vendredi 8 août 2008

X-Files Regeneration, de Chris Carter

Même pas peur -

Le débat entre ce qui est de l'ordre de la série TV et du téléfilm, et ce qui est du cinéma a vu pas mal d'indicateurs bouleversés quand les séries TV américaines sont devenues novatrices, intelligentes et remarquablement réalisées. Les The Shield, Nip Tuck, Boom Town ont été des révolutions. Avec quelques épisodes tellement bien gaulés qu'il ne serait jamais venu à l'idée de personne de faire "le film"(vs Drôle de dame, Starsky et Hutch, et le très attendu Dallas).

X-Files, en son temps, était un phénomène, qui explorait nos peurs profondes, à base de suggestion et musique angoissante car les moyens étaient limités. On pourrait écrire des thèses sur ce qui fit le succès de la série, je crois d'ailleurs que certain s'y attèlent. Disons donc simplement que la bizarrerie du couple star, qui ne ressemblaient à personne d'autre, l'entretien du non dit sur ce couple, et sur à peu près l'ensemble des sujets abordés, ainsi que l'ambiance glauque et anxiogène étaient une bonne recette.

Avec ce deuxième opus, Chris Carter revient aux origines de la série, mélange de paranormal et de criminalité déviante. La première demi heure séduira les vrais fans, à savoir ceux qui n'associent pas la présence du paranormal systématiquement aux extraterrestres (filon exploité dans l'opus 1). Jusqu'ici c'est un bon épisode. Ce qui n'était pas le cas du 1. Ensuite ça devient un joyeux bordèle, assez fidèle à la série, qui jouait pas mal avec les enquêtes à tiroir.

Mais bientôt, une déséquilibre se créé. La quête personnelle de Mulder et de Scully, qu'on est pourtant si heureux de retrouver, prend le pas sur l'enquête, au lieu d'être sous tendue, ce n'est plus crédible, et ça gâche la suite.

Par ailleurs, si la recette n'est pas respectée, ce n'est pas essentiel. Car c'est le plat lui même qui en fonctionne plus. Avec X-Files on se faisait peur un peu niaisement, comme des ados qui racontent des histoires. Tout ceci restait dans le flou qu'on connait, un peu de fumée, des poursuites avec des ombres dans des hangars désaffectés de l'armée, des bribes d'explication.

Je me suis demandé si j avais tant vieilli, pour que la magie n'opère plus. Mais je refuse d'évoquer cette éventualité. Je me suis donc demandé ce qui me faisait peur aujourd'hui. Et là la liste est longue : Cloverfield, 28 jours plus tard, Je suis une légende, la Guerre des Mondes, Phénomènes, Le jour d'après. Que s'est il donc passé ? Je crois que le 11 septembre, on arrêté d'avoir peur de la fabrication de la fin du monde par 4 hurluberlus dans la zone 51, projet à long terme et confidentiel, réservé aux grands de ce monde.
Le 11 septembre, on a compris que la fin du monde était imminente, grand public, violente et brusque. Depuis l'Iran, le réchauffement climatique, le 11 mars à Madrid nous l'ont confirmé. C'est la raison pour laquelle X-Files ne fonctionne plus. Au vu du reste, ce n'est pas bien grave.

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