mardi 25 novembre 2008

L'ennemi public N°1, de Jean-François Richet

Morale et Cinéma ++

L'ennemi public N° 1 est un divertissement moins efficace que l'Instint de mort. Par contre c'est un meilleur film, bien meilleur. La période couverte de la vie de Mesrine est plus courte et plus dense. On est moins dans l'historicité du réalisateur qui veut faire un film d'époque mais qui flippe que ça ressemble à un film d'époque.

Cette deuxième partie est plus intéressante, moins flamboyante. Mesrine est conscient de sa légende et en joue. Par moment il sait que sa situation est précaire, des éclairs de lucidité. Le fatalisme du type qui sait qu'il est comme ça. A partir de là il subit et se débat, et cette partie est bien vue. Interview tapageuse, mais envie de changer, de n'être pas qu'un gangster, comme son pote Besse incarné par Almaric, impeccable. Mesrine aimerait bien donner un sens à ce qu'il est, fréquente l'extrême gauche rapidement mais n'y croit qu'a moitié. La vie de gangster c'est quand même la cavale, les appartements de planque miteux. Mesrine n'est bien que dans son inconscience ou dans des éclats de violence. Le film est moins marrant, moins rythmé, car ça sent le roussi pour ce type qui a toute la police de France, et une partie de l'armée, après lui.

La polémique sur la starification je ne la comprends pas bien. Oui Mesrine est abattu comme un chien. Ce n'est quand même pas lui qui a découvert qu'il y avait des flics véreux. S'il continue de terroriser les flics, la fin de sa vie est un suite médiocre et logique à laquelle il ne peut rien faire, prisonnier de lui même et d'une société qu'il n'aura pas faite bouger, à peine l'aura t il amusée un moment. A cet égard Richet est assez fidèle aux interview du vrai Mesrine qui se présente comme un produit naturel de la société, une émolution prévisible.

Là ou Richet est moins bon c'est qu'il n'assume pas totalement ce choix. Il se fait plaisir avec une scène clippée ou Mesrine claque ses billets, façon film de gangster hollywoodien, musique à fond, une scène finale trop longue et assez prétentieuse. Autre problème sur Gérard Lanvin en révolutionnaire avec accent pas juste, postiche voyant. Bref c'est un peu brouillon.

Pour une fois que le tiraillement est du côté du cinéaste...Ça reste un film pas mal, schizophréniquement perdu entre panache et sobriété, entre morale et admiration, avec l'envie de réalisme et le cinéma à grand spectacle plein la tête, dont il est si difficile de se départir. Avec un grand Vincent Cassel.

Aucun commentaire: