lundi 8 décembre 2008

Hunger, de Steeve Mc Queen

Artiste de la faim +++

Pourquoi je n'avais pas envie de voir ce film :
Le pitch ne me plaisait guère : un plasticien reconnu encensé à Cannes, ça sentait l'auto congratulation bobo et élitiste. Le sujet, la blanket protest, me semblait la porte ouverte à tous les pathos les plus glauques. Steeve Mc Queen, dans Les Cahiers du cinéma, se positionnait comme porteur d'un message contre la guerre en Irak...bref un film pour pleurer dans les chaumières avec un risque de voyeurisme accru.

Comment je me suis pris une claque méritée :
Hunger est un grand film à bien des égards et le festival de Cannes a eu raison de le primer. Voici un homme qui filme ces prisonniers immondes de crasse, baignant dans les vers et les excréments, sans se payer le luxe de nous faire adhérer à leur cause. Il met dos à dos la fermeté du gouvernement britannique et le caractère irrationnel de la lute indépendantiste qui se déverse dans la violence abjecte retournée contre soi.

La partie la plus abjecte, finalement n'est pas cette première partie, sur la grève de l'hygiène et le manque de respect de droit de l'homme dont furent victimes les prisonniers irlandais. La partie la plus abjecte est sans doute la deuxième : la grève de la fin de Bobby Sands, ni héros, ni christique. Ici Mc Queen donne plus à voir, plus dur, à peine soutenable par moment. Comme Bobby Sands donne sa vie à sa cause. Un échange de bon procédés en quelques sortes. Mais ce n'est pas choquant car Sands s'est justifié largement du jusqu'au boutisme de son choix.

Mc Queen fait des images incroyables et traduit la violence de manière graphique, avec des zooms sur des visages ensanglantés, avec des écoulements d'urine, de liquide nettoyage pour le sol, de sang. Du coup il instaure une distance nécessaire (vitale ? ) pour supporter tout ça.
C'est un film à voir.

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