lundi 14 avril 2008

Penelope, de Mark Palansky

Où je m'insurge contre la beauté intérieure -

Penelope est inattaquable.

C’est drôle, c’est beau (avec des relents de Tim Burton et James Mac Avoy en soi c’est un succès de direction artistique). C’est remarquablement bien joué. Des seconds rôles mordants, de Catherine O’Hara au génial Peter Dinklage.
Avec du second degré, un rien de vulgarité pour casser le côté conte de fée.
Et puis la morale est merveilleuse, ou la fille à nez de cochon doit s’accepter telle qu’elle est, comme indiqué sur l’affiche.
C’est un peu le pendant cinématographique du clip de Christina Aguilera « Beautiful ». On en sort réjouit, ému. Et Christina Ricci est à elle seule un plaidoyer pour les gens bizarres qui ont quand même une incroyable et improbable beauté.

C’est donc insupportable.

Parce que c’est mal de dire au gens qu’on peut séduire James Mc Avoy parce qu’on est marrante et cultivée. Parce que Reese Witherspoon surjoue la paumée en étant juste mal coiffée, parce que les riches sont dégénérés et pénibles mais tellement attachants…

Parce que ce second degré et cet humour qui clament « je ne suis pas un film politiquement correct » ne font que cautionner un incroyable et désobligeant déballage de bon sentiments. Mention spéciale au paparazzi au grand cœur qui laisse à deux reprises passer le scoop parce que sa conscience le travaille.

Je trouve ça réactionnaire de bêtise de niaiserie. J’aimerai que James Mc Avoy, remarquable dans « le dernier Roi d’Ecosse », commence à faire des choix de films intéressants, qui ne reposent pas essentiellement sur son regard de tombeur. J’aimerai que Cristina Ricci s’assume en tant qu’actrice et arrête de penser qu’elle est le monstre du cinéma. Qui faut-il appeler pour qu’on lui donne un rôle qui devrait échoir à Katherine Heigl ?

A l’heure du CV anonyme, de la législation sur l’incitation à l’anorexie, du prix à Cannes pour la campagne Dove, du manger-bouger, force est de constater que les ventes de fruits et légumes ne décollent pas et la sélection au physique, au look, à l’appartenance sociale n’a jamais été aussi saillante, malgré la multiplication des pseudos initiatives d’affirmative action de tout bord.

Peut-être pourrai-t on ne pas crier avec les autres, dès qu’une occasion se présente, que l’on aime les gens différents, les freeks, les Juno pleines de couleurs. L’érection de la bizarrerie en norme confine à la stratégie marketing d’extension de gamme (faut bien vendre aussi à ceux qui ont compris qu’ils ne ressembleraient jamais à Katherine Heigl et ça fait du monde). Et si l’on aimait qui ont veut ? Bizarre ou pas, monstre hollywoodien fashion victim ou pas ? On s’éloigne un peu du film certes, mais le cinéma est souvent un symptôme des lignes de forces dominantes.

Ayons l’honnêteté de ne pas adhérer au mensonge universel de la beauté intérieure, car ne l’oublions pas : même le Dalaï-lama est looké !

Le clip de Christina Aguilera : http://fr.youtube.com/watch?v=0ZTs7YfnKMk

Pub Dove : http://fr.youtube.com/watch?v=iYhCn0jf46U

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