mardi 5 mai 2009

Gran Torino, de Clint Eastwood



++ Plus on est vieux, plus on est con?

Gran Torino rend triste.
Parce que Clint Eastwood y apparaît plus vieux que jamais. Du coup, on réalise qu'un jour, il va mourir. Et pire, arrêter de faire du cinéma. Hollywood perdra alors son tout dernier monument.
Un vieux qui donnerait presqu'envie de voter Républicain.
Un vieux qui arrive à rendre touchant même un raciste ronchon.
Un vieux qui n'a qu'à serrer les mâchoires pour faire fuir un gang armé.

Car à part sa Gran Torino et sa femme, son personnage Walt Kowalsky n'aime pas grand chose. Comme la première ne sort pas du garage et que la seconde vient de rendre l'âme, il ne lui reste plus que la bière et son chien. En plus, ses voisins chinois ressemblent quand même pas mal aux Coréens qu'il a descendu 50 ans plus tôt...Le vieil asocial au cœur brisé et à la mémoire meurtrie, c'est un peu comme une action EDF. Une valeur sûre.

Ça démarre bien. Les vannes xénophobes de Walt, la façon dont il envoie chier un prêtre ou couche l'impudent qui a mis un pied sur sa pelouse a quelque chose de jubilatoire. C'est connu, les vieux n'aiment pas le changement. Walt, faut pas l'emmerder. Il ne comprend pas pourquoi son quartier passe du blanc au jaune ou pourquoi son pays aurait besoin d'évoluer. Il voudrait que comme sa Ford, bien à l'abri sous sa bâche, tout reste comme avant. Comme dans les années 70 à l'époque de l'incontestable domination de l'industrie américaine. Avant le règne des voitures japonaises et du made in China.

Chez Eastwood, les scènes s'enchaînent toujours avec maîtrise. Même quand le prévisible arrive et qu'il se rapproche de cette famille chinoise, Gran Torino reste efficace. Ses films sont comme ses épaules : carrés. Des épaules de héros. D'ailleurs, Clint (j'aime bien l'appeler comme ça, j'ai l'impression de le connaître) ne peut s'empêcher d'entretenir le pénible mythe de l'Homme blanc à la rescousse des gentilles minorités opprimées (faut dire que Walt a pas mal à se faire pardonner). Mais il est aussi l'un des premiers cinéastes occidentaux à dépeindre des Asiatiques intégrés. Ni victime, ni pro du kung-fu. Certains appartiennent même à un gang. Preuve extrême d'une immigration réussie.


Maverick

1 commentaire:

blondin70 a dit…

Bonne analyse de cet excellent film de Clint...
Nous aussi sur le site et le forum qui lui sont consacrés nous l'appelons très souvent "Clint" tout simplement...
Venez nous y rejoindre :
http://clintophiles.les-forums.com/forums/
http://eastwoodclint.free.fr/index.php