lundi 27 avril 2009

Dans les brumes électriques, de Bertrand Tavernier

Born On The Baaaaaaaaaaaaaaaaaaaayou! +

Dans la brume électrique est un bon film des années 90 '. Bien mis en scène, bien casté, bien interprété. Tavernier tente et réussi le pari du thriller sudiste. Moite et efficace. A notre échelle, cela vaut son pesant de cacahouètes, car peu de réalisateurs français sont capables de tenir un rythme, un public en haleine, et que même aux États-Unis, ça se perd. Trop de réalisateurs sous estiment la rigueur et l'inventivité que cela requiert d'attraper les spectateurs par le bras et de les garder tout contre soi pendant une enquête. Depuis Usual Suspect, le spectateur est méfiant, et il en faut peu pour s'en faire un ennemi. On est drôlement ici mieux que devant la Fille de D'Artagnan.

Il existe une légende urbaine qui veut que les français, loin de chez eux, se lâchent. Généralement ça donne des tessons de bouteilles dans des sites paradisiaques, et des chants paillards dans des auberges de jeunesse. Ici ça réussi clairement à Tavernier qui en retire une certaine intensité; là ou ça devient très intéressant, c'est que ça lui permet de tenir un propos extrêmement métaphysique, peu pensable dans un contexte hexagonal, sur le bien et le mal. On se retrouve, pour la première fois depuis longtemps, à prendre fait et corps pour le reniement de la justice des hommes. Là où Clint Eastwood et Ben Affleck posent des questions sur la confrontation de la morale aux règles établies censées garantir la pérennité du groupe, Tavernier balaie d'un revers de main les objections légalistes pour faire triompher le Bien. On peut ne pas être d'accord mais c'est un prise de liberté suffisamment rare pour être remarquée.

Alors voilà, moi, la Louisiane du Bayou Cajun, les noirs en salopette avec un bretelle fermée, les femmes du sud sexuellement en demande permanente, les bateaux à hélice, les gros mafieux blancs méchants, et les séances de blues sur le perron, ça a tendance à m'énerver. Tavernier est à fond là-dedans (notamment grâce à une très belle BO), et nous rajoute des tonnes de Katrina pour nous raconter que la Louisiane est le pays de la mélancolie universelle qui se renouvelle à chaque Ouragan. C'est donc une carte postale pas trop déplaisante, même si c'est une carte postale.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

pourquoi pas:)