner la paix, une organisation qui efface les particularismes d'êtres verts, blancs ou pointus des oreilles. Une organisation qui sacrifie les plus doués pour la paix du plus grand nombre, et qui use de violence quand nécessaire.

Nous voici à l'heure du renouvellement permanent, car c'est la rencontre entre les personnage mythiques, encore jeunes, colériques, pleins de leurs enfances. Mais lorsque les méchants venus du futur disent connaître la tête du capitaine Kirk d'un livre d'histoire, le caractère mythologogique est admis.

Le mythe existe toujours, la question, pour J.J Abrams, qu'est qu'on en fait ?

On peut modifier le cours des événements mais pas le fond, l'amitié par exemple, bien au delà des dommages causés par les voyages alliant l'espace et le temps. La totale humanité de cette épopée contribue à sa dimension mythique. Abrams accepte cela, joue l'humour, l'humain;les deux hommes (Spock et Kirk) seront amis dans des réalités alternatives. L'espace, comme le cinéma s'explore au delà de la notion de temps et de réalité fixe, c'est ce qui rend la frontière si poreuse, si lointaine et si séduisante.

Cette morale serait sans doute cul-cul si elle n'était pas parfaitement conforme à l'esprit de Star Trek. Et si elle n'était pas servie par deux heures magnifiques. Avec un début comme une fin, des attaques époustouflantes, des vaisseaux qui feraient passer Star Wars III pour un film croate, et l'on retient son souffle quand le silence se fait, dans l'espace. Les acteurs s'en donnent à cœur joie et le plaisir de se frotter au mythe est palpable, leurs costumes sixties ne cachent pas l'actualité merveilleuse de cette envie de voguer toujours plus loin.

Star Trek est un mythe populaire et gigantesque. Abrams se prend pour Homère. Et ça file à la vitesse de la lumière.

Ripley.

Good Morning England, de Richard Curtis

Soup Opera -

Ingrédients (pour public aussi large que possible) :

1 Réalisateur anglais à succès.
5 acteurs grandes gueules internationalement identifiés "comédie anglaise".
+ 1 ou 2 acteurs grandes gueules internationalement identifié "comédie américaine".
1 Thème qui mette tout le monde d'accord : ici, le Rock and Roll c'est cool (variante : la guerre c'est mal)
30 bons Tubes des Kinks, des Stones (Let's spend the Night together, You really got me...)
1 grosse louche de nostalgie de l'époque du jouissez sans entrave, où l'on fumait des joints.
1 quantité significative d' humour scato brittish
1 Kenneth Branagh.

Préparation :

Répartir blagues et des chansons, et acquérir ainsi la sympathie du public très vite pour les DJ pirates contre les méchants membres du gouvernements.
Attention, on doit bien voir que le Kenneth Branagh fait une composition de méchant coincé.
Rajouter un peu de de pathos familial : 1 jeune qui cherche son père avec un "father and son" de Cat Stevens.
Piquer quelques plans réussis et oniriques (et un peu de bande son aussi ) la Vie Aquatique.
Galvauder le titre de Good morning Vietnam, histoire qu'on comprenne très vite de quoi ça parle. Rajouter quand même au cas où, plein de surimpressions pour expliquer au début et à la fin de quoi ça parle.
Jouer sur la fibre ado et libertaire, caricaturer le rock et son esprit, laisser mijoter jusqu'à obtenir autant d'aspérités qu'un programme TV présenté par Patrice Laffont.

Bon appétit !

Écœurant de bons sentiments, ce plat ravira sans doute ceux qui n'aimaient pas le Rock il y a 40 ans et qui, aux vues de la musique électronique, décident d'une tardive rébellion des cœurs et de l'esprit. Ça va guincher !

