vendredi 20 juin 2008

JCVD, de Mabrouk el Mechri

Staritude volontaire +++

C’est un film qui surprend beaucoup en dépit du magnifique Teaser ou l’on voyait Van Damme se pointer pour l’audition du film. On était déjà dans la confusion la plus totale. JCVD est un OVNI comme on l’a beaucoup dit, un OVNI du film francophone. La première raison n’est pas le sujet : la fausse vie d’une vraie star déchue qui se retrouve dans une prise d’otage en Belgique. La première raison est la conjonction des qualités rythmiques et scénaristiques de film.

Et là on dit bravo.

Voilà un film qui avance, qui attrape le spectateur immédiatement par une scène de tournage de film d’action, ou l’acteur vieillissant est traité comme de la chair à canon. Et c’est furieusement intelligent car tout est dit. Un film dans le film, mise en abîme du faux, un faux JCVD, un faux Hollywood, un faux commissaire, pour raconter une histoire à dormir debout et crédible. Ce qui pourrait arriver à une star vieillissante, abandonné de tous, dont les films font des sorties DVD en Asie du sud est uniquement.

Tous les seconds rôles sont formidablement interprétés, et Jean Claude Van Damme est touchant. Quand El Mechri prend la liberté de le filmer en gros plan, arrêtant le temps de la narration, pour un monologue qui dure 10 minutes, on est scotché par la profonde humanité de cette ex star du box office qui bénéficie d’un capital sympathie gigantesque. La réalité se confond totalement avec la fiction et le spectateur est ému.

C’est sympa de se souvenir que bien des choses, un charisme, l’attachement des gens pour une figure, un acteur, échappent à tout contrôle promotionnel, et que les fans sont là, à soutenir ce garçon dont tant de gens se moquent. Alors oui, les gens aiment les faits divers, glauques de préférence, et une prise d'otage a de quoi les réjouir, mais il y a dans la représentation des « autres » dans le film, les policiers, les tenanciers du vidéo club devant lequel JCVD s’arrête, avant d’entrer dans la banque, et la foule des gens massés pendant la prise d’otage, quelque chose de joli qui dépasse les aléas du box office.

Les stars sont nos choses, les médias les mettent au pilori et la presse people les achève. Malgré tout la star imprime quelque chose avant de disparaitre dans les affres de l’oubli; la pellicule c’est la rétine, qui retient pleins de choses, et en garde une impression, un sentiment ; ici une empathie.

Je me suis posé la question de la couleur de l’image, volontairement sépia, très saturée, belle en fait. Caprice de réalisateur ? Après quelques jours, et après avoir revu, Alien Résurrection de Jeunet, et un épisode des Envahisseurs, je livre mon interprétation : cette histoire ne se passe ni dans un film ni dans la vie, elle se joue de la réalité en superposant des niveaux véracité qui jouent avec le spectateur. Choisir une couleur de film c’est rappeler que c’est un récit, mais comme c’est une couleur batarde, cela accentue l’effet coincé entre deux dimensions, entre deux espaces temps, et donc entre deux réalités.

Bref, ce monsieur El Mechri est malin, pas dénué d’humour, on a envie de voir ses prochains films.

Aucun commentaire: