Un concert privé des Rolling Stones filmé par Scorcese ça peut faire rêver, et c’est le cas.
mercredi 21 mai 2008
Shine a light, de Martin Scorcese
Sexe, mensonges et Hollywood, de Peter Biskind
Une fois n'est pas coutume, voici un livre.
Sexe, mensonges & Hollywood ne se passe pas à Los Angeles, mais souvent à New York ou fut créée la société MIRAMAX, et à Sundance où l'on suit le festival du même nom. Cela se passe aussi dans des festivals, dans des avions, sur des tournages. Et c'est trépidant pendant 800 pages.
Cela raconte en parallèle l'évolution du Festival de Sundance, emmené par R. Redford dans les années 1990. Et la construction de Miramax par les frères Weinstein, distributeurs indépendants au début. Cela raconte la formidable évolution du cinéma indépendant face aux studios, l'hybridation des genres, les transformations du marché du film.
Il serait criminel d'en raconter plus. Je dirai simplement que c'est passionnant, ça se lit comme on regarde un film sur la mafia, avec fascination, impatience et jubilation.
Et on le referme en rêvant de rencontrer un jour Harvey "Scisorhand" Weinstein.
Ce qui y est incroyable c'est la cohabitation dans de mêmes cercles d'êtres très complexes fous de cinéma ou pas, le truchement des intérêts financiers, les histoires individuelles délirantes, le défilé des célébrités, et les revers de la nature humaine.
Décidément, il faudra lire les autres ouvrages de Peter Biskind !
mercredi 14 mai 2008
Dupontel, Dujardin et Du yaourt, par moi.
Faut il toujours que le publicitaire soit peint comme quelqu’un qui ne peut être efficace que s’il est « un charognard, un mercenaire » comme le dit Antoine/ Dupontel ? N’y a-t-il que des clients obtus et enchainés par des pubards obséquieux ?
Plus grave : les français se nourriraient-ils exclusivement de yaourts ?
Il n’empêche que la pub n’est pas que le bras armé du capitalisme, et qu’à ce titre le pubard n’est pas que le rejeton de l’ignominieuse société de consommation. Le sans-vergogne que le cinéma français se plait à peindre.
La publicité est une prise sur la société, elle s’en nourrit, la régurgite
Décidément, nous français sommes bourrés de contradictions. Le travail de Beigbeder, dans
Deux jours à tuer, de Jean Becker
Le reste c’est un type qui joue mal la comédie en insultant femme et amis, en leur déballant d’horribles « fausses » 4 vérités de Bourgois nantis et cons. C’est un film sans intérêt, plutôt mal interprété (la scène du diner nous ferait regretter Jacques Ballutin). Les acteurs ne sont pas aidés par l’inconsistance des dialogues et d’un scenario cousu de fil fluorescent pour les mal voyants dans la salle.
Pour ceux qui pensent qu’il est dur d’adapter des auteurs reconnus comme Beigbeder, Benaquista ou Barbey d’Aurevilly, il existe aussi des mauvaises adaptations de mauvais bouquins : Un long dimanche de Fiancailles de Japrisot, L’empire des loups de Grangé.
samedi 10 mai 2008
Bienvenue chez les Cht'is, de Dany Boon
L'alcool, ça crée des liens (proverbe thaïlandais) --
Il fallait être obtu pour ne pas aller voir un film plébiscité par les français, même qu’il y en a qui n’étaient pas allé au cinéma depuis la Grande Vadrouille qui sont retournés au cinéma (ça a du leur faire un choc l’augmentation du prix de la place).
Bienvenue chez les Ch’tis est une galerie de personnages médiocres et un plaidoyer pour la médiocrité comme norme, sous couvert de bons sentiments.
Infamie qui fait que les gens du Sud sont des bouffeurs de bouillabaisse pleins de préjugés, corrompus et tire-au-flanc. Infamie des bons sentiments aussi (sans doute ce qui est le plus agaçant) où l’on apprend que les gens du nord sont comme les préjugés le laissaient augurer : alcooliques, limités intellectuellement (le choix d'un deschiens dans un rôle de deschiens), qu’ils ont pour occupation : manger, boire et aller au foot. Mais comme ils ont un bon fond et qu’ils sont plus accueillants que ne le veut la légende, on leur pardonne.
Je pourrais lister des paragraphes de choses déplaisantes dans ce film. D’abord ce n’est pas drôle, ensuite c’est mal joué (mention à Zoé Felix et à sa diction qui fait passer le Miel et les Abeilles pour une générale à la Comédie Française). Et puis c’est bizarrement filmé. Les visages souvent cadrés en contre-plongée en gros plan, ou de trois quart, ça rend les gens laids et asymétriques là ou on est censé toucher la beauté populaire. C'est plus la cour des Miracles que la peinture flamande...