Recette postée par Ripley.

jeudi 7 mai 2009

Chéri, de Stephen Frears

Un anglais et des américains à Paris -

Stephen Frears est un type talentueux à bien des égards. L'une de ses qualités est de savoir faire du splendide et sérieux (les liaisons dangereuses restant son chef d'œuvre), mais aussi du léger de grande qualité, c'est le cas par exemple de Haute Fidélité. Après cette introduction sincère mais visant à atténuer l'idée générale du post, il faut bien dire que Chéri est très décevant. A cause de cette totale incapacité du film à se situer dans un registre, entre deux registres, dans une idée, un parti-pris...

Frears balade ses acteurs et ses décors de pacotille (frou frou, mondanités et prostituées oblige) en passant de la comédie au drame, de la romance au burlesque. Voix off de conte de Noël, Michel Pfeiffer tantôt Bérénice tantôt Cosette, Kathy Bathes façon Yolande Moreau au théâtre de boulevard, décors interminablement ensoleillés et plans sur des fleurs. La Belle époque caricaturée plus que croquée par des acteurs qui jouent à être français, oisifs et dépravés sans grande conviction.
Du coup ça fait téléfilm. Impossible de rentrer dedans, et surtout d'y rester plus de 3 minutes.

A la fin une énigme, et un très beau plan, où Michelle Pfeiffer, tel Glen Close en son temps, sombre devant son miroir. S'agit il d'un tic esthétique, d'un hommage de Frears à Frears lui même, vraiment bizarre.

Ripley

mercredi 6 mai 2009

Qu'est ce qu'on se marre !

On dirait qu'Orelsan a des potes dans la Pub. Des potes bon ton, des potes beaufs, des potes qui trouvent ça rigolo de dire que les femmes au volant c'est dangereux. Alors là ils ont fait une campagne virale qui met en scène plusieurs cas d'accidents stupides, avec cette signature poétique "Oui, nous louons aussi aux femmes".

Les mêmes potes qui paient des franchises d'assurance auto deux fois plus élevées que leur épouses, les mêmes qui pensent que les femmes, faut pas trop leur en demander, surtout quand c'est rapport à la technologie. Ce qui curieusement, ne nous enlève pas le droit de réparer l'électroménager, les fusibles, les prises de courant, les lecteurs DVD, c'est normal, c'est dans la maison, ça nous concerne.

Ce qui est plus grave ce sont les répercussions au moment de l'accès à l'emploi. A compétence égale on prend un mec, parce que quand on a une bite on a des affinités naturelles et génétiques avec l'univers des voitures peut être... Ce n'est pas le cas partout mais ce type de lieux communs sont présentes dans la tête des recruteurs. C'est à peu près l'équivalent de faire des promos tuning pour les portugais. C'est comme si Paul Beuscher vendait ses métronomes moins chers aux blancs, qui, on le sait aussi, n'ont pas le rythme dans la peau. Mais ça choque moins. Chacun sait que les femmes ne sont pas des conducteurs hors pair, sauf Tarantino.

Ripley

mardi 5 mai 2009

Gran Torino, de Clint Eastwood



++ Plus on est vieux, plus on est con?

Gran Torino rend triste.
Parce que Clint Eastwood y apparaît plus vieux que jamais. Du coup, on réalise qu'un jour, il va mourir. Et pire, arrêter de faire du cinéma. Hollywood perdra alors son tout dernier monument.
Un vieux qui donnerait presqu'envie de voter Républicain.
Un vieux qui arrive à rendre touchant même un raciste ronchon.
Un vieux qui n'a qu'à serrer les mâchoires pour faire fuir un gang armé.

Car à part sa Gran Torino et sa femme, son personnage Walt Kowalsky n'aime pas grand chose. Comme la première ne sort pas du garage et que la seconde vient de rendre l'âme, il ne lui reste plus que la bière et son chien. En plus, ses voisins chinois ressemblent quand même pas mal aux Coréens qu'il a descendu 50 ans plus tôt...Le vieil asocial au cœur brisé et à la mémoire meurtrie, c'est un peu comme une action EDF. Une valeur sûre.

