jeudi 1 mai 2008

Mongol, de Sergeï Bodrov

Héros malgré lui. ++

Genghis Khan est à l’Asie de qu’Alexandre le Grand est à l’Europe. Un visionnaire pour les uns, un tyran pour les autres. Il est en tout cas un être d’exception qui eu l’idée d’unifier son peuple et de conquérir le monde, imposant une loi simple et un sévérité sanguinaire pour arriver à ses fins. On ballerai bien le débat d’un « autres temps autres mœurs », rappelant au passage que le reste du monde n’étais pas exempt de barbarie. C’est pourtant plus complexe que cela.
Car Genghis Khan est montré ici comme ce type remarquablement intelligent qui a compris la nature humaine et le fait que la loi ne s’impose pas par la force du discours.
Un thème qui revient souvent ces temps-ci (Iron man, 10 000, 300), décidement.

Le traitement de la vie de cet être adulé par les uns et hait par les autres pose un autre problème. Genghis Khan n’est pas qu’un chef de guerre, c’est une légende. Et il est bien difficile de se défaire des légendes. Bodrov fait ça plutôt bien en s’attardant sur l’enfance de Temujin (Genghis Khan petit), ballotté dès son plus jeunes âges dans les affres de la fragilité du pouvoir car la mort précoce de son père-chef de clan fait de lui un enfant puis un jeune homme à abattre.

Dans ces longues péripéties d’enfance dangereuse on voit bien la formation de l’homme, ce qui contribue à faire tomber la légende. La puissance volontairement donnée à la petite histoire (l’amour de Temujin pour sa promise puis épouse et leur motivation à venir se sauver l’un l’autre régulièrement) fait le même travail.

Et il me vient l’envie de citer l’accroche de l’affiche d’Iron Man « ce n’est pas l’armure qui fait le héros, mais l’homme qui est à l’intérieur ». On nous rabattu de parcours initiatiques, mais celui - ci l’est vraiment, car il est incertain, plein de ralentis et de plans séquences comme autant de moment de formation. Temujin, comme Alexandre, échappe à milles morts, et subit son héroïsme et son envie de vivre, conséquence de quoi il dirigera le monde qui ne tolère pas les demi mesures

Le propos de Bodrov, c’est l’histoire de l’homme qui a une vision. Non par parce que le héros hallucine parfois d’un loup. Mais parce que la seule valeur qui différencie son appréhension du monde est la hauteur et l’ampleur de sa vision. On le voit à travers sa stratégie militaire (trop rare mais étonnantes scènes de bataille façon Western), on le voit à travers les travellings sur les étendues parcourues (magnifique Mongolie filmée au Khazakstan et en Chine). « Un mongol vit à cheval » dit un enfant à Temujin. Temujin est le seul qui traverse la steppe à pied en courrant car il n’en à pas vraiment le choix. Du coup, il se fond dans les éléments, et finit par les maîtriser.

Je croyait le biopic linéaire définitivement condamné, mais Mongol s’en tire bien. Grâce au dépaysement absolu d’une part. Grâce à une foule de bonnes idées d’autre part, dans les batailles (double sabre), dans la manière de filmer (il impose des gros plans, casse le rythme volontairement pour forcer le spectateur à s’appesantir avec les protagonistes), et dans l’interprétation. Le souci du détail, des rapports humains évitent au film le travers du film spectacle attendu.
Je ne sais pas si c’est très moral cette apologie du destin comme un absolu, mais c’est efficace. A l'époque ou l'individu n'existe pas, c'est en tout cas défendable.

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