Il y a aussi des choses choquantes en plus d’être déplaisantes. Là encore quelques exemples seulement. Le postier a le droit d'être bourré au travail car il a des problèmes de cœurs, le pauvre. Kad Mérad et consorts de la poste, entre corruption, dessous de table et bêtise crasse. Dany Boon-Casimodo, emblème de la France simplette et fière d’elle, s’en donne à cœur joie.
Bref ce n’est pas un bon film divertissant, et c’est un éloge malsain d’une France d’en bas paresseuse, recroquevillée sur son nombril régional, crispée à crever et successible à l’excès dès qu’on touche à son chez soi régional (dans le nord de carte postale, rien ne nous sera épargné, même pas les chars à voile).
Horriblement déprimant.
mercredi 7 mai 2008
L'Arroseur Arrosé
http://fr.youtube.com/watch?v=Ei6JvK0W60I
Voici le remake par Greenpeace qui tape très fort " Dove On slaught[ter]"
http://fr.youtube.com/watch?v=odI7pQFyjso
Deux commentaires :
Y a t il un concours de donneurs de leçon ? Je crois que Greenpeace par la qualité du support, le saut créatif de la "parodie" se donne ici les moyens de tenir ce discours là.
Ensuite, on rappellera que quand on fait le donneur de leçon, on a intérêt à être clean.
Pour Dove c'est loupé.
jeudi 1 mai 2008
Iron Man, de John Favreau
Si vis pacem, para bellum. +++
Si l’Amérique est à la tête du monde, et du cinéma, c’est grâce, à cause et en vertu d’Iron Man.
http://www.deezer.com/#music/result/Iron%20Man
Mongol, de Sergeï Bodrov
Genghis Khan est à l’Asie de qu’Alexandre le Grand est à l’Europe. Un visionnaire pour les uns, un tyran pour les autres. Il est en tout cas un être d’exception qui eu l’idée d’unifier son peuple et de conquérir le monde, imposant une loi simple et un sévérité sanguinaire pour arriver à ses fins. On ballerai bien le débat d’un « autres temps autres mœurs », rappelant au passage que le reste du monde n’étais pas exempt de barbarie. C’est pourtant plus complexe que cela.
Car Genghis Khan est montré ici comme ce type remarquablement intelligent qui a compris la nature humaine et le fait que la loi ne s’impose pas par la force du discours.
Un thème qui revient souvent ces temps-ci (Iron man, 10 000, 300), décidement.
Le traitement de la vie de cet être adulé par les uns et hait par les autres pose un autre problème. Genghis Khan n’est pas qu’un chef de guerre, c’est une légende. Et il est bien difficile de se défaire des légendes. Bodrov fait ça plutôt bien en s’attardant sur l’enfance de Temujin (Genghis Khan petit), ballotté dès son plus jeunes âges dans les affres de la fragilité du pouvoir car la mort précoce de son père-chef de clan fait de lui un enfant puis un jeune homme à abattre.
Dans ces longues péripéties d’enfance dangereuse on voit bien la formation de l’homme, ce qui contribue à faire tomber la légende. La puissance volontairement donnée à la petite histoire (l’amour de Temujin pour sa promise puis épouse et leur motivation à venir se sauver l’un l’autre régulièrement) fait le même travail.
Et il me vient l’envie de citer l’accroche de l’affiche d’Iron Man « ce n’est pas l’armure qui fait le héros, mais l’homme qui est à l’intérieur ». On nous rabattu de parcours initiatiques, mais celui - ci l’est vraiment, car il est incertain, plein de ralentis et de plans séquences comme autant de moment de formation. Temujin, comme Alexandre, échappe à milles morts, et subit son héroïsme et son envie de vivre, conséquence de quoi il dirigera le monde qui ne tolère pas les demi mesures
Le propos de Bodrov, c’est l’histoire de l’homme qui a une vision. Non par parce que le héros hallucine parfois d’un loup. Mais parce que la seule valeur qui différencie son appréhension du monde est la hauteur et l’ampleur de sa vision. On le voit à travers sa stratégie militaire (trop rare mais étonnantes scènes de bataille façon Western), on le voit à travers les travellings sur les étendues parcourues (magnifique Mongolie filmée au Khazakstan et en Chine). « Un mongol vit à cheval » dit un enfant à Temujin. Temujin est le seul qui traverse la steppe à pied en courrant car il n’en à pas vraiment le choix. Du coup, il se fond dans les éléments, et finit par les maîtriser.
Je croyait le biopic linéaire définitivement condamné, mais Mongol s’en tire bien. Grâce au dépaysement absolu d’une part. Grâce à une foule de bonnes idées d’autre part, dans les batailles (double sabre), dans la manière de filmer (il impose des gros plans, casse le rythme volontairement pour forcer le spectateur à s’appesantir avec les protagonistes), et dans l’interprétation. Le souci du détail, des rapports humains évitent au film le travers du film spectacle attendu.
Je ne sais pas si c’est très moral cette apologie du destin comme un absolu, mais c’est efficace. A l'époque ou l'individu n'existe pas, c'est en tout cas défendable.