Ça démarre bien. Les vannes xénophobes de Walt, la façon dont il envoie chier un prêtre ou couche l'impudent qui a mis un pied sur sa pelouse a quelque chose de jubilatoire. C'est connu, les vieux n'aiment pas le changement. Walt, faut pas l'emmerder. Il ne comprend pas pourquoi son quartier passe du blanc au jaune ou pourquoi son pays aurait besoin d'évoluer. Il voudrait que comme sa Ford, bien à l'abri sous sa bâche, tout reste comme avant. Comme dans les années 70 à l'époque de l'incontestable domination de l'industrie américaine. Avant le règne des voitures japonaises et du made in China.

Chez Eastwood, les scènes s'enchaînent toujours avec maîtrise. Même quand le prévisible arrive et qu'il se rapproche de cette famille chinoise, Gran Torino reste efficace. Ses films sont comme ses épaules : carrés. Des épaules de héros. D'ailleurs, Clint (j'aime bien l'appeler comme ça, j'ai l'impression de le connaître) ne peut s'empêcher d'entretenir le pénible mythe de l'Homme blanc à la rescousse des gentilles minorités opprimées (faut dire que Walt a pas mal à se faire pardonner). Mais il est aussi l'un des premiers cinéastes occidentaux à dépeindre des Asiatiques intégrés. Ni victime, ni pro du kung-fu. Certains appartiennent même à un gang. Preuve extrême d'une immigration réussie.


Maverick

lundi 4 mai 2009

X-Men Origins Wolverine, de Gavin Hoods

Heavy metal +++

Il y a quelque chose de splendide à l'idée de connaître, enfin, par le menu, ce qui est arrivé à ce grand garçon énigmatique, mystérieux mutant velu des joues, indispensable aux 3 précédents épisodes, Logan, dit Wolverine.

Magie du cinéma, tant on nous dit tout, qui nous rattrape par le collet, car ne l'oublions pas, le garçon est amnésique, cela restera donc entre nous. Voilà un rapport inédit à un personnage fascinant. Qui l'oblige à se dépasser à chaque instant pour nous faire oublier ce terrible paradoxe. Après le film nous serons tout seul. Pendant nous serons des millions. Depuis le générique, où défile l'histoire de deux garçons, deux frères mutants, qui traversent les guerres et les époques ensembles. Superbe générique fait d'images figées et d'accélérations à travers le temps.

Car l'ignoble "Dents-de-sabre" n'est autre que le frère de Wolverine ! Et Liev Shreiber est parfait dans ce rôle de brute sanguinaire qui soulève la sympathie des enfants mal aimés.
C'est ça la deuxième innovation du film. La métaphore des frères pour traiter la question de la différence. Car la série X-Men ne parle que de ça, depuis le tout premier épisode, qui commence par un flash back sur Magneto enfant à Auschwitz. Les X-Men sont différents. Donc ils font peur. Donc certains leur voudront du mal. Alors que faire ?
Magneto opte pour la guerre préventive.
Xavier incarne la voie de l'acceptation, du dialogue.
Les pratiques du gouvernement et de la population laissent à penser que c'est Magneto qui a raison.
Dent de Sabre, déçu par l'armée, se rangera derrière Magneto, Wolverine, amnésique, derrière Xavier. Xavier est le gentil mais Magneto est rudement plus sympathique et convaincant.
A la fin du film, Dent de Sabre dit à Wolverine, que leur fraternité les liera toujours même si tout les sépare idéologiquement.
Le débat est légitime, la violente différence entre les frères est même leur plus grande preuve d'humanité. C'est un peu comme quand Albert Cohen fait revendiquer à Solal le droit pour le juifs d'être malhonnêtes, violents, hors la loi. Ce n'est pas bien, certes, mais c'est normal, et pour ne plus être des "autres" il faut être comme la majorité. Avec des bons, des mauvais, des violents, et des héros au grand cœur comme Wolverine.
Je ne sais pas si c'est sacrilège de comparer Cohen à Gavin Hoods mais il me semble ça parle de la même chose sur ce point. Le duo Dent de Sabre / Wolverine fait des mutants des gens comme les autres car la métaphore des frères est profondément humaine. Le film récupère ainsi la fonction parabolique des Comics, et c'est très intéressant quand c'est comme ça le cinéma.

jeudi 30 avril 2009

Le choc des cultures.

