jeudi 1 mai 2008

Iron Man, de John Favreau

Si vis pacem, para bellum. +++

Si l’Amérique est à la tête du monde, et du cinéma, c’est grâce, à cause et en vertu d’Iron Man.

Les américains se remettent en cause en permanence, font une analyse de ce qui est attendu et de ce qui a manqué à certains Marvell (analyse que je ne ferai pas car j’ai trop envie de parler du film en lui-même). Le résultat est qu’Iron Man est un film formidable, car à l’image de Cloverfield, la forme est en adéquation parfaite avec la ligne de force du fond, l’envie de faire toujours mieux.

“Is that better to be feared, or respected? I say, Is that too much to ask for both? demande Tony Stark pas encore Iron Man au début du film. Hollywood fait le constat d’un monde instable, où la realpolitik vit de belles heures.

Encore faut-il armer les gentils contre les méchants. Hors Tony Stark se rend compte qu’à l’intérieur de sa société (Stark Industries), ce n’est pas toujours le cas. Il décide donc, parce qu’il a aussi l’envie de créer la plus chouette armure qui soit depuis les chevaliers du Zodiac, de rétablir l’équilibre.

Tony Stark est un ingénieur brillant, un coureur, un Robert Downey Jr., un salaud très beau, égocentrique et sans famille et ça lui va très bien. En guise d’apport affectif, il a une assistante géniale (Gwyneth Platrow), qui lui est dévouée.

Sa supériorité n’est pas d’avoir besoin de personne. Elle consiste à faire mieux qu’avant. Comme le film, le « héros » pousse ses limites. Ses limites physiques (en testant tout sur lui), comme le film pousse les limites graphiques du genre (scène de chasse entre Iron Man et les deux chasseurs de l’armée américaine). Ses limites intellectuelles (comme le film aborde frontalement la question de l’utilisation des armes « conventionnelles » sur les populations civiles). Ses limites morales, il s’agit tout autant pour Tony Stark de réussir que pour Favreau de nous donner autre chose que ce qu’on avait vu jusqu’ici.

D’où des personnages ambigus : Le méchant, arriviste et violent certes, mais on est obligé de se souvenir qu’il s’est fait tout seul (lui) et a vécu sa vie dans l’ombre du génial ingénieur de bonne famille. Ce n’est pas un hasard si au tout début du film, il reçoit une distinction honorifique à la place du play boy trop occupé au Casino. Il y a des gens qui ont besoin de la reconnaissance des autres. J’aime assez l’idée que les choses ne sont pas simples. J’aime aussi le constat que le seul moteur attendu et prévisible c’est l’avidité, et que celle-ci est transnationale.

C’est donc un film furieusement honnête même si son propos est farfelu comme toutes les histoires de Comics. Car il dit que la prouesse est la conjonction de la volonté, de l’entêtement, et que le dépassement de soi, est avant tout un processus psychanalytique pathologique qui veut qu’une homme exige d’être meilleur que tout le monde et que lui-même.

J’ai toujours pensé que les Comics étaient des paraboles, plus ou moins hasardeuses. C’est un peu comme la bible, ça dépend de l’auteur, de la période et de la datation (lecture par rapport à tel ou tel événement) qu’on en fait.

Iron Man est une parabole irrévérencieuse, car écrasante de supériorité, de la domination américaine sur le monde, de l’instabilité de celle-ci aussi. Car L’Amérique comme Tony Stark vit avec ses contradictions parfois anciennes, et surtout, n’agit avec talent que lorsque son bien être est indissociable de celui du reste du monde, une nature universaliste autrefois prêtée par De Gaulle à la France.


Pour écouter la chanson des Black Sabbat Iron Man, qui s’intègre à merveille dans la BO :

http://www.deezer.com/#music/result/Iron%20Man

Aucun commentaire: