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Sweeney Todd pose la question d’un changement bien plus radical qu’il n’y parait dans la carrière de Tim Burton. Première raison à cela, Sweeney Todd est une tragédie.
Et si la force du film, c’était d’emmener le spectateur malgré lui vers les différentes expiations, à commencer par celle de notre irrépressible envie de happy end ? Et de faire ainsi agir la fonction cathartique de la tragédie ? Car Sweeney Todd nous jette à la figure notre propre indécence, qui voudrait que le tueur en série s’amende, ou pour le moins qu’il accomplisse sa vengeance (la tragédie n’est pas le lieu de la loi des hommes), qu’il échange une accolade avec sa fifille, tout en niaiserie et en blondeur. Or ce n’est pas possible car le mal est fait avant que le film commence. Rien ne nous permet d’éprouver de la compassion pour Sweeney Todd ni pour les autres.
Si c’est le cas, on ne peut pas reprocher à Tim Burton d’évoluer vers une vision de l’humanité plus noire et plus prédestinée.
Je reste cependant persuadée que Tim Burton est moins bon dans la tragédie que dans le conte. Son cinéma perd en force ici. A cause du livret et de la musique de la comédie musicale adaptée de Stephen Sondheim qui sont un peu faibles peut-être. Mais pas seulement. Car Tim Burton excelle à chaque fois qu'il se fait le conteur et le poète des montres, et l'incroyable galeries de personnages de Sweeney Todd est un sacré musée des horreurs.
Pourtant est absent ici un des moteurs romanesques, esthétiques et essentiel à l'oeuvre de Tim Burton. LA capacité à triturer l'étrange et les monstres (L'etrange Noël de Mr Jack, Sleepy Hollow, la légende du cavalier sans tête, Batman, Edward aux mains d'argents, La triste fin du petit enfant huître), non avec tendresse, mais dans une démarche de recherche d'éléments d'humanité qui touche le coeur du spectateur que je suis.
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