lundi 15 juin 2009

Les Beaux Gosses, de Riad Sattouf


++ La guerre des boutons.

Les Beaux Gosses est un film marrant, et bien vu socialement sur les affres de l'adolescence, les travers des prolos et ceux des bourgeois, un peu comme Le maître d'école, avec Coluche.

Je me suis interrogée sur l'emballement autour du film : Riad Sattouf est apparemment une pointure en BD, ce qui justifie une excitation certaine. Le passage à l'acte (cinématographique) du plasticien Steeve McQueen était une putain de bonne idée. Un accueil dithyrambique à Cannes...le film est apparemment déjà vendu à l'étranger sous le libellé "French Kissers". Et puis surtout, des boutons purulents, dans des teasings sur internet et au ciné, de l'adolescent moche, dégueu, dégoulinant de sébum.

Ça change de Zac Efron.

A la décharge de Riad Sattouf, il n'y a pas non plus des tonnes de films français drôles ces temps ci. Et le sien l'est par moment. Grâce à la création du microcosme de l'ado et de son pote, le mystère des filles, des personnages incroyablement justes sur l'adolescence, en gros plan ou en arrière plan, comme le type maladroit persécuté.

Et puis un truc plus agaçant et plus pertinent que les autres, l'adolescence comme quête de l'embourgeoisement. Je ne m'attendais pas à ça mais c'est drôlement bien vu.
Le moche et l'arabe veulent être des petit bourgeois. Le moche veut ressembler à Loïc, le caïd blond qui s'habille comme 50 cent, et sortir avec Aurore, petite bourge catho de province qui ne supporterait pas que ses parents divorcent. Camel se prend pour un métalleux et aime Laura, la pimbêche, qui fait régner sa loi de fifille à papa dans la cour de récré. Plus elle le maltraite, plus il s'accroche dans une dialectique de classe et de race assez sordide, puisque les parents de son copain Hervé l'appellent "le petit arabe" et que lui et sa coupe de cheveux improbable ne sont pas invités aux soirées.

Comme si l'adolescence était ce moment ou l'on apprenait qu'il fallait s'embourgeoiser ou mourir, endosser son rôle de faire valoir ami des petites stars, être leur mascotte un temps peut être, ou se marginaliser.
Sattouf montre des petits lâches, touchants, marrants, mais lâches, qui choisiront de se cloner.
Déprimant pour une comédie.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Ce film est EXCELLENT vous voulez dire!!!