Du pain et des jeux - - -
Pour l’instant c’est de très loin le plus mauvais film de l’année.
Je plains ceux qui ont financé en payant leur place le délire mégalomane de Kusturica, qui se filme pendant 2 h 00 à rire aux blagues et à kiffer les accolades d’un dieu vivant qui est devenu grâce à ce film son pote : Diego Maradona.
Kusturica partage avec Maradona une mégalomanie sans borne (voir l’affiche), et il se rend hommage tout seul (on y pense pas assez à faire un film pour se rendre hommage à soi même) en ponctuant le documentaire d’extraits de ses films. Il partage aussi avec lui un manque d’esprit critique sans limite, car il n’y a pas d’interviews mais des monologues de Maradona, qui dit ce qu’il veut, sur la politique, la drogue, la mafia, se justifie de tout sans trouver aucune répartie et il faut lui pardonner car il est un Dieu vivant en Amérique latine.
« Aux Dieux on pardonne tout » assène Kusturica, c’est beau la rédemption quand même. Sauf que si l’Amérique Latine a encore des dieux, c’est parce qu’elle est pauvre et corrompue, mais le film s’échine à dire que c’est la faute des américains. Les copains de Maradona, les Chavez, les Castro, eux ils ont les mains blanches, le cœur pur, c'est Maradona qui le dit.
Kusturica reprend le but argentin contre l’Angleterre comme un leit motiv du film, sur fond de Sex Pistols, et le passe en boucle, comme si l’Argentine, par le foot, avait vaincu Thatcher,
L’Argentine n’est pas qu’un repère du cul-terreux illettrés portés aux nues par des footeux dégénérés avides de bimbos qui traitent les joueurs de pédés (c'est Maradona encore) quand ils ne jouent pas comme il faut.
La foi n’y joue certainement pas sur le terrain de la raison, comme le montrait le poétique « Camino de San Diego », ou un fan hystérique abandonnait femme et enfants pour aller soutenir son idole : Diego Maradona.
L’Argentine a une culture populaire belle, riche, tourmentée, de Mercedes Sosa à Ernesto Sabato, n’en déplaise à Kusturica et à Manu Chao, occidentaux inconsolables de leur naissance privilégiée. La haine de soi est dans limite, et les mythes, parfois, sont monstrueux.
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