Je suis au regret de vous annoncer que je ne comprends pas l'humour allemand.

Il s'agit d'une campagne de pub pour des sous-vêtements, sur le thème de "l'Allemagne a besoin de nouveaux sous-vêtements", en écho à la volonté gouvernementale des faire des reprises sur le vieilles voiture pour soutenir les achats de voitures neuves ou récentes. Je suis curieuse de savoir si ça va faire vendre une seule culotte.

Comme quoi la pub reste une discipline bien locale...

lundi 27 avril 2009

Conférence "protection de la planète face à l'impact des astéroïdes et des comètes"


Aujourd'hui débute à Grenade, la première conférence mondiale "sur la protection de la planète face à l'impact des astéroïdes et des comètes", organisée par L'IAA, l'Académie internationale d'astronautique.
Lesquels sont des dangers pour la planète ? Quelles seront les conséquences ? Que faire si ça arrive si on veut éviter de finir comme les dinosaures ?
Les experts s'attacheront au cas de l'astéroïde Apophis. Le Monde révèle que la probabilité de collision avec la Terre est de 1 chance sur 45 000. Apophis "frôlera" ou "touchera" la Terre en 2036. Un nuance qu'il serait bon d'éclaircir d'ici là. Une raison de plus de respecter Michael Bay.

Splendide film Philips, d'Adam Berg.

Dans les brumes électriques, de Bertrand Tavernier

Born On The Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaayou! +

Dans la brume électrique est un bon film des années 90 '. Bien mis en scène, bien casté, bien interprété. Tavernier tente et réussi le pari du thriller sudiste. Moite et efficace. A notre échelle, cela vaut son pesant de cacahouètes, car peu de réalisateurs français sont capables de tenir un rythme, un public en haleine, et que même aux États-Unis, ça se perd. Trop de réalisateurs sous estiment la rigueur et l'inventivité que cela requiert d'attraper les spectateurs par le bras et de les garder tout contre soi pendant une enquête. Depuis Usual Suspect, le spectateur est méfiant, et il en faut peu pour s'en faire un ennemi. On est drôlement ici mieux que devant la Fille de D'Artagnan.

Il existe une légende urbaine qui veut que les français, loin de chez eux, se lâchent. Généralement ça donne des tessons de bouteilles dans des sites paradisiaques, et des chants paillards dans des auberges de jeunesse. Ici ça réussi clairement à Tavernier qui en retire une certaine intensité; là ou ça devient très intéressant, c'est que ça lui permet de tenir un propos extrêmement métaphysique, peu pensable dans un contexte hexagonal, sur le bien et le mal. On se retrouve, pour la première fois depuis longtemps, à prendre fait et corps pour le reniement de la justice des hommes. Là où Clint Eastwood et Ben Affleck posent des questions sur la confrontation de la morale aux règles établies censées garantir la pérennité du groupe, Tavernier balaie d'un revers de main les objections légalistes pour faire triompher le Bien. On peut ne pas être d'accord mais c'est un prise de liberté suffisamment rare pour être remarquée.

Alors voilà, moi, la Louisiane du Bayou Cajun, les noirs en salopette avec un bretelle fermée, les femmes du sud sexuellement en demande permanente, les bateaux à hélice, les gros mafieux blancs méchants, et les séances de blues sur le perron, ça a tendance à m'énerver. Tavernier est à fond là-dedans (notamment grâce à une très belle BO), et nous rajoute des tonnes de Katrina pour nous raconter que la Louisiane est le pays de la mélancolie universelle qui se renouvelle à chaque Ouragan. C'est donc une carte postale pas trop déplaisante, même si c'est une carte postale.