jeudi 2 juillet 2009

Whatever works de Woody Allen

+++ On va tous mourir (selon Maverick)

Je me demande comment Woody Allen fait pour rester en phase avec le monde en restant aussi imperméable à son évolution culturelle. Je me rappelle d'un quizz comédie musicale à l'occasion de la promo de Tout le monde dit I love you. Il était incapable de reconnaître une chanson de Grease. Son sport préféré, c'est le base-ball, soit le jeu le plus à l'ancienne qui soit aux Etats-Unis. Là, la télé diffuse un film avec Fred Astaire. Le héros nie tout intérêt à la dance music et veut réécouter Beethoven. Son pote va voir de vieux films japonais. La solution d'Allen pour pas passer pour un sale réac: mettre en scène des ploucs sudistes, incultes, racistes, armés et religieux devenant des assidus des vernissages new-yorkais. Mouais.

Et pourtant, son film est génial. D'abord parce qu'il y a New York et que Barcelone, Londres, tout ça, c'est bien gentil mais Woody Allen, ça reste Manhattan. Ensuite parce que le personnage principal, bien que pas très bien joué par Larry David, c'est Woody Allen (hautain, névrosé, cultivé et tout et tout). Aussi parce que c'est drôle. Et surtout parce que la première et la dernière scène, bien que pas franchement les plus subtiles de sa filmographie, offrent un point de vue cynique (donc réaliste) sur la vie que personne n'a le droit de ne pas partager.

A l'année prochaine Woody. Comme d'habitude.


Tout le monde dit "Woody" +++ (selon Ripley)

Woody Allen est à New York ce que le vin est à la France, ce que l'absence de démocratie est à la Russie, ce que Picasso est à l'Espagne. Une indémodable constante devenue un incontournable symbole. Comme j'aime les constantes et les clichés, j'étais rassurée par son retour à NY après sa balade européenne au bilan mitigé.

Alors c'est sur, Larry David n'est pas Javier Bardem. Mais Woody, il est bel et bien de retour.

Réalisateur fou, avec des moyens qu'on devine limités, qui laisse paraitre la lumière New Yorkaise, qui filme dans des parcs pas nickels et des arrières salles crades comme il y en a peu, un New-York redevenu de cinéma indépendant, parfait pour y voir des vrais New Yorkais fantasmés mais crédibles, un New York bloqué dans le temps de cette fin d'après midi dans laquelle il fixe le temps du cinéma.

Réalisateur enlevé, avec un film qui n'arrête plus de monter en régime. Passées 15 premières minutes laborieuses, ça rigole de part en part dans la salle. Ça fait bien longtemps qu'on ne dit plus humour juif ahkenaze new yorkais, mais Woody Allen. Seinfeld n'est pas dupe. Et ça ce n'est pas un cliché.
Woody Allen rythme, il est au théâtre, il enfonce les portes, fait sortir les parents du placard, sans aucune retenue, et c'est drôlement bien dirigé. Et puis c'est malin aussi, tous ces ploucs auxquels on finit par accorder notre sympathie, tandis que Woody Allen se détache de son double filmé cynique et casse-couille, qui est de plus en plus de trois quart et de moins en moins attachant à mesure que le film avance. Woody Allen est misanthrope mais contrairement à Michael Mann, il prend encore son pied à faire des films et c'est ça qu'il préfère mettre en lumière plutôt que son mépris de l'engeance humaine.

Enfin Woody Allen est un auteur unique. Il a son genre, son discours, ses blagues. Et sa fixette, qu'il triture de temps en temps, sur qu'est que c'est que "raconter une bonne histoire", sur tout le mérite qui est à rendre à ceux qui savent bien raconter les histoires, ceux qui savent divertir, ceux qui sont des créateurs. C'est un magicien qui n'a jamais hésité à mélanger le théâtre, le cabaret, la comédie musicale, le burlesque. Point de tarte à la crème dont on puisse s'absoudre pour que ça marche.
Et c'est dans ce capharnaüm amusé et délirant, où il n'hésite pas à faire dire "c'est parfois avec des clichés qu'on transmet le mieux une idée" qu'on comprend que Whatever works est un bon Woody Allen, digne de Deconstructing Harry, un de mes préférés, qui ne peut dissocier éloge de la création et peur de la mort. Mais qui le fait toujours avec infiniment d'humour.

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