mardi 23 septembre 2008

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, Paul Newman (1973).


Le pouvoir des fleurs ++++

De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites
est un film magnifique.
Les incultes comme moi y découvrent que Paul Newman est donc, aussi, un grand réalisateur. Les très grands incultes, comme moi, y redécouvrent un cinéma américain passionnant. Un cinéma de la crise, trop humain pour être politique, trop poétique pour se targuer de réalisme.

C'est l'histoire d'une veuve qui s'occupe mal de ses deux filles dans une banlieue triste. Qui se monte la tête toute seule sur de mauvais projets mais ne fait jamais rien. La souffrance vient de la distorsion immense entre son quotidien misérable et ce qu'elle aimerait paraitre. Car elle est passée à côté de la réussite sociale et de la normalité familiale (le mari l'ayant largué avant de mourir).
Le film est construit sur cette fêlure, et sur l'incapacité de certains à cadrer dans le rêve américain au sens large. On pense parfois à un Fassbinder de banlieue américaine. De part sa violence sociale mais aussi familiale, à travers les rapports de la mère avec son aînée épileptique et pimbêche, aussi secouée du bulbe que la mère, et en quête de normalité. A travers l'abandon et la méchanceté dans laquelle la cadette est confinée, scientifique rêveuse.

Il faut dire que c'est un film remarquablement interprété. Joanne Woodward y incarne la déchéance pas digne, sur cette limite tenue entre la faiblesse et la folie, un peu Nana, un peu Virginia Woolf, elle ne se convint même plus elle même de ses propres mensonges.
Dans une société ou tout est bancale, le couple, la famille, le travail, la maison des 3 femmes, les combines de survie, seuls les rayons gamma ont de l'effet sur les marguerites qu'étudie l'adolescente. Eux seuls offrent le possibilité d'un changement.
Le reste est enrayé. Et Newman filme l'étau de la vie qui n'avance pas avec une grande humanité, inséré dans cette famille qui est la sienne dans la vraie vie.
La progression diffuse et contrecarrée de l'enfant dans ses travaux sur ses semences de fleurs exposées plus ou moins longtemps offre un éclairage curieux sur la dangerosité de l'exposition à la vie, définitivement hasardeuse.
Et comme il y a trop de finesse chez Newman pour qu'on en sorte déprimé, on en sort juste exposé.

2 commentaires:

Loïc a dit…

Moi, j'aimais bien Paul Newman.
Contre Redford ou McQueen, c'est lui qui gagne.

Loïc a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.